Les terres sauvages...
Un endroit plutôt ''charmant'', fallait-il avouer. Tezcatlipoca supportait d'errer dans cet endroit pour une seule et bonne raison: nostalgie. En effet, les terres sauvages lui rappelait d'une façon curieuse les premiers peuples d'amériques. Bien qu'ils aient l'air un peu retardés et moins avancés que l'avaient été ses précieux Aztèques, le fait de voir des hommes et des femmes vivre ce mode d'existence reculés rappelait au Miroir Fumant son importance d'antan. C'était là un souvenir à la fois réconfortant mais douloureux. Il savait que ces gens n'était pas ses croyants, qu'ils n'étaient pas Aztèques. ni Mayas, ni rien d'autre de ce genre... Ici, ce n'était pas la vieille capitale Tenochtitlan. Ce n'était guère le Douzième Ciel, Teteocan, là où il vivait autrefois. Ce n'était que les terres sauvages, semblables et à la fois étrangères.
Tezcatlipoca grimaça. Il devait absolument arrêter de penser à tout ça. Les Aztèques avaient disparus. C'était terminé, kapout. Il n'était que l'ombre du dieu qu'il avait été. Plus personne ne le priait. Lorsque les Ciels ou résidaient les dieux étaient tombés après l'anéantissement des civilisations mésoamériquaine, tout n'avais été qu'un grand tourbillon de poussières colorés, puis ç'avait été le néant. Combien de temps était-il resté dans le noir? Il ne le savait pas. Peut-être 1 an, peut-être des milliards d'années. Mais un jour, il était réapparu, comme ça, sans raison. Mais il était seul. Aucune trace de Xipe Totec, de Mictlantecuhtli ou même d'Ometeotl, le dieu suprême. Peut-être avait-il été le seul à ''survivre'', aussi...
Le sort faisait parfois bien les choses... Il avait exilé sa petite soeur bien avant la destruction de son monde. Celle-ci avait peut-être bien échappé à tout cela. Peut-être que le grand tourbillon qui avait rasé les Ciels l'avait épargné, puisqu'elle ne pouvait plus y retourné. La dernière fois qu'il l'avait vu, elle était debout, sur un radeau de serpents, et partait loin. À cette époque, il avait jubiler de sa victoire. Il avait enfin été débarassé de Quetzalcoatl... Cependant, depuis quelques longues années de solitude, il s'était surpris une ou deux fois à espèrer qu'elle soit toujours là. Mais il s'était repris! Une claque dans la figure et les pensées retournaient dans le bon ordre! Enfin bref...
La plupart des sauvages résidant dans les Terres Sauvages le laissait tranquilles pour deux petites raisons. L'une d'elle était que la première fois ou un groupe d'homme avait tenté de l'attaquer, il l'avait fait cramer sur place à l'aide de ses flammes noires. Le groupe qui suivait s'était agenouiller pitoyablement devant lui en baragouinant des mots, puis s'étaient enfuis. La journée d'après, puisqu'il avait décidé de squatter un bout de forêt pour piquer un somme contre arbre, il s'était réveillé avec une offrande à ses pieds. Un lapin mort et des fleurs... C'était ridicule. Il n'en voulait pas, de lapin mort! Encore moins de fleurs! Il voulait des sacrifices humains, chauds, visqueux et palpitants coeurs! Il voulait qu'on lui offre encore des vierges comme épouses pour se détendre! Et EUX, ces ABRUTIS de retardés, lui offrait un animal mort??? Il avait tenter de leur expliquer ce qu'il attendait d'eux comme présents, mais la pluparts d'entre eux ne parlaient même pas la même langue. Il avait essayer avec du nahuatl, mais sans succès. Il avait alors abandonné et avait continuer sa lonnnngue promenade dans les terres sauvages.
Ah oui! La deuxième raison pour quoi on lui fichait la paix! Ayant perdu énormement de puissance, il aurait été stupide de se promener sans armes supplémentaires. Ainsi donc Tezca avait prit l'habitude, sous sa forme divine, de trimballer des armes de son peuple: un macuahuitl, une sorte d''épée'' se résumant à être une plaque de bois avec un manche pour la tenir, et ou il y était insérée des lames d'obsidienne tranchantes. Il avait également une dague d'obsidienne à porter de main. C'était toujours utiles! Et il ne fallait pas oublier de dire que sous sa forme de divinité, il mesurait bien plus grand que les hommes les plus grands des terres.
Mais aujourd'hui, ce n'était pas une journée ordinaire. Tezcatlipoca marchait dans une direction pour un but précis. Il avait ressenti, quelques heures plus tôt, une minuscule vague de pouvoir, semblant à un echo. Cela venait de loin, et cette magie lui semblait très familière. Il s'était donc décider à courir vers la source de cet énergie divine qu'il semblait connaître sous le bouts des doigts. Cela sonnait comme un chant, comme un appel à ses oreilles. Il voulait savoir qui ou quoi projetait dans l'espace ces tous petits fragments de puissance. Au début, la curiosité le subjugua, remplacer par une sorte de jalousie. Lui aussi, il aimerait retrouver sa puissance d'autrefois!
Et puis, alors qu'il touchait au but, le chant magique qui sifflait dans sa tête s'arrêta, en même temps que le soleil rouge disparaissait derrière la plus lointaine colline. La nuit s'installa, et le bruit des animaux nocturnes aussi. Dans les ténèbres, Tezca n'était qu'une ombre, indétectable pour les yeux humains. Cependant, la lune continuait à faire paraitre une sombre silhouette, grande et inquiètante, ainsi, malgré tout, il restait visible à cette lumière de nuit. À travers les branches des arbres, les filaient lunaires se tendaient, éclairant une partie de son chemin. Le dieu n'avait plus besoin de ressentir l'echo de la magie. Il sentait que la source elle-même se rapprochait de lui. Les battements de son coeur se firent plus rapides, inexpliquablement. Son corps réagissait seul, comme par vieille habitude, à la magie des peuples mésoamériquain.
Drappé de volutes de flammes noir d'encre, Tezcatlipoca se mit à l'abri dans l'ombre d'un arbre. Il brulait, et ce au sens propre, de jalousie. Puis, dans un rayon de lumière bleutée de lune, il vit la silhouette verdatre s'avancer.
Quetzalcoatl...
Son coeur s'arrêta de battre un instant. Il se demanda alors si ce n'était que le fruit de son imagination, un fantasme refoulé sous forme de fausse image. Il cligna des yeux 1, 2, 3 fois, mais elle était toujours là, à marcher. Le dieu se concentra un moment, fouillant les alentours de ses perceptions magiques, et ne trouva en Quetzalcoatl qu'une infime partie de puissance. Elle était faible, elle aussi...
Habituellement, il aurait dut oublier sa rancoeur et sa jalousie, marcher vers elle et enlacer ainsi le dernier membre de sa famille, mais il n'en fut rien. Sa colère, ses désirs, sa jalousie et son envie pour sa soeur étaient immortels, tout comme lui!
Il bondit de sa cachette, comme le jaguar par lequel on le représentait, et fonça sur sa cadette, les flammes noires lui collant au basques. De deux mains d'aciers, et grâce à l'effet de surprise, il lui saisit la gorge pour la plaquer contre l'arbre le plus proche. Il ne serrait pas... Il l'a tenait fermement, tout simplement. Il la scruta intensement de ses yeux dorés, comme pour juger de sa réalité.
C'était elle. Oui, c'était vraiment ELLE! Il ouvrit la bouche, presque avec crainte, et souffla d'une voix qu'il aurait voulu plus dure:
- Quetzalcoatl...
Son ton était trop mou, trop faible à ses propres oreilles. Ses mains, ses bras, et tout le reste de son coeur, étaient pris de légers tremblements de nervosité et d'émotions contradictoires. Tezca ne voulait pas avoir l'air idiot. Il força son ton à se durcir et continua, la tenant toujours:
- Tu oses remontrer le bout de ton nez...
Il fallait qu'elle réponde...Il fallait qu'elle se souvienne, qu'elle ne soit pas un mirage.