Sweet Sacrifice #Arès #

Fuir.

Encore et toujours, vivre à cent à l'heure, et courir pour sa propre survie. De la buée sortait d'entre les lèvres de Cathleen, au rythme de sa respiration effrénée. Ses hauts talons, pas très pratiques pour quiconque n'avait pas l'habitude de courir avec, frappaient le sol de pierre d'une rue pavée, et l'écho ne jouait pas en sa faveur... Rapidement, le bruit de sa course folle fut rejoint pas le pas lourd de ceux qui la poursuivaient. Il étaient plus d'une vingtaine ; la moitié était lourdement armée, la seconde ne cessait de psalmodier des choses étranges, d'une voix grave.

Un simple caillou lui sauva la vie, alors qu'elle perdait l'équilibre après avoir marché dessus. Cathleen poussa un couinement de surprise, et de cette terreur sans nom si jamais elle tombait et se faisait rattraper. Au lieu de cela, une boule de feu lui passa au-dessus du crâne, ne lui brulant que quelques cheveux au passage.

Cathleen redoubla d'effort pour aller plus vite. Une main tenait fermement son haut de forme, l'autre pressait la bandoulière de sa besace. L'irlandaise ne pensait qu'à une chose en cet instant : courir. Elle ne réfléchit pas une seconde qu'elle pourrait faire volte face, les paralyser pour être tranquille. Non, la presque maîtrise de sa magie était trop récente pour devenir un réflexe. Fuir, par contre, cela faisait trop longtemps qu'elle le faisait.

Un prêtre de l'Enklaster Aferus hurla son nom, derrière elle. Le Père Supérieur ! C'était bien sa veine ! Que faisait le vieil homme dans cette traque ? Cathleen ne se retourna pas. Pire : elle ne comprenait pas pourquoi ils persistaient tant à vouloir la capturer. Leurs tortures n'avaient-elle pas prouvées qu'elle n'avait pas été transformée en vampire ou en démon ? Son attitude exemplaire au Couvent ne suffisait-elle pas à confirmer qu'elle était un exemple même de pureté et de soumission ? Pourquoi tant d'acharnement ?

Son esprit la rappela gentiment à l'ordre : Fuis.

Et son corps obéit.

La matinée était fraiche, et les rues du village étaient encore désertes. La course de Cathleen l'amena rapidement aux rizières où les femmes travaillaient à planter les pousses dans l'eau. Quelques unes relevèrent la tête, surprise de voir cette jeune fille qui avait si gentille courir comme si elle avait le diable aux trousses. D'ailleurs, en voyant des hommes d'Eglise après elle, les femmes réagirent au quart de tour... Et baissèrent la tête pour continuer leur dur labeur. Mais Cathleen ne s'en offusqua pas. A-t-elle seulement vu leur réaction..?

Les rizières laissent place à des champs de maïs, et la jeune fille espère sincèrement que les magiciens ne vont pas saccager les récoltes juste pour l'attraper. Elle profite de l'abri tout relatif des hauts épis de maïs pour faire une très courte pause, le temps de reprendre son souffle. Erreur fatale, car les combattants de l'Eglise et de l'Enklaster ont vite fait de gagner du terrain.

La champ prend rapidement fin, et voilà que Cathleen déboule sur un terrain en jachère. La terre est molle, et pas pratique pour courir avec ses talons aiguilles. Le Père Supérieur crie à nouveau son nom, et cette fois, à bout de souffle. Les invocations des prêtres donnent enfin la lucidité nécessaire à l'irlandaise pour qu'elle se retourne, main tendue vers eux, et qu'elle ne crie un "potS !" qui va les arrêter net. Cathleen tremble, épuisée par sa course, et le manque de sommeil. Essoufflée, elle dévisage les soldas qui lui courent après depuis trop longtemps. Elle doit repartir. Elle devrait, n'est-ce pas ?

 - Tu sais que nous ne te voulons aucun mal, Cathleen.

Des larmes coulent sur ses joues, alors qu'elle a un rire nerveux.

- Je vous demande pardon ?"
 - Cathleen, tu seras en sécurité, au couvent. Ici dehors, tu es un danger pour tout le monde, et surtout pour toi même.
- Vous allez de nouveau m'enfermer... ?"
 - ... Oui."

Cathleen gémit, et se tient la tête à deux mains. Non ! Elle ne les laissera pas faire. Son sort de paralysie commence à disparaître, alors qu'elle crie :

- Je ne suis pas un monstre ! Êtes-vous donc devenu aveugle, Père Supérieur ? Je ne suis pas..."

Elle crie alors qu'un coup de vent la reverse au sol, et qu'un simple filet jeté entrave ses mouvements. Idiote ! Cathleen n'entend rien du sermon du Père Supérieur, alors que son esprit affolé tente de trouver quelque chose pour se sortir de cette situation désastreuse. Cela finit en une série de mots prononcés à l'envers, sans même qu'elle ne s'en rende compte...

- Seigneur Dieu Tout Puissant, je vous supplie ! Venez moi en aide ! !"

Faire Face.


Les cérémonies! L'heure était enfin au plaisir des sacrifices et des offrandes, le plus beau moment sur Olympe, le moment ou toutes les prêtresses cèdent leurs charmes aux Dieux, ou aucunes ne peut se refuser, ou aucunes ne peut décliner les avances lubriques des Divins. Arès était tout sourire, devant la porte de son temple, regardant la parades des belles, jetant des fleurs, riant aux éclats, sautillant, jouant. Elles allaient toutes offrir aux Dieux, des sacrifices, des animaux, des plantes, tellement de choses inutile, mais bon, il fallait bien en passer par la, avant de connaitre les orgies de la nuit. Un rire s'échappa des lèvres du guerrier, tandis qu'il avança lentement, retournant dans son temple dans l'attente de toutes ses demoiselles, toutes plus brulante que le mont Vésuve lui même.

Chaque année, c'était la même histoire, il allait devoir attendre des lustres, que le Vieux fasse son discourt, qu'il remercie toutes les divinités, qu'il remette les lauriers aux plus "gentils" de ses enfants, et comme chaque année, Athéna et la fofolle Apollon tireraient les acclamations des foules. Stupides et ignorants, mais qu'importe, Arès lui, avait fait de cette fête là, une nouvelle méthode de sélection naturelle parmi les nouvelles prêtresses, qui avaient encore la chance de ne pas connaitre le sombre guerrier.

Les heures avaient rapidement défilées, et enfin, les prêtresses faisaient le tour des temples, demandant aux divins si ils avaient besoin de rien... Arès jubilé, et il approcha, d'une manière presque théâtrale, de l'entrée de son temple, sa tenue de guerrier, qui avait toujours tendance a faire fondre les plus novices. Mais alors qu'il n'est qu'a quelques pas de toutes ses muses des plaisirs les plus fou, son corps se met a briller, d'une lumière intense, puissante. Ses mouvements sont soudain arrêté, et avant qu'il ne puisse tenter quoi que ce soit, il disparait peu à peu de son temple, sous le regard médusé des Prêtresses...

"Maudits....."

La lumière semble exploser, et le Dieu disparait d'Olympe, pour réapparaitre dans une étendu étrangère, mais qui lui semble familière.

"....Mortels"

Il fulmine, il rage, et ses yeux cherchent la cible qui est à l'origine de cette incantation!!! Mais sa main se mets alors a bruler, et y posant ses yeux azurs dessus, il s'aperçoit de la marque de possession. Comment quelqu'un avait il eu suffisamment de pouvoir pour l'invoquer lui, et surtout lui placer une marque de possession sur la main. Ses yeux trouve alors une silhouette, qui tente de se débattre dans un filet. Il s'approche, levant les entraves, et prend la forme par les épaules, pour la soulever a sa hauteur. La chute fut rude pour lui, alors qu'il découvre une pauvre mortelle, qui pleurniche de surcroit, et qu'elle est à l'origine d'une orgie ratée sur Olympe!

"J'espère pour toi, stupide mortelle, que tu as une bonne raison de m'avoir fait manqué ma féte! Je ne sais pas comment tu as réussi ton exploit mais...."

Le coup le frappe dans le dos, et il s'étonne de voir le sol rapidement défiler sous ses pieds, avant de heurter un rocher de plein fouet... La douleur... LA DOULEUR?!... Il se redresse lentement, pivotant pour trouver le coupable, et voit tout un attroupement de mage, de guerriers, et... D'anges!... Il déteste les anges. Il y en a trois, et pas des petits chérubins... Non non... Ils avaient eux aussi invoqué du lourd... Posant les yeux sur l'humaine, qu'il se devait maintenant de sauver, au risque d'être envoyer vers le tartare pour non retour d'invocation, il se demande encore comment une si chétive, avait eu assez de puissance pour l'invoquer lui.

"Tu pouvais pas emmerder Zeus plutôt?!"...

Soupirant, il se tourne alors vers les trois blanc becs,avec leurs ailes. Levant une main face a eux, il sourit.

"Allé, finit de jouer..."

Il rit, et ecarte alors d'un coup ses cinq doigts pour qu'enfin!!!.... Enfin?!!!.... Rien...

"Certes..."

Le coup de masse de l'ange le reprend en plein visage, et de nouveau il se retrouve au sol. Elle avait échoue son invocation, n'avait pas réussi a libérer toute la puissance du sort, signe qu'elle ne maitrisé que peu ses pouvoirs... Non content d'être tombé sur une humaine, il etait aussi tombé, sur la magicienne du cirque ZAPATA!!!... Mais qu'importe, il allait devoir la sortir de là. Pour l'heure, la fuite etait la meilleur des solutions...

"J'espère que jamais personne n'entendra cette histoire...."

Se levant, il courut, prenant l'humaine par le bras, la tirant alors dans sa course folle, n'oubliant pas au passage d'en coller une a l'abrutit d'ange.

"Maintenant, Idiote, COURS!!!!"

Cathleen sent quelque chose. Ce picotement devenu familier, qui lui brule le bout des doigts, alors qu'elle trouve les Mots et la Volonté. Et sa volonté, elle l'exprime comme un souhait. Après avoir vu les anges apparaître derrière les prêtres, elle imagine qu'il lui faut une personne. Quelqu'un de fort, qui pourra la protéger - non, qui devra la protéger. Quelqu'un qui ne connaitra pas la peur face à ce que les prêtres pourront invoquer eux aussi. Quelqu'un qui...

La brulure de ses doigts, le vertige qui commence à la prendre, et la nausée alors qu'elle utilise trop de pouvoir, l'empêchent de continuer davantage. Cathleen baisse les mains, craignant s'être épuisée pour rien. Mais une ombre se dresse, et semble... En colère, oui. L'irlandaise cligne des yeux, et tente de se redresser, pour apercevoir un peu plus qu'une simple ombre en contre jour. Elle a réussi ? Ou n'est-ce qu'un heureux hasard que cet homme se soit dressé entre elle et les prêtres après elle ?

D'un geste furieux, il la débarrasse du filet qui l'entrave, et la soulève comme si elle ne pesait rien. Un gargouillis étranglé, sans doute terrifié, sortit de sa gorge lorsqu'elle croisa enfin ce regard qui aurait pu la tuer sur place. La situation actuelle la dépasse. Cathleen ne comprend pas ce qui se passe, qui est cet homme qui parle de "fête ratée", qui l'appelle "mortelle"... Ou plutôt, elle ne veut pas comprendre ce que son imagination débordante lui souffle. La raison demande : "Pourquoi parle-t-il de Zeus ?" La terreur lui hurle : "Tu as invoqué un Dieu d'ici !!"

La tête de Cathleen lui tourne un peu, tandis qu'elle se sent nauséeuse, vidée de son énergie magique. Ca lui fait un sacré creux dans l'estomac... "L'homme" semble si sûr de lui qu'elle ne peut que lui faire confiance... Même s'il ne se passe rien de ce qu'il semblait escompter, et qu'il se prit un coup de masse d'un premier ange. Un second arrive par derrière, et Cathleen tend la main, murmure le Mot, déploie sa Volonté, pour que son adversaire ne se cogne à un mur invisible.

Dieu ! Mère serait dans une colère abominable si elle savait que sa fille ne succombait pas à la volonté d'un Ange, un envoyé de Dieu ! Le mur lâche très vite, au moment où l'homme qu'elle a invoqué lui prend le bras et l'entraine dans une course effrénée. Cathleen peine à le suivre, déjà épuisée par sa fuite précédente, puis par son invocation.

Pourtant, elle n'a pas le choix, et malgré ses semi chutes fréquentes, Cathleen suit bon gré, mal gré, Arès, bien qu'elle en ignore encore l'identité. A bout de souffle, et d'ailleurs incapable de retrouver un rythme de respiration décent, Cathleen peine à simplement murmurer des sorts d'arrêt pour retarder leurs poursuivants, mais leur faire gagner une avance non négligeable.

Ces Maudits prêtres étaient puissants dans leurs invocations, et les anges avaient l'allure vive depuis les airs. Tandis que le Dieu trainait la jeune femme par le bout du bras, il sentait bien qu'elle ne tiendrais plus trés trés longtemps, a bout de force, vidée de son énergie dans son invocation de l'Olympien. Il ne savait toujours pas comment une magicienne de bas niveau comme elle, avait put trouver suffisamment de puissance pour créer un lien de défense, mais les faits étaient la... Si elle venait a mourir, il serait condamner a rester dans ce sort, jusqu'à ce qu'un autre le libère... Il ne pourrait supporter de rester ainsi esclave de Terra, et devait donc trouver un moyen de sauver cette gamine de la mort qui etait pourtant plus que probable au vu des assaillants.

D'un regard, le Dieu tente de repérer les poursuivants, mais ils sont poursuivit de toute part. Par les airs tout d'abord, ces maudits anges avaient la possibilité de les suivre, quel que soit le terrain... Mais même sans ses pouvoirs, Le Dieu restait Arès, Dieu de la Guerre, et de la stratégie par la même. Il scruta le lointain, et sentait la jeune humaine faiblir a vue d'œil... Il devait trouver rapidement un endroit ou les mettre en securité, si il voulait avoir une chance de canaliser le pouvoir de cette gamine.

La foret, voilà la seule solution. Il tira une dernière fois la magicienne, et se réfugia entre les bras, courant au travers des arbres, ne s'arrêtant pas pour le moment. Mais l'humaine devait absolument se reposer, dans ça, il ne pourrait pas récupérer ses pouvoirs... Et il ne pourra pas renvoyer les anges de là ou ils viennent, juste par fierté... Oui, juste pour ça. Ils finirent par s'arrêter, le dieu laissant la demoiselle tomber a même le sol, et lui scrutant le ciel, a la recherche des pigeons du Dieu Unique... Mais, soit ils avaient cessé de les poursuives, soit, ils se regroupaient... Un cas comme dans l'autre, ils n'auraient pas tout le temps qu'ils souhaitent.
Il se tourna vers la jeune femme, pour venir poser sa main sur son front, évaluant ainsi ce qu'il lui restait en énergie viable. Peu... Trop peu.

Il secoua alors légèrement la jeune femme. Elle devait, pour le moment, agir seule... Il n'avait pas la moindre parcelle d'énergie pour l'aider en quoi que ce soit. Fermant les yeux, restant concentré, il chercha, au plus profond d'elle, pour toucher a cette énergie précieuse... Usant de ça, il invoqua, au travers elle, un large brouillard, qui les entourèrent trés rapidement, rendant trés difficile, voir même impossible, leurs détections... Ainsi fait, il finit par s'asseoir, pour enfin poser ses yeux azurs sur cette humaine.

"Qui es tu? Et pourquoi m'as tu invoquer?... J'espère que tes réponses me conviendrons, sans ça je te balance aux fofolles ailées!"

Il etait en colère, contre elle, contre les anges... Que faisait il là?... Tant de questions, et peu de réponses.

"Depuis quant pratique tu la magie? Qui fut ton Maitre en la matiére? Que je lui dise deux mots a ce tocard....."

Jamais l'Enklaster Aferus n'avait eus de prêtres aussi puissants. Ou peut-être avaient-ils caché que certains hommes de la Confrérie possédaient tant de pouvoirs. En tout cas, une chose était sure pour Cathleen : sans cet homme, elle aurait été perdue. Il court vite, beaucoup trop pour l'irlandaise épuisée, mais elle n'a d'autre choix que de suivre, du mieux qu'elle peut. Il la guide rapidement jusqu'à une forêt. Un abri ! Car oui, pour Cathleen, cela ne faisait aucun doute. Une fois sous le couvert des arbres, les anges ne pourraient plus les poursuivre, et peut-être parviendraient-ils à se poser un peu. L'énergie du désespoir lui donna des ailes et surtout, un regain d'énergie sur la dernière ligne droite, avant que l'homme ne s'arrête.

Sans plus de cérémonie, Cathleen se laisse tomber sur l'herbe, à bout de souffle, une main sur le coeur. Comme si elle craignait qu'il ne sorte de sa poitrine bandée. Sa tête bascule légèrement en arrière lorsque son sauveur pose sa main sur son front. Elle rencontre son regard bleu acier, froid, et si cela n'a duré qu'un bref instant, elle est persuadée d'une chose : sa colère est palpable... Et elle risque de passer un très mauvais quart d'heure...

Cette pensée s'envole rapidement. Un frisson lui donne la chair de poule, alors que sans l'avoir invoquée, sa magie semble sortir d'elle, gagner son front, la main du Dieu, et... Un brouillard se lève. A son tour, il s'assoit...

Et si Cathleen croyait que son regard était froid tout à l'heure, elle s'était lourdement trompée : il était si glacial qu'elle eut un frisson. Pire : elle y lisait une colère toute aussi froide, et Cathleen fut tétanisée de peur. Qui était il pour inspirer, imposer, tant de respect ? Pour qu'elle se sente si minuscule, et si faible, bien plus qu'à l'accoutumée ? Si la jeune femme avait pensé jusqu'à présent que la comparaison entre elle et un lapin terrifié était avérée et parfaitement exacte, elle se rendit compte que ce n'était jusqu'à présent rien comparé à la terreur sourde qui calmait les battements affolés de son coeur.

Les questions fusèrent, tranchantes, au point que Cathleen commit l'erreur terrible de reculer un peu, sans réussir à détacher son regard émeraude des yeux du Dieu. Elle ignora où elle trouva le courage et le calme de lui répondre d'une voix posée, qui ne tremblait pas. Fait assez exceptionnel pour être noté. Même si finalement, elle bafouilla plus qu'autre chose.

- Je suis Dana O'Hara, je n'ai... Pas fait exprès de vous invoquer, qui que vous soyez... J'ai juste... Je ne sais pas comment..."

Incapable de prononcer le moindre mot supplémentaire, Cathleen se retint pourtant de faire ce qu'elle faisait de mieux : pleurer et trembler. Nul doute qu'il la tuerait d'un regard. La rouquine enleva son haut de forme, et serra le bord du chapeau entre ses doigts, tout en le fixant. Comme si elle espérait que du courage en sortirait, tel un lapin blanc.

Elle pouvait toujours rêver.

Aussi, reprit-elle à voix basse :

- J'ignore comment je fais de la magie. Il y a des mots bizarres, ou plutôt... Les mots pensés dans la langue maternelle de mes parents... Ils prennent vie. Quand je les prononce, c'est comme si une force quelconque attendait de "sortir" de moi. Et elle matérialise ce que je "souhaite". J'ai voulu de l'aide, quelqu'un pour me protéger, de fort, et... Vous êtes apparu."

Craignant de s'attirer davantage ses foudres, elle releva la tête, l'expression presque implorante.

- Je vous assure que je n'ai pas fait exprès. Jusqu'à présent, je ne faisait qu'allumer des bougies et dupliquer de petits objets, rien de plus. Quand je les ai vus invoquer des anges, je me suis demandée si moi aussi, je pouvais faire apparaître quelqu'un. Je n'avais pas la prétention de faire apparaître, à mon tour, un ange de Dieu."

Elle hésita un instant. La question lui brulait la gorge et sortit avant même qu'elle ne puisse y réfléchir.

- Êtes-vous un envoyé de Dieu, vous aussi ... ?"

Les yeux azurs continuaient de scruter la jeune femme, à la recherche d'un quelconque intérêt... Hormis sa jolie plastique, cette mortelle n'avait pas une once de connaissance en matière de magie. Il l'avait toujours dit, les mortels n'auraient jamais dut obtenir un tel pouvoir, sans contrôle, ils faisaient toujours irrémédiablement par faire des bêtises... Comme elle, en cet instant, qui avait, sans même le vouloir vraiment, invoqué le Dieu le plus lunatique d'olympe. Si seulement elle avait appelé Athéna, ou encore Apollon... Ces deux là qui avaient une telle passion pour les mortels.. Mais non, c'était lui qui avait été tiré au sort. Tout aurait put être réglé très vite si seulement elle l'avait invoqué correctement, mais non, même la le sort s'acharne contre lui... Il n'avait pas l'once d'un début d'énergie... Sans ça, cela allait être très compliqué de se débarrasser des prêtres et des anges...

Tandis qu'elle lui répondait, il crut voir des yeux pétillants, et même la naissance d'une larme... Il serra les dents, mais se retient de faire plus. Après tout, la gamine, n'y était pour pas grand chose... Et si il voulait se sortir de ce sort, il n'avait d'autre moyen que de la sortir de ce mauvais pas. Pratiquer la magie en état de stress était réserve au plus hauts mages et sorciers. L'écoutant, il secoue lentement la tète... Ainsi donc, elle avait la magie innée... Ce qui était pire encore que ce qu'il pensé... Non comptant son inaptitude, cette gamine était une magicienne de sang... Sans apprentissage, elle pourrait être une arme incontrôlable. Était ce donc pour cela que l'ordre des hommes en jupes la poursuivait?...

A la dernière question, ses yeux se plantent dans ceux de la jeune femme... Il sourit, secouant la tête. Il est vrai qu'ici, les mortels avaient déjà tous étaient abruti par la parole sacré, vouant un culte au Dieu Unique... Elle le prenait donc pour un des anges... Il y a de cela quelques temps, il l'aurait tué pour cet outrage, mais aujourd'hui... Il en rit doucement, ironie du sort n'est ce pas...

"Un envoyé de Dieu... Si tu savais..."

Son rire se calme peu à peu, et lentement, son regard s'adoucit. Il est grand temps de réfléchir a une solution à leur problème immédiat, a savoir les anges, les prêtres, et autres guerriers de l'ordre du machintruc... Qu'importe ce qu'avait fait cette mortelle, il avait été invoqué lui, et un guerrier, tout dieu qu'il soit, sait encore ce qu'est l'honneur... Et il n'avait jamais vraiment aimé les prêtres, encore moins les anges... Le brouillard allait se dissiper peu à peu, l'énergie utilisée était bien trop faible pour tenir plus d'une heure. Il se leva alors, et tandis la main a la jeune mortelle, comme signe de bonne volonté.

"C'est ça, je suis un envoyé de Dieu, qui se bat contre d'autre envoyés de Dieu, tellement logique Fillette..."

Une fois sur ses pieds, il regarde l'humaine, et se plante devant elle, se penchant légèrement, pour bien mettre son visage en face du sien.

"L'univers, ne se contente pas d'un Dieu unique, Mortelle. Mais pour l'instant, nous devons nous hâter, sinon, ils vont finir par vraiment nous tomber dessus. Tu peux marcher?"

Sans attendre de réponse, il prend sa main, et reprend la marche, a travers les bois, qui offre un bon couvert contre les unités aériennes... Mais cette foret ne devait pas non plus faire des milliers d'hectares... Qu'importe. Marchant, il regarde alors l'humaine, à ses cotés.

"Je me nomme Arès. Dans le Panthéon Grec, je suis le Dieu de la Guerre, membre des douze..."

Il secoue la tète, certain qu'elle ne sait même pas de quoi il parle.

"Sache simplement, que tu as raté partiellement ton invocation, et que pour le moment, je ne vaux pas mieux qu'un simple humain. Nous devons trouvé un moyen de corriger cela, et toi seule peut agir la dessus..."

Voyant qu'elle était mal à l'aise, il laissa un instant le silence s'installer, marchant simplement... Pour Mieux la questionner ensuite.

"Que te veulent ces types en robes?"

La question était tombé, tranchante, sans équivoque... Made in Arès quoi.

Si tu savais... Cette courte phrase résonne dans son esprit, comme une sentence, ou l'avant goût d'une tempête qui allait lui tomber dessus. Le rire de ce qui allait se révéler être un dieu avait quelque chose de terrible, au point que Cathleen en eut la chair de poule. Ce calme, à juste titre olympien, lui donna un frisson. La jeune femme rougit, devant la remarque ô combien logique et pertinente qu'il lui fit. Quand il se pencha, Cathleen se recula un peu. Dans cette position, il avait encore plus l'air d'un prédateur... Un serpent au regard hypnotique, qui ne fit qu'accroitre la rougeur de ses joues. Sans vraiment attendre qu'elle ne réagisse, il finit par lui prendre un poignet pour l'obliger à se relever et suivre.

Et le nom tombe. Arès... L'irlandaise a un hoquet. Bien entendu qu'elle a entendu parler de ces divinités qui peuplent l'Olympe mythique, par delà les landes dévastées. Une minute : elle a invoqué un Dieu ? Vraiment ? Cathleen reprend sa main, comme si soudain, la poigne d'Arès lui brulait la peau. Et sa question la dérange. Elle n'a même pas le temps de digérer ce qu'il vient de dire ! Son pas ralenti, comme pour creuser une distance respectueuse entre elle, simple mortelle, et Lui.

C'est une chose que de "croire" en une divinité. Bien que le Dieu qu'elle prie chaque soir, c'est seulement par tradition, et par respect pour sa défunte mère qu'elle le fait. C'est autre chose que de se retrouver devant un vrai Dieu, même diminué. Toutes les pièces du puzzle semblent enfin se rassembler pour donner un résultat qu'elle ne voyait ni ne comprenait jusqu'à présent. L'irlandaise comprend d'où vient cette aura qui la fait paniquer - quand bien même un rien lui fait peur, lui a quelque chose de vraiment| terrifiant à ses yeux. La jeune femme cessa donc de marcher, histoire d'irriter un peu plus, sans le vouloir, le dieu de la colère, et elle baissa les yeux avec déférence.

- Je suis vraiment désolée, Seigneur, de vous avoir importuné... Ce n'était pas voulu, vraiment... Je suis poursuivie parce qu'ils pensent que je suis une vampire. Du moins, que j'ai été transformée en vampire, suite à une courte morsure. Je vous jure sur mon âme que ce n'est pas le cas.

La pauvre mortelle n'allait pas non plus l'ennuyer en lui parlant des trois horribles jours passés dans une geôle, entre autres, à se baigner à l'eau bénite, explosée presque nue au soleil ? Cathleen avait presque oublié la présence des prêtres et des anges. Dans cette forêt silencieuse, rien ne semblait pouvoir arriver. Cathleen releva les yeux, le coeur battant. Son regard disait : "Pitié, ne me faites pas de mal." Mais comme souvent dans ces cas là, les mots qu'elle prononcèrent furent différents de ses pensées :

- Comment puis-je vous renvoyer en Olympe... Ou vous rendre vos pouvoirs ? Est-ce seulement possible, et dans mes compétences ?

Penser aux autres avant elle même, une fichue manie qui ne la quittait pas. Quand quelqu'un lui proposait de l'aider, il fallait toujours qu'elle le fasse d'abord. Cet homme, ce Dieu même, elle l'avait invoqué sans le vouloir pour qu'il la protège de ce qui la poursuivait. Pourtant, elle se souciait davantage de le renvoyer d'où il venait plutôt que de le mettre encore plus en colère...