Après le labeur... * Libre

- Désolée Julie, c'est la règle.
- Mais enfin Danae... Je suis une de tes amies... Tu ne vas pas m'arrêter... Hein ?
- Tu es mon amie, mais tu es surtout une espionne.
- Tu... Tu ne comprends pas...
- Ho ça, j'ai même pas l'envie d'essayer. La Société *[censuré]* est l'une des société les plus à la pointe de la technologie, et ces innovations servent bien les services secrets, aussi, je ne saurais tolérer que tu divulgues ces secrets à l'ennemi.
- Dana... Je t'en prie, aies pitié...

Danae Eleanora St Cyr jeta un regard froid sur sa prétendue amie. Julie Van Der Hunt. L'une des seule personne auxquelles elle avait accordé sa confiance depuis qu'elle était là. Et sa confiance avait été trahie. Les quelques tendres sentiments qu'elle éprouvait pour elle, cette affection nouvelle et hésitante, tout ça c'était à présent du passé. Encore une blessure pour le cœur de la péronnelle. Elle ne le montrait pas. Elle ne le montrait jamais. Mais elle souffrait parfois de sa solitude. De ces blessures qui n'ont pas guéries depuis son enfance.

Ses yeux vairons semblèrent se voiler quelques peu, avant qu'elle ne secoue légèrement la tête et n'esquisse un sourire dur, froid. Elle saisit une paire de menotte à sa ceinture et poussa Julie à terre. Sans ménagements. Celle-ci essaya de se relever, et de se débattre, mais Danae lui offrit un coup de pied dans l'abdomen et elle se tint tranquille tandis que la brune lui liait les poignets derrière le dos. Puis, un pied posé sur le creux des reins de l'espionne, elle passa un rapide coup de fil, se contentant de laisser sonner deux fois avant de raccroche. Le signal. Quelques minutes après, un véhicule arrivait. Trois hommes en sortirent. L'un d'eux s'approcha de Danae -qui s'était écartée de la prisonnière- tandis que les deux autres relevaient Julie pour la faire entrer dans la voiture.

- Bien joué St Cyr.
- Merci commandant.
- Tu veux qu'on te ramène ? C'est sur notre route.
- Non merci commandant. Je préfère marcher. Et j'en profiterais pour fumer un peu de ce poison dont vous avez tant horreur.
- Tu devrais arrêter. C'est cette cochonnerie qui va te tuer.
- Je sais. Est-ce tout pour ce soir commandant ? Parce que, sans vouloir vous offenser, il se fait tard et je n'ai pas que ça à faire cette nuit.
- Hm. Bien sûr. Bonne nuit alors St Cyr. Profites de tes deux semaines de congés, tu en a besoins. Et par pitié, arrête de fumer cette saloperie.
- Merci commandant. Bonne soirée à vous. Et vous pouvez toujours espérez. L'espoir fait vivre dit-on...

Sur ces mots, la demoiselle tourna les talons et s'enfuit en tournant dans une ruelle, s'éloignant de ce lieu. Elle marcha longtemps. Elle fuma deux cigarettes. Elle finit par s'arrêter devant une boîte de nuit. « Fantasme d'Obsidienne ». Elle eut un rire bref, sans joie. L'obsidienne neutralisait ses pouvoirs. Elle s'en était rendue compte. Toutefois, elle ne put réprimer l'envie qu'elle avait d'entrer dans cette boîte de nuit, donc les sons étouffés lui parvenaient. Le videur à l'entrée recalait certaines filles, certains hommes. Il en laissait passer d'autre. Mais qui ne tente rien n'a rien.

Danae s'avança, d'un pas vif, arrogant. Elle ne fit pas la queue, grillant la priorité à bon nombres de personnes. Le videur leva la tête, dépliant un bras devant elle.

- Carte d'Identité ?
- La voilà.

L'homme, grand, en costume noir, costaud, n'avait pas fait allusion au fait qu'elle soit directement allée à l'entrée sans faire la queue. Il se saisit du bout de papier que lui tendait la brune, l'étudia un instant, et compara la photo avec la jeune femme en face de lui. Son regard s'attarda plus particulièrement sur ses yeux. Elle soutint ce regard sans ciller, et finalement il lui rendit sa carte.

- Amusez-vous bien Mademoiselle St Cyr.
- Merci.

Elle entra dans le hall. Mais une autre barrière se présenta. Détecteur de métaux. En soupirant, Danae plongea les doigts dans ses bottes et en tira un Saï et une dague qu'elle déposa dans une caisse plastique. Elle décrocha son automatique de son fourreau à l'intérieur de la cuisse et l'y posa à son tour. Puis elle se saisit de la dague entre ses seins pour lui faire subir le même sort. Elle y ajouta son insigne d'agent, et porta un regard glacial sur les employés.

- Prenez-en soin. Et ne les perdez pas.

Elle se saisit du reçu qu'on lui tendait et le glissa dans son portefeuille, avec sa carte d'identité. Elle franchit ensuite le détecteur de métaux, et s'observa dans la glace en face d'elle. Une jeune femme aux court cheveux d'ébène. Au regard vairon. Habillée d'un tailleur sexy blanc et noir. On voyait d'ailleurs le haut de son soutien-gorge noir avec son décolleté généreux. Tout comme on voyait le bas de ses jarretelles de dentelle noire également, sous le bas de sa jupe. Ses bottes, de cuir noir, formaient un contraste saisissant avec le reste de son tailleur dans les tons en majorité blanc. Et elle n'était pas maquillée. Elle se sourit. Un sourire sans joie, sans humour. Un sourire plutôt glacial. Et puis elle pénétra dans la salle.

La chaleur, la sueur, la musique. Elle mit un moment à s'y faire. Quand ce fut fait, elle traversa la salle pour aller au bar. Directement. Elle dû se frayer un passage entre les danseurs. A coups de coudes et de "j'te marche sur les pieds avec mes talons aiguille". Elle foudroya du regard un inconscient qui avait osé caresser ses hanches. Elle s'accouda ensuite au bar.

- Gin tonic s'il vous plaît.

Le serveur lui fit passer un verre et le remplit devant ses yeux avant qu'elle ne dépose quelques pièces devant lui. Son verre à la main, elle longea le bar jusqu'aux tables les plus reculées. Pourquoi était-elle entrée déjà ? Elle-même ne le savait pas. Elle se résolu à boire son verre et à s'en aller. Oui, c'était le mieux à faire.

EDIT : Pour ceux qui seraient intéressés, Ce serait bien d'aller voir les modalités. Merci.

Il était venu accompagnée d'une charmante créature : une de ses danseuses, une blonde plantureuse qui avait besoin qu'on lui change les idées. Et Erwan n'avait pas pu refuser ... Quand elle l'avait suppliée de l'emmener dans cette boîte qui faisait doucement parler d'elle, il s'était résolu à la suivre. Au moins, il changerait d'air ... Les soirées passées à fumer sans penser à rien d'autre lui rongeait la raison.

Ils arrivèrent rapidement, et sans encombres. Erwan, avec son costume noir et blanc, avec quelques boutons de sa chemise défaits, et Lily, avec sa robe rouge écarlate et son regard de braise ... Cette chère enfant se plaisait à porter des lentilles rouges. Un caprice qu'il acceptait en souriant. Le videur les laissa passer, le détecteur de métaux ignora l'arme qu'il portait. Il prétexta que son bracelet en argent faisait toujours ce bruit là ... Lily y ajouta un sourire, et ils passèrent sans encombres. Dix secondes après, la jeune femme s'amusait sur le piste de danse, rayonnante, tandis qu'il restait immobile. Il avait soif. Oui, putain ... Un rhum. Il salua son amie, et se dirigea vers le bar, commanda un rhum planteur.

Et il la vit débouler, pour commander son gin tonic. Il la regarda un moment, sans oser rien dire. Les yeux vairons l'intriguaient toujours ... Il commanda un second verre, et la regarda s'éloigner vers une table. Il l'imita, quelques secondes après. Erwan avait l'habitude de parler facilement aux gens, sans aucune timidité.

Il s'approcha de sa table, décocha un fin sourire, posant une main sur une chaise.

- Puis-je ... ?

Il se traita de con , il devait passer pour un dragueur de bas-étage.

- Cet endroit est plus au calme ... Je viens accompagner une amie qui veut s'amuser, mais je ne souhaite que me poser tranquillement, un moment, boire et fumer un peu.

Une justification simple, ma foi ... Même si cela n'empêchait pas l'inconnue de l'envoyer bouler.

Une gorgée. Une brûlure le long de sa gorge. Une chaleur dans ses veines. Et un peu de calme à son âme tourmentée. Son regard vairon erra sur les silhouettes qui dansent, avant de se poser sur les doigts qui couvraient à présent le dossier de la chaise en face d'elle. Son regard remonta, appréciant la coupe du costard, avant de se poser sur le visage de celui qui venait de parler. Elle le laissa prononcer encore quelques paroles, avant d'hocher distraitement la tête. Un acquiescement, pour la question précédente et l'affirmation.

- C't'une bonne occupation. Boire et fumer...

Son ton, légèrement hautain, pouvait donner à penser qu'elle parlait, juste pour faire la conversation. Mais en réalité, elle approuvait. Boire et fumer. Un passe-temps agréable. A cette pensée, justement, elle sortit son paquet et s'alluma une cigarette, la coinçant entre ses lèvres. Elle tendit le paquet à l'inconnu. Si jamais il en voulait une.

- Danae. Danae St Cyr.

Voix laconique, mais un semblant de sourire éclaire son visage. Elle s'ennuyait, auparavant, mais bizaremment, après quelques paroles d'un inconnu, elle avait envie de discuter. De... S'amuser. D'oublier sa journée. Une journée comme une autre. Ni plus ni moins. Peut-être un peu décevante. Mais la trahison, Danae connaissait. Et ça faisait toujours aussi mal. Un peu comme les piqûres, lors des prises de sang ou des vaccins.

Elle reprit son verre et avale une gorgée. Une autre. Son regard se repose sur son verre, observant le liquide qu'elle fit légèrement tourner.

- Votre amie... C'est la blonde en robe rouge ? Sympa les lentilles...

Elle désigna d'un signe de tête la blondinette qui couvait l'inconnu d'un regard que Danae ne parvint pas à définir.

Le jeune homme attrapa une cigarette sans se faire prier, et sortit son briquet - qui avait collé un autocollant Barbie dessus ? - pour l'allumer. Il sourit en entendant sa remarque, et se retourna vers son amie. Elle semblait avoir quelques prétendants autour d'elle, et riait à gorge déployée, tout en veillant sur Erwan. Il accueillit cette attention avec un vague sourire, et se retourna vers l'inconnue.

Humph, ce n'en était plus une. Danae ... Il tira une bouffée de tabac en la regardant en souriant, et s'installa posément sur un siège, regardant la foule qui grouillait avec un sourire constant. Il ne se sentait pas d'attaque pour ce genre de choses, pour le moment ... Il but une gorgée d'alcool, et savoura le contact entre cette boisson bienfaitrice et son organisme. Une explosion de saveurs inonda son palais, et il cligna vivement des yeux.

- Danae ... Une amante de Zeus, dit-on. Elle a inspirée de nombreux tableaux.

Il lui adressa un nouveau sourire.

- Je me nomme Erwan Mc Laan.

Une bouffée de tabac, une gorgée de rhum, un sourire fugace se suivirent.

- Et cette personne est ... une amie que j'accompagne. Trois fois, en allant en boîte, elle s'est fait suivre. Je veille sur elle, voilà tout ...

Il se sentait presque heureux d'être aussi attentionné. Ce genre de gestes venant de lui étaient rares, sauf pour ses danseuses, et quelques femmes qu'il aimait couvrir de présents, sans rien demander en échange, sinon un sourire et l'impression de faire le bonheur d'une personne. Plus le temps passait, moins Erwan était cruel et individualiste ... Bah, ça me tuera sans doute ...

Un chaton... Elle avait soudainement envie de prendre un chaton. Un joli petit chaton, au poil mi-long. Blanc si possible. Ou tigré tricolore. Oui, une femelle. Une jolie petite femelle. Hmm.. A méditer. Elle verrait demain. Elle chercherait dans les petites annonces. A moins que...

- Vous ne connaîtriez pas quelqu'un qui donnerait des chaton femelles à poil mi-long ? Blanc ou tigré tricolore ?

Un sourire vint délicatement éclairer son visage alors qu'elle changeait complètement de sujet, tirant une bouffée de sa cigarette. Une gorgée ensuite, et à nouveau cette chaleur qui se répand dans ses veines. Finalement, elle va peut-être rester plus longtemps que prévu. La musique changea et laissa place à l'une de ses musiques à la mode. Moussier Tombola, d'après ce que savait Danae. Le... Logobitombo... Oui, c'est ça. Elle l'avait écouté un peu plus tôt dans la journée, au volant de sa BMW noire.

- Vous aimez la musique bretonne ?

Elle, elle adorait. C'était une anglaise, mais elle a été bercée de ces musiques avec sa tante. Oui, elle aimait beaucoup la musique celtique, bretonne, irlandaise, etc.. Mais elle n'en écoutait plus trop ces derniers temps. Après l'armée, et son nouveau job, elle n'avait pas eu le courage. Cela lui rappelait un peu trop son enfance. Sa tante disparue trop tôt, sa mère morte en couche, son oncle par alliance...  Elle soupira et fint sa cigarette avant d'étindre le mégot dans le cendrier.

- Vous n'êtes pas d'ici. Je me trompe ?

Erwan accueillit sa question avec un large sourire, amusé. Il faillit même rire ... Un chat tigré ? Il creusa dans sa mémoire. Une de ses filles avait un tas de chats chez elle, qui étaient sans cesse en couche ... Il lui demanderait, quant il la reverrait. Le jeune homme osa un regard vers son ami, attentif. Elle ne semblait pas avoir de soucis particuliers avec ses cavaliers de soirée. Il la salua d'une main, décidé à ne plus prêter attention à elle. Il inspira une large bouffée de tabac, qui lui incendia les poumons avec délice.

Il recracha lentement la fumée ... Un corps de femme se dessina dans cette fumée, mais il prit cela pour une hallucination.

- Je suis français ... Parisien, pour être exact.

Il la gratifia d'un sourire, à nouveau.

- Et vous ?

Mais il n'attendit pas sa réponse pour continuer à répondre à ses questions ...

- J'aime assez la musique bretonne ... Autant que la musique Irlandaise. J'ai un faible pour le groupe " The Pogues ", d'ailleurs. Et je connaitrais peut-être une amie qui posséde un chaton ...

Il vérifierait cette information plus tard ... Rien ne pressait.

Il fixa son regard un moment, se délectant de ces yeux vairons scandaleusement splendides, et vida son verre d'une traite. Il en prendrait un autre ensuite ... Leur rhum n'était pas mauvais.

- Anglaise. La France est un beau pays.

Son dernier voyage en France datait d'il y a trois ans. Elle y avait passé un bon moment, malgré ce qu'elle aurait pu croire. Rufus était français, mais c'était un salopard. Heureusement, tous les français n'étaient pas ainsi. Contrairement à ce qu'elle avait été amenée à croire avant de s'enfuir. Comme dans toute civilisation, il existe les gentils et les méchants. Les bons samaritains, et les affreux pervers.

Elle vida son verre, chassant la pensée de l'horrible Rufus Daniels de son esprit. Son regard observait avec attention son interlocuteur, cherchant ce je-ne-sais quoi qui attirait l'attention. Il était beau oui, mais son charme était tout autre. Du moins, elle le ressentait ainsi. Son intuition ne la mettait pas en garde. Elle n'avait pas ces frissons qui l'avertissait du danger.

- "The Pogues" est pas mal oui. Et ce serait très bien pour le chaton. Je vous remercie.

Elle lui fit un sourire, plus avenant. Plein de chaleur. Contrairement à d'ordinaire. Mais elle se sentait nue sans ses armes. Comme... Vulnérable. Et pourtant, elle s'ouvrait un peu face à Erwan. Lorsque la musique changea de nouveau, faisant place à cet air de Marc Anthony et Pit Bull. Rain Over Me. Danae posa son verre, et pencha un peu la tête à droite.

- Vous dansez ?

Son corps à elle remuait déjà doucement au rythme des "Aye Aye Aye" de Marc Anthony. Elle repoussa ses cheveux derrière ses oreilles et souriait avec plus d'entrain, ses yeux pétillants. Autant le bleu que le rouge. Apparemment, la guerrière en elle appréciait aussi le rythme. Et même si ça n'était pas des batailles, elle appréciait de danser.

Danser ... Cela faisait peut-être un long moment qu'il n'avait pas dansé. Avec une inconnue, en tout cas ... Nombre de fois, il s'était amusé à danser avec ses "filles", n'importe où, sur tout et n'importe quoi. L'une d'elle avait même eu le plaisir de le voir faire un pogo terrible durant un concert de BMTH ... Pour dire.

- Bien évidemment ...

Mais le jeune homme la suivie.Sa main attrapa la sienne, l'invitant à danser avec lui. Cela faisait peut-être vieille France, ce genre de danses où l'homme conduit, tenant la femme par la femme. Une habitude qu'il conservait, comme seule marque de ses racines françaises. Elle avait l'air de s'amuser, là, sur cette piste de danse. Une femme qui danse était toujours, pour Erwan, quelque chose de magique et de terriblement ... Hum, ne va pas penser cela. Il se laissa alors emporter ... Et dansa ainsi, ne la lâchant que de manières éphémères.

Un sourire ... Sa cigarette n'était même pas éteinte, là-bas, sur la table. Elle agonisait, doucement ... Il ignora son besoin de nicotine, regardant danser Danae avec un sourire ravi. Il essayait de percer son regard brillant, en vain. Il essaya même, un moment, de deviner quel genre de métier elle pouvait exercer ... Il abandonna aussi cette idée.

- Tu es une partenaire délicieuse , avoua t'il dans un sourire.

Un sourire effleura une nouvelle fois mes lèvres tandis que je me levais, suivie d'Erwan. Je lui abandonnais volontiers ma main. Dieu sait que c'est rare. Mais la soudaine envie de m'amuser était rare aussi. Alors autant franchir toutes les limites tant qu'à faire. Je danse donc. Je me déhanche parfois lascivement. La musique semble soudain le guide de mon corps. Mes doigts fourmille, mon ventre s'allège de ce poids ordinaire, je me sens plus légère. Oui, plus légère. Malgré la présence en masse de gens qui dansaient également. Je me sens plus légère. Mais toujours nue sans mes armes. Et sous son regard. Mes yeux scintillents doucement, autant de plaisir naissant que d'une certaine gêne.

Et pourtant je me rapproche du jeune homme. A chaque mouvement que je fais, je frôle son torse. J'entrelace mes doigts aux siens. Je souris toujours. Une légère rougeur orne mes pommettes alors qu'il me complimente. Mais je garde mon sourire, et mon regard pétille de plus belle. Finalement, j'ai eu raison d'entrer dans le club.

- Merci... Tu danses bien aussi..

Mon corps épouserais presque le sien au rythme des "Aye Aye Aye". Je suis bien là. Dommage que la musique finisse par prendre fin. C'est Sean Paul qui reprend le flambeau. "Temperature". Oui, apparemment, ils passent pas mal de musique de ce genre dans cette boîte. Mais ça ne fait rien. Je me défoule. J'évacue. Ce soir, c'est ma soirée. C'est un pansement sur mon coeur encore une fois meurtri.

- Tu... J'aimes beaucoup ta tenue... Classique... Mais pourtant indémodable... Et ça te vas bien...

Oh. Oh oh. Je relâche mon attention, et me voilà à complimenter quelqu'un. Je rougis, sans aucune raison apparente. Et pour masquer ce fait, je me retourne, me retrouvant le dos contre son torse. Avec un petit sourire amusé, je me frotte contre lui. Oh ça fait du bien de s'amuser, non ?

Les yeux rivés sur cette femme, il perdait le contrôle. Il aimait la voir ainsi, dansante et vivante ... Elle se détachait du reste de la foule, qu'il trouvait maladroite. Elle était là, vivante comme un feu follet qui vacille dans la nuit, qui nous échappe des doigts dés que l'on s'approche de lui. Le regard brillant, Erwan la laissait danser, et ne put réprimer l'envie de s'allumer une cigarette, sans pour autant détacher son regard d'elle.

Il était hypnotisé par sa seule présence. Et quand elle s'approcha de lui, le dos contre son torse, il se mordit la lèvre inférieure, séduit. Il la dépassait quelque peu, remarque qu'il trouva presque touchante. Sa main attrapa à nouveau celle de la jeune femme, ne serait-ce que pour avoir un nouveau contact avec elle. Et la musique retentit dans ses oreilles. Une musique qu'il ne connaissait que trop bien, et qui le fit sourire. Il l'invita à nouveau à danser, ne lâchant pas sa cigarette pour autant, la faisant danser au bout de ses doigts, de ses lèvres, avec une certaine maitrise.
Il avait accueillit son compliment avec un sourire ... Et quand elle se retrouva à nouveau dos à lui, il savoura l'instant, pour lui murmurer :

- J'ai bien fait de venir ici ...

Un sourire, à nouveau.

- Comptes-tu t'épuiser à danser ici toute la nuit ?

Une question qu'il salua en tirant une nouvelle bouffée de tabac, continuant la danse sans pour autant la lâcher du regard. Son arme, coincée dans son pantalon, lui faisait presque mal ... Il s'en voulait d'être aussi méfiant, et de se promener sans cesse en étant armé.

Je danse, laissant les ennuis au vestiaire. Je ne me concentre que sur la musique. Je laisse avec joie Erwan me guider le temps d'une danse. Je retrouvais les sensations qui me manquait tant. Liberté, amusement... Tranquilité d'esprit... Je fermais les yeux un instant, et frissonnais à son murmure. Ouais, il avait bien fait.. Mais moi aussi. Adieu la journée laborieuse. Bonjour la nuit à venir.

Je gloussais légèrement, ce qui n'est pas dans mes habitudes, je le signale, et secouais la tête.

- Non, je ne compte pas m'épuiser ainsi. T'en fais pas.

Et comme pour saluer mes paroles, je quittais la piste de danse, en prenant la main du jeune homme dans la mienne, et je rejoignis ma table. Notre table plutôt, car il y était aussi. Je m'installais à nouveau sur la banquette, mais me poussais plus loin, comme pour l'inviter à s'installer à mes côtés.

- En fait, je ne sais pas pourquoi je suis venue ici, si ce n'est pour oublier quelques soucis. J'ignore où aller après... Mais j'ai pas envie de rentrer chez moi. Et toi ?

Je fermais un instant les yeux, comme pour me gifler mentalement. Je ne dis que des conneries...

* Navrée du r'tard et de la qualité pitoyable ... *

- HRP : Je ne te reprocherais ni le retard, ni le post ... Ne t’inquiètes pas. -


Erwan lui adressa un doux sourire, venant s'asseoir à ses côtés. Il avait perdu de vue son amie, mais ne s'en souciait guère. Elle pouvait bien se passer de nounou ... Son regard se posa à nouveau vers Danae. Jusque là, il l'avait suivie ... Il avait dansé à ses côtés, tout contre elle, avec un plaisir qu'il ne cherchait même plus à dissimuler. Il se moquait bien que son regard brille de mille feux, ou que ses yeux ne puissent se détacher que partiellement de cette créature de la nuit. Il regarda son verre - vide ... il buvait décidément de plus en plus vite - et ferma les yeux un moment.

Oserait-il ? Il l'ignorait ... Il chassa ses doutes d'un battement de cils.

- Où aller ... ?

Un sourire, furtif et amusé, se posa sur son visage.

- J'ai envie de rentrer chez moi ... Mais avec toi.

Un regard, plein de défi. Peut-être même prometteur ... Il ne cherche pas à s'allumer une nouvelle clope, et se penche un moment vers elle, pour se mettre juste tout prés de cette femme afin de lui dire, plus bas encore, avec toujours ce sourire empli d'amusement, et de bien d'autres choses :

- Qu'en dis-tu ?

Il a sans doute l'habitude d'agir ainsi avec les femmes ... Mais il veut croire que celle là n'est pas comme les autres créatures de la nuit ... Qu'elle est différente. Ne serait-ce qu'un instant, en croisant son regard quand il se recula, il en est persuadé.

Je souris encore. Vraiment, je ne me reconnaissais pas ce soir. La routine avaient sans doute eu raison de moi. Je ressentais l'envie de... M'éclater... Me dévergonder ? J'en sais rien. Mais je veux changer un peu ma vie. Et ce soir... Avoir rencontré Erwan semblait être ce dont j'avais besoin. Mon regard vairon se pose sur lui, alors qu'il parle à nouveau. Sans le vouloir, je fixe ses lèvres. J'ai une soudaine envie de l'embrasser... Mais j'ai aussi de l'appréhension. Je l'écoute, souriante, et mon coeur bat plus vite alors qu'il se penche vers moi. Un mélange d'envie, et d'inquiétude. Une inquiétude que je serais bien en peine d'expliquer... A moins que... Je ferme les yeux brièvement, et SON image me saute aux yeux. Alors je soulève mes paupières, et me délecte de l'image d'Erwan, calmant ainsi les battements affolés de mon coeur.

J'esquisse un semblant de sourire, m'efforçant de reprendre l'air amusé de tout à l'heure, et je murmure, en posant ma main sur son bras :

- J'en serais.. Ravie. Je me demande... A quoi ça ressemble chez toi.

Je ris un peu, et place toute ma confiance en lui. Enfin, toute la confiance que je me sens capable d'accorder aux gens. Je reste toujours méfiante, quel que soit la situation. Une soudaine inspiration me pousse à prendre les devants, poussant gentiment Erwan devant moi, alors que je murmure à nouveau :

- Pourquoi attendre ?

Et je garde ma main sur son bras, l'entraînant avec moi. A l'accueil, je repris mes armes. Ouais, j'aime le contact de l'acier et de ce flingue sur moi. Je me sens moins nue. Je souris à Erwan, attentive à sa réaction lorsqu'il voit mes armes.

Une femme armée ... Le parisien ne parvenait pas à définir s'il trouvait cela amusant ou inquiétant. Bien sûr, lui, avait toujours son arme sur lui, mais c'était une autre affaire. Durant ce qu'on appellera son parcours professionnel, Erwan avait eu recours à l'usage des armes un bon nombre de fois. Au début, c'était à contrecœur ; son père lui avait appris comment tuer des proxénètes froidement, et, dés ses 17 ans, il en avait abattu un qui cherchait des ennuis à une des "filles" de son père. Une de celles qui le bordait, enfant, quand sa mère n'était plus là. A son arrivée au Japon, il rechigna à utiliser les armes, sauf en dernier recours. Et, au fil du temps et des événements, il apprit à tuer froidement, faisant taire sa conscience hurlante. Tuer pour sauver. Souvent pour sauver ses filles, d'ailleurs ... Dés qu'un mac tournai autour de ses protégées, il n'hésitait plus.

Et, en voyant cette fille prendre ses armes, il vérifia si la sienne était bien là. Oui. Un soupir de soulagement, puis un sourire, et il entraina Danae vers la porte. Il habitait relativement loin de cette boite - pour des raisons évidentes : la concurrence - , ainsi il lui ouvrit une des portières de sa voiture, et roula doucement, avec précaution, regardant furtivement le paysage.

- Les rues japonaises, la nuit, sont extraordinaires ... souffla t'il à son invité.

Un quart d'heure plus tard, ils étaient en bas de son immeuble. Deux minutes plus tard, il lui ouvrait la porte de son appartement : Un mur couvert de mille et unes tentures, chacune rapportée d'un pays différent, qui étaient accrochées de manières à former une sorte de tente insolite, de photos découpées ou de cartes postales bariolées. Un autre, où des phrases, des mots, des citations, étaient gravés à même le plâtre couvrant le mur. Que ce soit " On s'ennuie de tout, mon ange, c'est une loi de la nature. " de Laclos, où " Je ne peux pas gagner ma vie, je l'ai " de Boris Vian. Bien que ces murs soient couverts d'une abondance de choses, les deux murs restant - diable, son appartement était délimité dans un immense rectangle - étaient d'une finesse et d'un minimalisme pur. Sur l'un résidait - reproduction parfaite - l' "Ophélie " de Millay, délicieuse et cruelle, et l'autre était couvert de peinture ardoise, sur laquelle il gravait tout, et rien. On pouvait distinguer, à moitié cachées par les tentures, deux portes. L'une menant à la salle de bain, l'autre à la "chambre". Négligée, elle aussi. Les murs étaient tachés de photographies de tableaux de Pollock, et une immense fenêtre empiétait sur un des mur. Il avait un lit quatre fois trop grand, mais couvert de multiples couvertures fines et coussins.
L'abondance ... Toujours l'abondance.

- Bienvenue, récita t'il, en français.