Parfait ! Elle l’invitait à profiter de son feu et de sa nourriture. Belgrif, encore une fois, ne se fit pas prier pour accepter. Il allait ainsi pouvoir économiser ses propres vivres, vivres dont évidement il ne montra rien. La dénommée Zenobia partageait peut-être, mais pas le prétendu Emilio. Ce dernier s’installa donc, assis en tailleur, non loin des flammes. La lueur dansante du feu ne parvenait pas vraiment à percer l’obscurité de son chapeau. Il tenait à garder une part de mystère, une façon de donner plus de poids à ses futures paroles. Son sac de voyage, il le mit dans son dos pour s’en faire un dossier de fortune.
Très vite, la conversation s’axa sur la chasse aux trésors. La demoiselle était intéressée, c’était une certitude. C’était aussi une bonne chose. Le malintentionné matou l’observait toujours afin de chercher à la cerner, de savoir quel mensonge fonctionnerait le mieux. Vu sa tenue, vu son aisance à installer un campement, elle devait être une aventurière, une voyageuse expérimentée, quelqu’un qui allait affectionner le concret, le pratique, le fonctionnel.
-Dans le secteur ? Non, pas vraiment… commença Belgrif, la bouche plaine de viande. Il mangeait avec une certaine hâte. J’ai entendu beaucoup de bien sur ces terres sauvages mais je dois bien avouer qu’elles me déçoivent. Il se présentait comme un étranger, pas comme quelqu’un qui était né ici, une manière de nier ses origines primitives dont il avait honte. Je pense m’orienter vers des horizons plus prometteurs. D’ailleurs, pendant que j’aborde ce sujet, il faut que vous sachiez que, à mon grand dam, je ne pourrais m’attarder en votre charmante compagnie. On m’attend à bonne distance d’ici. Me reposer pendant la nuit est un luxe que je ne peux m’offrir.
Ce mensonge était né d’un calcul. Belgrif avait l’intention de duper l’elfe, il était donc évident qu’une fois fait, il devrait partir au plus vite sous peine de subir le courroux de la demoiselle. Il était donc judicieux qu’il ménage dès à présent sa fuite qui ne paraitrait pas suspecte, qui lui laisserait certainement d’avantage de temps. Maintenant qu’il avait évoqué sa fausse raison qui allait précipiter son départ, il pouvait à loisir poursuivre sur le sujet qui intéressait Zenobia.
-Enfin, j’ai tout de même le temps d’un peu bavarder et peut-être, qui sait, de faire affaire. Comme je vous l’ai dis, je suis marchant et ici, les clients se fonts rares. Ce n’est pas forcément un mal puisque je n’ai pratiquement plus de marchandises. Ma dernière chasse aux trésors fructueuse remonte à déjà deux bons mois. J’ai presque tout vendu, excepté ceci !
De sa main velu, il exhiba l’anneau d’argent qu’il venait de sortir de sa poche. C’était un bijou visiblement destiné à un public féminin et il fallait bien avouer qu’il était plutôt joli, plutôt mystique aussi avec ses étranges symboles gravés en sa surface.
-Un anneau magique comme on en fait plus de nos jours ! commenta Belgrif.