Du fil à retordre | PV Cylla

Le lycée offrait de jolie vu depuis leur bureau…

Depuis le début de la matinée, la psychologue avait rencontrée quelques élèves du lycée qui avait rendez-vous ce jour-là. Avec ce travail Dylan se déplaçait constamment, ayant un certain lien avec d’autres bâtiments. Donc, elle n’avait pas le choix de suivre cela, tel était marqué dans son contrat… Ce jour-là, la tenue de la psy constituait à quelque chose de simpliste : une robe chemisier et de couleur bleu pâle, ainsi que ses habituelles converses, ce qui aida à mettre à l’aise ces jeunes patients. Elle traînait avec elle également une mallette en cuire brune. La journée se passa donc d’un élève à un autre, assez facile de mettre une confiance entre eux et d’aller recueillir ce qu’il lui faut pour donner des résultats, le tout inscrit dans un carnet qu’elle traînait toujours…  Quand la journée s’acheva enfin, il ne restait plus qu’une seule personne à rencontrer. Sans doute plus vieux que les autres consultants, il ne venait pas de ce lycée.

Elle n’avait pas eut le choix de placer son rendez-vous aujourd’hui même. Les parents, inquiets, désiraient qu’elle le voie le plus tôt possible et bien entendu Dylan acceptait tout les cas possibles. Aucun dossier sur ce jeune musicien, elle n’avait qu’en note ce que les parents lui avaient confié, exubérance abusif selon eux et probablement mal de vivre. La jeune psychologue avait déjà eut des parents et elle comprenait, savait aussi que parfois ils exagéraient les choses anodins, voyant la vie de leur enfant facilement retournable vers l’instabilité, mais ça ce n’était que de l’inquiétude, mais ceci elle devra le voir par elle-même… Une fois qu’elle aura rencontré le jeune homme…

Le nez planté dans une carte, Cylla tentait de retrouver ce lycée ... Où était-il caché ? Il ne connaissait de Seikusu que les quartiers où il était susceptible de rencontrer des personnalités extravagantes ... Alors, un lycée rempli de gosses en uniforme n'avait pas de quoi l'attirer. Il reconnut le bâtiment d'un simple coup d'oeil, et analysa les alentours. Deux jeunes lycéennes se tenaient sous un arrêt de bus, en face du lycée.. Quand elles reconnurent Cylla, elle poussèrent un cri de joie, et il signa deux autographes rapides. Il adorait cette notoriété. Les quelques fans qu'il avait lui rappelait, en se comportant ainsi, qu'il était bien un être vivant, et pas un minuscule exilé sans aucune importance. Plus le temps passait, plus son ego gonflait .... Vivement une nouvelle soirée, histoire de remettre les pieds sur Terre un instant.

Il entra dans le lycée sans réelle envie, cherchant à nouveau son chemin. Qu'est ce que je fous là ?

Ah oui, ses parents. Il faisait cela pour eux. Il leur devait bien ça ... Une séance, le temps de prouver qu'il allait très bien, merci, au revoir, à jamais. Il reconnut rapidement une pancarte indiquant le chemin à suivre, et étouffa une envie de se rouler une cigarette. Non, ce ne serait ni sérieux, ni même respectueux ... Il se mit à fredonner un air bien connu " Everytime" de Glen Hansard, tout en déambulant. Les lycées japonais n'avaient vraiment rien à voir avec les lycées français ... Ici, les murs transpirait travail, proprté, sérieux. En France, on n'y voyait que quelques graphitis insultant tel ou telle personne. Il sifflota un moment, puis arriva devant la porte.

- C'est ici ... soupira t'il.

Il s'inspecta un moment. Slim noir troué, chemisier à demi fermé qui dévoilait son buste sans se cacher, manches retroussées, poignets arborant des bracelets de force, Dr Martens cirées avec soin et sa laisse autour du cou. Un concert avait lieu dans 3 heures, il s'était déjà préparé. Aprés tout, ce n'était que dans ce costume de scéne qu'il s'estimait être lui-même.

Il leva le poing, toqua à la porte sans oser entrer. Respect et calme.

En attendant, Dylan prit quelques minutes pour se reposer un peu la pense ou elle risquerait de perdre patience durant l’heure qui allait venir. Capable de passé de longue journée à travailler, elle restait humaine (du moins, selon elle) et avait parfois besoin d’une pause, de décompresser. Bouteille d’eau avec un petit encas, crudité avec trempette, elle prenait le temps de manger tout en buvant son eau. Quelques minutes après, on toqua à la porte et la jeune femme se retourna en terminant sa bouchée et se leva en frottant ses mains rapidement, comme si ceux-ci étaient sales. Elle ouvrit la porte et sourit en voyant un jeune homme.

À première vue, elle ne remarqua pas tout de suite ce qu’il portait. Très extravagant comme lui avait décrit ses parents, mais c’était loin de surprendre la jeune femme qui trouvait cela plutôt intéressant comme style, en particulier les oreilles qu’ils arboraient… Bref, Dylan ne pouvait qu’apprécier l’allure du jeune homme. Cela lui fit pensée à une tenue de scène, d’ailleurs ses parents ne lui avaient pas mentionnée qu’il faisait partit d’un groupe…

« Bonjour… Cylla ? »

Elle tendit sa main vers lui pour le saluer le tout en lui souriant chaleureusement. Elle ouvrit la porte en ouvrant le passage d’un bras tendu et une fois à l’intérieur, elle le referma et rejoignit la table au milieu de la pièce. Il y avait aussi un bureau, mais la jeune psy trouvait la table muni de chaise de pupitre plus conviviale… De nouveau, elle le regarda sans cesser de sourire avant d’entamer la discussion.

« Moi c’est Dylan Ellison… Comment tu vas aujourd’hui ? »

Maintenant ceci fait, elle alla droit au but, prenant une voix calme.

« Tu dois savoir que ce sont tes parents qui m’ont demandés à te rencontrer… Selon toi, quelle en est la raison ? »

Cylla salua la jeune femme d'un vague mouvement de tête. Il pensait à beaucoup de choses, à vrai dire ... Que lui reprochait-on ? Que lui voulait-on ? Était-ce sa nature mi-homme-mi-animal qui causait un souci ? Noyé de questions, il n'ajouta aucun commentaire, ne parlant même pas. Ses yeux vagabondèrent, analysant les lieux avec une précision effarante. Rien ne montrait qu'il pouvait être mis mal à l'aise ... Tu t'attendais à quoi ? Des engins de torture ? Il s'en voulut presque d'être aussi méfiant. Mais, par moment, il ne pouvait s'en empêcher. Il la laissa se présente, imprimant son prénom dans sa mémoire. Dylan. C'était simple à retenir, simple à prononcer. Sa nature française ne le plaçait pas au même niveau que les Japonais ; tandis que ces derniers peinaient à prononcer certaines syllabes, lui les sortait avec une simplicité enfantine.

- Je vais bien, souffla t'il.

En fait, il avait une profonde envie de fumer. Envie qu'il rejeta. Il n'avait pas le droit de fumer en intérieur, s'il se souvenait bien.

Il fouina à nouveau du regard, puis se retourna vers elle quand elle parla la seconde fois.

- Mes parents, oui ...

Il fronça les sourcils.

- Je ne sais pas ce qui leur a donné envie de ... M'envoyer vers vous, à dire vrai. Nos relations sont normales. Quelques appels, quelques mails, des informations banales. Le quotidien, quoi.

Quand à en deviner la raison ... Il ouvrit de grands yeux. Il bloquait. Il essaya tout de même ...

- Ils savent que je me drogue, peut-être. Ou alors, ils refont surface au moment où je touche à la notoriété. Ou alors ils sont inquiets de ne pas me savoir baptisé à l'aube d'un Apocalypse foireux. Ils s’inquiètent peut-être aussi de mon quotidien qui transcende le leur ... Je ne sais vraiment pas.