Malgré ses pitreries la vision de Khaléo restait encore un peu floue, mais s'il ne voyait pas encore très bien ce qui se passait autour de lui il pouvait quand même distinguer la position de la silhouette de son interlocutrice, la fixant à un endroit qui signifie plus ou moins le niveau des yeux, a moins qu'elle ne soit très grand et qu'il soit en plein sur sa poitrine, chose qui paraîtrait complétement impolie alors, qu'elle, oui "elle", puisque la voix est féminine, lui réponds :
« Non, je ne suis pas Charon… D’ailleurs je n’ai pas une tête de Charon… enfin pas encore… Et vous, vous restez couché ! Vous n’êtes pas en état de vous lever. Vous avez des côtes et une jambe cassées alors vous n’irez nulle part ! »
Etrange, hein, a mon age, de m'faire encore dire de rester tranquille, couché, matern... é... par une femme bien plus jeune que moi, fallait croire que, malgré les époques qu'on traversait, les femmes garderaient toujours ce petit quelque chose de mystique et magique, d'inexpliquable, qui donne à certaines cette sagesse et profondeur d'âme millénaire, enfin bref, elle était de nature plus raisonnable, plus sage que la fougue, la sauvagerie qui caractérisait parfois les réactions de Khaléo semblait il, et peut être même bien, plus mature ! Ha ça, sa combativité et la volonté qu'il mettait parfois à vouloir se relever malgré tout, son esprit guerrier et revanchard, dents pour dents oeil pour oeil, pouvait sans doute être assimilé à un trait de caractère qu'il n'a jamais pris la peine de passer sous contrôle malgré ses cinq putains de siècles où il aurait plus d'un fois du se rendre à l'évidence, s'en rendre compte, mais que voulez vous...
Lorsqu'on est inscrit dans ce genre d'habitudes depuis longtemps, votre impulsivité ne vous paraît même plus anormale, elle fait partie d'votre quotidien, vous dites un "bordel" comme pour dire bonjour, et vous détruisez toute la bonne éducation qu'on vous à, ou que vous vous êtes inculquée, lui, il essayait encore de se lever pour repartir, et Eve avait bien raison de l'en empêcher, c'était... disons... "Dangereux" pour lui dehors qui, venait d'un autre "monde".
« Vous êtes chez moi. Je m’appelle Eve. Je vous ai trouvé dans le bois. Dans l’absolu, je vous aurai bien envoyé à l’hôpital mais vu que vous n’êtes pas dans la norme, je me suis abstenue. »
Khaléo cherche justement sa "capuche" en écoutant ces mots "vous n'êtes pas dans la norme" !!! Putain, d'nom d'une pipe ! paniqué, ses mains tâtent partout, nerveusement autour de lui, il ne retrouve rien, du moins, pas sa cape / capuche vieille et mitée, que faire que faire que faire... Trop Tard !
"-Nom d'une... Où est elle... je... je ne sort jamais sans... elle... que... qu'en avez vous... fait ?" -une pointe au coeur liée à sa déshydratation et, une paire de palpitations rendant soudainement le "décor" brumeux, comme s'il venait d'entrer soudainement dans un sauna, sa propre respiration lui semble abrasive, terriblement chaude, assèchant ses lèvres, où il passe ses doigts pour en sentir le déssèchement bien réel, ses épaules suivent d'un léger retard les désormais trrrès looongues respirations contrôlées, qui, ont également l'air d'une prudence qui donne l'impression de redouter la prochaine...
Entre deux souffles :
"-Je vous somme... de me la... rendre..."
Se rendant compte qu'il est bien trop "tard" pour se cacher, il soupire et arrêtes ses investigations visuelle dans la pièce, s'affalant dans le divan tout en se prenant le front entre ses deux mains pour essuyer quelques sueurs froides, toujours liées à ces foutues palpitations et une grande anxiété.
"-Vous avez raison, je ne suis... pas dans la norme et c'est... c'est une des raisons, malheureusement... Qui m'ont conduit jusque dans... dans cette... "réalité"... Mais vous avez bien fait, si vous aviez présenté mon cas dans un complexe hospitalier, mon corps se serait retrouvé en pièces détachées qui se seraient promenées, dispersées entre plusieurs labos de recherche, ou empaillé vivant dans un musée des horreurs, on pourrait... quand même... rêver mieux comme fin..."
« Miss premiers soins, c’est joli ça ! On ne m’a encore jamais appelé comme ça. Je ne vous demande pas de remerciement et le coup du gentleman, je m’en passe aisément. Contentez-vous d’aller mieux ce sera déjà pas mal ! »
"-Ha ha..." -souriant franchement- "-vous savez je crois que... je peux... peut être vous faire confiance... Attendez avant de monter sur vos grands chevaux, deux secondes, je sais que je DEVRAIS avoir confiance envers une personne qui m'a si aimablement reconduite chez elle pour me soigner en m'épargnant bien des misères avec... avec cette "société", là n'est... pas la question..."
Est à nouveau pris de palpitations plus intenses et de vertiges, apparemment ça n'aide pas non plus de parler et de faire l'idiot, il louche un court instant, cherchant son air comme un poisson sorti d'un aquarium, son coeur tappe... et tappe, si fort et de façon si sourde, qu'on peut l'entendre même dans le sol, c'est désagréable, saleté de nausée, il se lèche enfin le contour des lèvres avec une langue qui, elle aussi parait exempte de liquide ! Sûrement un des effets secondaires de la potion de l'alchimiste, quoi qu'il en soit, il était déshydraté à mort et sa tension montait en flèche à cause de ce premier symptôme.
"- Au moins v... Vous allez droit au but... P... Par contre, si vous tenez tant que ça à ce que j'aille vite... Mieux, il m'faut... de... de la viande... un... beau... gros paquet d'viande... fraîche... bien..." -s'en lèches les babines- "-Saignante... où... pitié... un v... un verre... d'eau..."
La remarque la fit sortir de sa rêverie. Elle aurait du y penser plus tôt. Avec grâce, elle se releva et alla chercher un verre et une bouteille d’eau avant de revenir vers lui et de s’agenouiller de nouveau. Elle versa l’eau dans le verre et le tendit à son patient.
Khaléo, malgré son état, eut tout le loisir d'observer la grâce avec laquelle la jeune femme se déhancha pour se diriger en cuisine, sérieusement, c'était... vraiment l'moment de penser à des choses de ce genre ? Heh, difficille de changer des mauvaises habitudes de libertin qu'il à prise en voguant sur les nombreuses mers, mais lorsqu'elle revint vers lui, il était pratiquement retombé dans l'inconscience.
« Tenez ! Buvez ! – elle l’aida à porter le verre à ses lèvres et à avaler le liquide transparent – Désolée, j’aurai du y penser avant. »
Il rouvrit ses beaux grands yeux progressivement, ré effectuant cette satanée "mise" au point avec ses pupilles s'épaississant et, rétrécissant au fur et à mesure qu'il laissait chaque nouvelle et fine gorgée, passer la barrière de ses lèvres plissées, il y allait doucement, inutile de se retourner l'estomac avec la différence de température, puis, callé entre les bras de cette charmante créature alors qu'elle lui offrait à boire, hmmmrr... Il se trouvait difficillement la moindre excuse pour ne pas "prolonger" presqu'intentionnellement l'instant, seul un sourire naissant sur ses lèvres, affichant un rien la pointe de deux dents plus longues, trahissait un tant soit peu son petit "manège", tandis qu'il buvait, un looong soupire, un râle de satisfaction, bien rauque, comme un roulement remonta du fond de sa cage thoracique et sa gorge.
Chaque gorgée semblait apporter à ses yeux et son corps, un peu d'humidité, ré humectant la surface de ses yeux, donc, après chacune d'entre elles, prise avec infinie précaution, son regard se précise, s'affine, les contours deviennent net, et, il peut enfin observer ton joli visage, ses yeux voyageant d'un trait lisse d'un coté à l'autre, depuis la finesse de ta chevelure sur le haut de ton crâne, à ton front, les yeux de la créature ne semblent pas soumis aux "a coups" d'un regard humain, suivant toujours une... courbe distincte dans son globe oculaire, nul doute que cette maîtrise du regard ne peut être liée qu'a un nombre incalculable d'années passées à scruter l'horizon sur un champ de bataille, dans le but de dénicher un archer de longue distance isolé, où une baliste planquée dans un camouflage de terrain, que lui seul était capable de repérer puisqu'il possédait un regard capable de voir la nuit, et surtout, trrrès loin, par jeux d'ouvertures contrôlées sur son iris, sa pupille et le cristalin, qui, un peu comme le diaphragme, l'obturateur, et le temps d'ouverture d'un appareil photo ou d'une caméra, était capable de prodigieuses mises au point permettant de repérer une mouche sur le cul d'un dromadaire à l'autre bout du désert, s'il n'y a pas trop de dunes entre lui et le dromadaire bien sûr !
C'est aussi pourquoi il prenait son temps pour apprécier son grain de peau dans ses moindres détails, descendant sur l'arrête de son nez, entrouvrant un rien ses propres lèvres quand son regard tombe, sur les siennes, pulpeuses, puis un sourire presqu'imperceptible se dessine sur ses lèvres lorsqu'il se rend compte qu'il, descends un peu trop... bas, rectifiant le tir en secouant la tête.
« Comment vous vous sentez ? Mal, je me doute mais où avez-vous le plus mal ? »
Plisse les yeux lorsqu'elle lui tâte, et masse le front, coin de ses yeux plissés suivant parfois les gestes tournoyés de ses doigts appuyés sur ses tempes, il soupire à nouveau d'aise quand elle s'y applique, décidément, il profite drôlement bien de son instinc "maternel", essayant jusqu'ici, de ne pas en faire de trop, mais malgré tout, il se sent quand même forcé, après cette question, de donner un indice sur son... petit double jeu actuel :
"-J'en ai vu bien des mondes, j'en ai reçu, bien des blessures, mais la plus douloureuse est celle que vous êtes en train d'infliger à mon vieux coeur de tigre..."
Haaaan mooon dieu ! Quel vieux matou mité ha ha ! En plus, à la fin de cette phrase, il se mordit la lèvre inférieure de ses canines pointues, sur un sourire narquois, presque prêt à exploser de rire, mais se retient quand même, ça ne serait pas... convenable de montrer autant de plaisir à la charier.
« Tenez prenez ça – elle lui présenta 3 comprimés et demi – la douleur va diminuer. Comment vous appelez-vous, vous ? »
"-Certains me nomment le lion blanc, d'autres, m'affublent du nom de "monstre", Ceux qui ont osé croiser le fer avec le monstre, l'ont ensuite surnommé l'épéiste noir, certains idiots ont vu en moi la réincarnation de Fenrir, d'autres pensent que je suis Byakko un soi disant dieu oublié, et les derniers, quelques vampires, m'estiment plus dangereux que la plupart des lycanthropes et voudraient bien me disséquer pour comprendre le "mystère" qui m'a mis au monde, haaaah... ils sont tous... tellement idiots... et tous si loin... de la vérité à mon propos... Mais vous ne cherchez que mon nom, n'est ce pas ? Inutile donc d'en venir aux comtes et, aux fables associées à mon apparence... Je ne suis pas un vampire non plus, et de ce fait, je ne vais sûrement pas m'épancher sur le pamphlet complet, nostalgique de mes journées passées sur de nombreux champs de bataille a regretter comme un vieux con chaque moment "passé" de ma vie au lieu de prendre pleinement en compte, le présent, hmmr ?"
"-Où en étais je... voyez, malgré tout je m'épanches quand même en stupidités, je crois que la période renaissance qui a vu naitre une partie de la résurgence des vampires dans les sociétés, m'a atteint plus que je ne l'aurai imaginé... Il faut faire avec les "modes" de son époque malheureusement, et il m'est arrivé de me faire passer pour l'un d'eux..."
A celà, il ajoutera la sortie de deux dents longues, facilement assimilable, il est vrai, à celle des vampires, un chouilla plus longues cependant, épousant le coin de ses lèvres inférieures et, courbant, un tantinet vers l'arrière, rien de bien méchant, en suivant la ligne de ses joues, souvenir impérissable des ancêtres primitifs des tigres, les smilodons, faut croire que le mix de gênes dont il est issu à effectivement fait ressortir tout ce qu'il y a de plus "dangereux" chez cet "animal".
"- Je ne crains... aucun harcélement puisque nous ne faisons apparemment pas partie du même "monde"... Donc je ne cours aucun risques si je vous donne mon véritable nom... Khaléo... Mais, vous pouvez m'appeller Léo, disons que c'est pour les intimes, les amis, je peux vous considérer... comme telle, n'est ce pas ?"
Plisse un regard méfiant et analytique sur les comprimés, mais pas bien longtemps, il te fera confiance, et les absorbera suivi d'un second verre d'eau, il semble qu'il aille déjà beaucoup mieux, même si sous ses yeux, quelques cernes soulignant un regard déjà bordé du noir charbon de ses paupières lui donnent constamment l'impression que son regard n'est jamais totalement à son ouverture "maximale", non, disons qu'il garde les yeux mis clos parce qu'il s'habitue progressivement à la lumière ambiante, son épée semble absente mais il n'y fait pas encore attention, elle est si lourde et encombrante, qu'ils ont du la laisser à terre, dans le parc, ce qui n'est pas forcément la meilleure des idées, ça ne lui traversait pas encore l'esprit puisqu'il ne savait pas qu'elle n'était pas là, mais lorsqu'il s'en rendrait compte, il saurait qu'une déferlante de cadavres, de pourris, de damnés, par centaines, voir peut être milliers, allaient sortir des entrailles de la ville, des cimetierres, s'il ne récupérait pas l'arme avant ce soir néanmoins, car seule l'ombre de la nuit, permet un passage aux âmes enfermés dans la lame, à ce monde, pour prendre matière, pour prendre... consistance, vie dans l'inerte, et l'animer, telles de vulgaire marionnettes mues par un esprit revanchard, jaloux de la vie qu'ils essayeront d'arracher à quiconque se dressera sur leur route.