Miya écouta Erwan, qui répondait à ses questions, en toute sincérité, du moins, elle voulait y croire. Son visage, terriblement expressif, trahit la surprise de Miya. Mais pas une seule fois, elle n'éprouva le moindre dégoût, l'envie de partir. Après tout, la demi déesse n'avait elle pas été, elle aussi, danseuse dans un cabaret de son monde ? Elle n'avait pas à se déshabiller, juste émoustiller assez la clientèle pour la pousser à rester, et à consommer toujours plus.
La demi déesse éprouvait pourtant un pincement au coeur. Elle ignorait ce que ça pouvait être, peut-être de la jalousie... Teintée de colère... Finalement, tous les beaux discours qu'il lui avait susurrés au creux de l'oreille, n'avaient ils pas été murmurés à des dizaines d'autres filles auparavant ? Oh non. Miya ne se laisserait pas avoir par ce sentiment terrible. Les doigts du français effleurèrent sa main. Il préférait le Japon... A cause d'elle ? Cela devait suffire à faire s'envoler ses craintes par la fenêtre ? La main de la chanteuse vint recouvrir celle d'Erwan. Comme si par ce geste, elle voulait apaiser ses craintes, dont elle ignorait tout. Ou peut-être, par possessivité, un peu. En tout cas, elle ne le rejeta pas, comme il s'y attendait peut-être. Miya se redressa sur ses genoux, sa main libre vint appuyer sur la nuque du jeune homme pour le forcer à se pencher, et elle l'embrassa, tendrement. Son coeur battait la chamade. Au diable la raison ! Le front de Miya se colla à celui de son compagnon.
- Merci d'avoir été honnête avec moi, Erwan.
Après tout, elle, elle n'arrivait pas à l'être entièrement avec lui... Elle s'en voudrait presque. Mais Miya veut une vie normale, sans avoir à penser à son immortalité, sans avoir à subir le regard d'Erwan à ce sujet. Elle ne lui dira rien, et elle se contente de lui sourire. Elle lui vole un nouveau baiser, avant de reprendre sa place au pied du lit. Ses doigts s'entremêlent tendrement à ceux d'Erwan.
Que voudrait-il qu'elle dise de plus ? En tout cas, elle ne lui en veut pas. Miya va sourire, même :
- Donc ces filles, sur la route de l'aéroport, qui t'ont fait signe... C'était des danseuses de 'ta' Pigalle ?
Elle ne put s'empêcher de pousser un léger soupir. Oui, finalement, elle était jalouse de toutes ces filles qu'il devait adorer. Avec qui il avait du passer tant de temps, partager tant de plaisir... Son regard se voila un peu, puis finalement, elle saisit sa tasse de thé, y but, pour cacher son trouble passager. Et les filles de la boîte de son père... Avait-il, avec elles, eu autant d'amitié ? Serait-ce une bonne idée de l’accompagner là bas... ? Un nouveau soupir, et elle plongea les yeux dans le regard d'Erwan.
Non, elle ne se séparerait pas de lui. Elle lui avait promis. Et les autres filles, et bien, Miya n'hésiterait pas à prouver combien elle était meilleure qu'elles toutes réunies. Car pour l'égo de la demi déesse, c'était une évidence, qu'elle les battait à plates coutures, sur leur propre terrain. D'ailleurs, elle sourit, et ajouta :
- Ca ne me dérange pas, tu sais... Au cas où tu te poses la question... Je serai... Peut-être gênée de ta complicité avec ces... Filles. Mais ça, c'est parce que j'ai toujours aimé être le centre de l'attention des gens qui comptent beaucoup...