Je le tenais !
Enfin !
Après des années de traque sans merci,
recueillant des informations aux hasards de mes pérégrinations,
pérégrinations d'ailleurs calquées sur le schéma des renseignements que j'obtenais,
j'avais enfin retrouvé sa trace.
Après quelques jours de filatures,
jours durant lesquels je l'avais suivi de Nexus à la Terre,
retournant parfois sur Terra avant de revenir sur Terre,
j'en savais assez sur son emploi du temps pour me permettre de passer à l'action;
Au coin d'une rue,
dans le quartier de la Toussaint,
j'attendais mon homme.
Pour l'occasion,
j'avais revêtu un bustier de cuir,
sans soutien-gorge,
ainsi qu'un pantalon de cuir également,
avec un petit tanga.
Le tout me moulant à la perfection.
« Comme il l'aimait... »
Mes cheveux blonds étaient ramassés en tresses.
Le tout rattaché en une queue de cheval haute,
deux tresses encadrant mon visage.
Mes yeux,
l'améthyste ayant cédé la place à des lentilles bleu électrique,
étaient ornés d'un maquillage noir,
osé,
profond et enjôleur.
Une vrai femme aux allures dominatrice.
Qu'il aimait soumettre.
Oui, cette homme..
C'est l'un des hommes à qui mes « maîtres » de l'époque m'ont prêtée.
Pour son anniversaire.
Et comme je comptais me venger de tout ceux qui,
à l'époque,
se sont servis de moi comme un jouet sexuel,
cet homme n'allait certainement pas être épargné.
Ah, ça y est.
Le voilà qui s'approche.
En souriant d'un air malsain,
j'attends qu'il soit assez proche pour enfin me dévoiler.
Je me plaçais sous la lumière d'un lampadaire,
une main allant crocheter son col pour l'attirer à moi.
Je le vois qui écarquille les yeux.
Il me reconnaissait.
J'éclate d'un rire presque dément quand je le sens se tendre sous mes doigts.
Et sans faire cas de ses protestations,
je le pousse contre un mur,
m'éloignant de toute luminosité trop vive.
Je sors un couteau de l'étui accroché à ma ceinture.
Un couteau cranté.
Et je le promène sur son visage,
caressante,
menaçante.
_ Aaah... Joshua...
Cela faisait longtemps...
Que je te cherchais.
_ Que... Que me veux-tu ?
Esclave !
_ Tut... Tut... Tut...
Dorénavant,
c'est Maîtresse que tu m'appelleras...
Pour le peu de temps qu'il te reste à vivre...
_ Lâches-moi !
Tu n'es qu'une esclave !
Tu me dois obéissance !
Perdant mon sourire faussement aimable,
j'appuie un peu plus sur le couteau qui lui entaille la joue assez profondément.
Il aurait hurlé de douleur si je n'avais pas profité du fait qu'il ouvre la bouche,
pour lui enfoncer une boule attachée à un harnais,
chose qu'il utilisait souvent lorsqu'il me soumettais il y a longtemps...
Oh, il fait moins le malin maintenant.
On dirait même qu'il pleure.
Allez, il faut le déstabiliser un peu...
Prenant un air soudainement plus séducteur,
moins menaçant,
et je suis du doigt sa blessure et porte un doigt à mes lèvres,
suçotant le sang avec un air gourmand.
_ Oh.. Mon chou...
Il ne faut pas m'énerver..
Je m'en voudrais d'abîmer un si joli corps...
D'une voix caressante,
je me moquais de son physique ingrat.
Il était corpulent,
et son visage était marqué de cicatrices.
Marqué par la petite vérole.
Le couteau alla se poser contre sa pomme d'Adam,
et je posais mes lèvres sur la plaie qui saignait,
aspirant le sang avec un faux air gourmand.
Sang que je lui recrachais au visage.
D'une voix dure,
je repris :
_ Tu te souviens des sévices que tu m'as infligé...
N'est-ce pas ?
Si ce n'est pas le cas..
C'est pas grave.
J'ai une bonne mémoire..
Et je vais rafraîchir la tienne du coup...
Le menaçant du couteau contre ses bijoux de familles,
je le fis entrer dans une petite maison vide.
Ou plutôt, vidée de son occupant quelques heures plus tôt.
Le corps de l'individu,
qui s'était juste retrouvé au mauvais endroit,
au mauvais moment et avec la mauvaise personne,
gisait dans la baignoire,
dans un dernier bain,
frigorifiant,
entouré de glaçons.
Mais je ne m'en occupais pas,
négligeant également de refermer la porte d'entrée,
et guidait mon « invité » vers la chambre.
La chambre de torture.
Une pièce sombre,
éclairée par une ampoule à la luminosité tremblotante,
remplie d'objets servant à faire d'une femme une esclave sexuelle.
Une pièce qui servirait à la mise à mort d'un homme.
L'ayant attaché à un montant en ferraille,
les bras en croix,
comme le Dieu qu'adorent les humains de cette dimension,
je posais le couteau.
Mon air dur fit place à la moue effrayée d'une petite fille,
et je me mis à pleurer.
J'allais me recroqueviller contre le mur opposé,
sous son regard ahuri.
Je me retins de rire.
Cela ne ferait pas bon effet si je me démasquais dans ma petite comédie.
Il tente d'ailleurs de dire quelque chose,
mais n'émet que des sons étouffés par le bâillon.
Mes larmes coulent sans retenues le long de mes joues.
Et je me relève,
éclatant d'un rire dément,
avant de lui hurler d'une voix perçante que jamais plus il ne pourra procréer,
accompagnant mes paroles par un jet de couteau contre son entrejambe.
Et je ris de nouveau tandis que celui qui a contribué
à forger mon caractère changeant hurle de douleur.