Le maire des Enfers { Mach }

      C'était la fin d'après-midi et le soleil couchant éclairait la face ouest du building censé être le nouvel hôtel de ville. Le bureau du maire se trouvait à l'avant dernier étage et grâce à l'énorme façade vitrée, il était éclairé d'une douce lumière orangée. L'intérieur est surtout décoré de rouge. La moquette était rouge, les murs étaient ornés d'un papier peint rouge plus foncé, assez esthétique. Les meubles de bois foncés ont dû coûté une fortune, mais comme diraient les deux démones : « screw the money, we have the RRRUUURRRRUUU ». Le bureau n'était pas si grand que ça, faut pas croire. Mais il était super classe, et ça, c'était vraiment la classe. Redondant ? Nooon !

      Au milieu de la pièce se trouve le fameux bureau, vide de son possesseur. Quelques papiers importants ici et là, un téléphone, un ou deux crayons... Le maire n'était pas vraiment soucieux d'accomplir son devoir envers Seikusu, il était plus concentré par son objectif premier : celui de conquérir le monde ! Enfin... d'affirmer que lui aussi est un démon aux grands pouvoirs. Sur Terre, il ne peut pas se débrouiller seul. C'est pour ça qu'il convoqua ses deux larbins favoris : Scanty et Kneesocks. Mais... ce n'est pas avec elles qu'il gagnera quoique ce soit... Il lui fallait un peu d'aide. Après s'être renseigné, il contacta un mercenaire pour l'aider dans sa tâche. Plus précisément : éliminer ses potentiels ennemis politiques de Seikusu. Il devait le rencontrer aujourd'hui. Dix-huit heures. Hélas, Shichou avait des affaires à régler en Enfer et les Enfers, c'est plus important que la Terre. Cela ne faisait qu'une demi-heure qu'il s'était absenté, laissant le soin d'accueillir son futur employé à ses deux « filles ». Sous leur forme humaine, on eut dit deux filles modèles d'une famille aisée. Elles portaient toutes deux leur uniforme beige assez serré (ça n'est pas pour rien) et aucun signes extérieurs ne pouvaient trahir leur véritable nature démoniaque.

      Scanty était assise à la place de son père dans une posture très féminine. Les jambes croisées, elle regardait les divers papiers qui se trouvaient devant elle. Kneesocks, quant à elle, était assise sur le bureau même, regardant à l'extérieur d'un air désintéressé. Son regard se dirigea maintenant vers l'horloge murale puis elle soupira :

- Scanty... J'espère que tous les humains ne sont pas dénués de ponctualité... 

      L'intéressée leva les yeux vers sa sœur puis elle esquissa un sourire.

- Ne t'en fait pas, Kneesocks. Il arrivera. Dès lors nous devrons jouer notre rôle à merveille. C'est important. 

      La démone aux cheveux initialement verts marqua une légère pause puis ajouta :

- J'ai prévenu à l'homme devant la porte du bureau de le laisser entrer quand il arrivera. Nous n'avons plus qu'à patienter. 

      Kneesocks remonta ses lunettes sur son arrête grâce à son index droit. Ceci fait, elle croisa les bras et son regard se perdit à nouveau dans le vide. Scanty paraissait très sûre d'elle, elle fixait la poignée de la porte, attendant avec impatience la venue de leur visiteur.

Ce soir là, Mach devait se rendre à la Marie pour un rendez vous. Pourquoi ? Et bien parce que s’était là bas qu’il était censé rencontré son futur employeur s’il en croyait l’intermédiaire qui était venu le contacté pour lui proposer le travail. L’homme avait d’ailleurs trouvé cela étrange dans un premier temps, mais, il se dit qu’au final cela ne le regardait pas, et son employeur pourrait être n’importe qui, que ce dernier le traiterait avec la même déférence. Ainsi, à l’approche de l’heure du rendez vous, qui avait été fixé à dix huit heures, le jeune homme se mit en route. Nul besoin de demander sa route, puisque trouver la Mairie était un jeu d’enfant.

Mach n’avait pas prit non plus la peine de changer de style vestimentaire, conservant son treillis militaire et ses armes dissimulées, se disant que quelque soit la personne qu’il allait rencontrer, l doutait fort que se soit un critère de sélection, même si aux yeux de son entourage à lui, cela serait peut être peu convenable.

Il se présenta alors devant l’établissement, qui avait normalement fermé ses portes au public, vu l’heure. Mais, un homme semblait l’attendre, et le fit entrer lorsqu’il annonça qu’il avait rendez vous.  Aucune question, ni échange de paroles ne seraient posées d’ailleurs pendant que Mach se faisait guider dans cet établissement municipal assez luxueux.

*Et bien je vois que le Maire ne se refuse rien !

Pensa le mercenaire alors qu’il regardait discrètement, mais sans se cacher non plus, les diverses décoration des salles qu’il traversait. Puis, finalement après une longue montée en ascenseur, l’homme lui montra une porte et le laissa y aller seule. Mach parut un peu surprit, puisqu’il pensait que ce dernier allait l’annoncer, mais non ce dernier resta dans l’ascenseur et disparut bientôt avec la fermeture des portes. Mach se dirigea alors vers la double porte en bois, richement décorée, qu’on lui avait indiqué puis frappa dessus avant de l’ouvrir.

- Je viens pour la requête qu’on m’a demandé !

Dit-il pour s’annoncer, sans déclamer son identité. Quel en aurait été le besoin de toute façon, puisque son futur employeur devait déjà la connaître. Mais, une fois entré, le jeune homme ne vit pas une, mais deux personnes, et deux jolies femmes en plus. L’une était assise normalement sur le fauteuil du bureau, tandis que la seconde l’était elle plus nonchalamment sur le bureau même. Mach referma la porte derrière lui, alors qu’il s’avança dans la pièce par la suite.

- Je suppose que s’est vous qui avez besoin de mes services ?

Demanda t il calmement, faisant passer son regard d’une femme à l’autre. Son ton montrait au passage qu’il ne tenait pas vraiment compte de savoir qui était son véritable employeur parmi ces deux demoiselles. On ne lui avait pas donné beaucoup d’informations, voir aucunes, sur celle qu’il devrait rencontrer, et le mercenaire était loin de chercher à entrer dans la vie privée des gens. On lui donnait du boulot, et il l’accomplissait, peu lui importer qui ou les raisons de ce dernier.

      L'attention des deux jeunes femmes fut capté par un bruit. On venait tout juste de frappé sur la grande porte de bois, ce qui produit un bruit sourd, et leur futur employé venait tout juste d'entrer dans la pièce. Elles affichèrent un sourire satisfait tout en observant la recrue. Il ferma la porte et s'avança plus loin dans la pièce. Malgré le peu de manières dont l'homme fit preuve, les deux sœurs Sumiwataru n'en dirent rien.

      Scanty décroisa les jambes et les recroisa dans l'autre sens. Elle posa ses coudes sur le bureau et croisa ses doigts.

- Asseyez-vous, je vous en pris.

      Dit-elle aimablement en désignant un siège en face du bureau.

- Vous devez être Mach, c'est bien ça ?

      Cela pouvait être malpoli de la part de la démone de ne pas répondre dessuite à sa question, mais qu'est-ce qu'elle aimait prendre son temps avec les gens...

- Nous sommes Nanae et Narue Sumiwataru. Enchantées.

      Fit-elle en désignant sa sœur, qui acquiesça un geste poli de la tête. La dite Nanae s'avança légèrement sur le bureau.

- Pour tout vous dire, notre père a dut s'absenter en toute urgence. N'ayant put vous contacter plus tôt, nous avons été chargées de vous rencontrer à sa place. Vous nous excuserez de la gêne occasionnée...

      La première des deux sœurs se blottit dans le fauteuil de son père, laissant la parole à sa parenté. Kneesocks, sous le rôle de Narue Sumiwataru, se leva du bureau et passa derrière, jetant un regard furtif à travers le mur vitré, d'où elle pouvait voir une grande partie de Seikusu. Serrant un dossier contre sa poitrine, elle se tourna enfin vers Mach.

- Monsieur Sumiwataru vous a contacté il y a trois jours pour établir un contrat provisoire. J'imagine que vous savez quelle est la raison précise de votre venue ?

      Narue avait presque l'air d'une véritable femme d'affaire dans son uniforme et avec ses lunettes, sans parler de cet air sérieux. Totalement sûre d'elle, elle faisait bien entendu référence à l'assassinat des ennemis politiques du maire. Il n'était pas tellement calé côté politique terrienne, il lui fallait donc utiliser les moyens « pas très catholiques ».

- Nous devons empêcher que Monsieur Sumiwataru perdent les prochaines élections, voyez-vous. Pour l'instant, les possibles voix en notre faveur représente beaucoup, mais nous pensons que Monsieur Takahashi est sur le point de répandre des rumeurs en sa faveur, et surtout contre nous. De plus, un certain Akira Murakami, un récent venu dans le monde de la politique, serait susceptible de se faire élire. Pour terminer, Hideko Hayashi semble être un « allié » de ces deux personnes. Nous ne prenons aucun risque.

      La jeune femme ouvrit le dossier pour en extirper trois photos qu'elle posa sur le bureau, en face de Mach. Ces hommes étaient de vrais bienfaiteurs, à la base. Ils avaient une famille, une vie, et ils luttaient pour rendre Seikusu meilleure.

- Par ailleurs, monsieur le maire nous a demandé quelque chose de particulier...

      Nanae esquissa un sourire et son regard se fixa droits dans les yeux de leur futur employé. Une excuse, un prétexte pour pouvoir s'amuser avec Mach, que les deux sœurs avaient trouvé quelques heures avant sa venue dans le bureau du maire.

- Monsieur le maire ne sera pas de retour avant quelques temps, et il avait une demande particulière à formuler auprès de votre personne. Il vous prie donc de rester ici jusqu'à son retour.

      Shichou devait rentrer dans quelques heures, mais Mach n'était pas censé le savoir. En quelques heures, on peut en faire des choses. Le sourire de la jeune femme s'élargit lentement, un peu comme pour l'implorer d'accepter sa demande.

Une fois arrivé dans le bureau et avançant pour se placer à quelques pas de ce dernier, où se trouvait les deux jeunes femmes, Mach se montrait assez décontracté, et qu’il se fichait bien de se montrer convenable dans sa démarche ou sa façon de prendre la parole. Pourtant, les deux demoiselles ne semblèrent pas s’offusquer de la chose, et l’une d’elle, l’invita même à s’assoir, lui désignant l’un des fauteuils avant de s’assurer de son identité.

- En effet, s’est bien moi.

Répondit-il en prenant place calmement à sa place, alors que les deux jeunes femmes, ravissantes qui plus est, enchainaient sur leur propre présentation avant de poursuivre directement sur le fait qu’elles n’étaient finalement que des messagères, puisque celui qui avait formulé la demande du mercenaire était leur père.

- Mais, il n’y a aucune excuse à formuler. Je ne me formalise pas sur l’identité de mon employeur. Il a ses affaires à régler, comme j’ai les miennes, et je suppose que vous avez les vôtres.

Mach se montrait calme, et croisa les jambes à son tour, en croisant aussi les bras, prêt à écouter la requête de ces deux belles femmes. Et alors que la jeune femme, Nanae s’il ne se trompait pas, s’installait confortablement dans son fauteuil elle aussi, se fut la seconde qui enchaîna, en se leva, pour aller chercher un dossier. Le jeune homme la regarda faire, mais ne posa réellement son regard sur elle, que lorsque celle-ci lui demanda la raison de sa présence.

- Bah, je suppose que s’est pour faire le sale boulot qu’il ne peut pas faire lui-même, pour ne pas se compromettre.

Répondit calmement, sans montrer une once d’hésitation ou que l’idée de faire un travail malhonnête ne le dérange. Après tout s’était son rôle ce genre de chose, tant qu’on le payait convenablement, il se fichait des risques encourus.  Ainsi, la jeune femme ne tarda pas à reprendre ses explications, sur ce que Mach aurait à faire. Elle cita des noms qu’elle finit par associer à des photos qu’elle posa sur le bureau à la vue de l’homme, qui ne tarda pas à les prendre en mains pour les observer plus attentivement.

 - E dois je simplement les éliminer ou leur faire comprendre de quel camp se ranger seulement ?

Demanda t il calmement, comme si quelque soit la réponse de l’une des deux jeunes femmes, cela ne lui poserait aucun problèmes pour accomplir la mission, même si les méthodes diffèreraient surement.

- Et quelle est cette demande ?

Demanda t il en relevant les yeux des photos pour croiser le regard de Nanae, qui venait de parler, et continua sur sa lancée en lui demandant s’il pourrait patienter ici quelques temps pour rencontrer le Maire et que ce dernier lui dise ce qu’il voulait lui dire visiblement personnellement.

- Je n’y vois aucun problème, bien que vous comprendrez que cela sera comprit dans mes commissions !

Dit-il calmement. En effet, le temps qu’il passerait à patienter, serait d’autant plus du temps perdu pour accomplir son travail, et les autres qui pourraient suivre. Il faudrait donc bien une compensation à cela. Même si le sourire des deux jeunes femmes montra que celles-ci devaient déjà avoir prévu quelque chose pour remédier à la situation, et le mercenaire attendait de voir ce qu’elles auraient à lui répondre et proposer.