Prise de poste [TOPIC CLOS]

Vision plutôt floue ...

Naoya était dans la maison de son enfance mais elle avait comme une curieuse sensation. Elle était dans sa chambre, assise sur son lit. Elle descendit de celui-ci et passa devant un miroir. Elle se vit alors. Elle avait sa taille d'adulte, sauf que ... Sauf que Naoya n'avait jamais remis les pieds dans cette maison depuis le drame familial. Agnieska, sa mère, avait préféré prendre ses deux enfants et partir très loin d'ici, histoire de refaire sa vie et d'oublier tout ce qui avait pu se passer ce soir là. Curieuse, la jeune femme, à ce jour, infirmière, quitta sa chambre. Une main sur la rambarde, voilà qu'elle descendait les escaliers, lentement, mettant un pied devant l'autre pour éviter de tomber. Tout ce qu'elle voyait était plutôt flou ... Comme si ... Comme si c'était pas réel ...

Ses pieds quittèrent enfin l'escalier et revinrent sur le plancher des vaches. Naoya regarda à droite, puis à gauche ... Personne dans la cuisine. Personne dans le couloir où elle était non plus. Et pourtant, y'avait des bruits ... La télévision était certainement allumée. Du moins, c'était ce qu'elle se disait. La jeune femme s'avança dans le couloir, lentement et en s'approchant du salon, elle vit une ombre plutôt curieuse. Quand elle finit par rentrer dans le salon, l'ombre avait disparu ... Sauf que ... Sauf que y'avait deux cadavres au sol, deux cadavres d'adolescent. Une porte s'ouvrit alors, la porte d'entrée. Naoya vit son frère, puis sa mère, puis elle même tandis qu'elle était encore petite.

***

Fichu rêve ...

Naoya se réveilla dans le taxi qui l'emmenait vers l'hôpital Resurgam, à Seikusu. Elle s'étira légèrement. Elle avait dormi quoi ... Peut-être seulement dix minutes et elle semblait en forme. Elle qui avait de légères cernes avant de monter dans le véhicule, et bin, elles avaient toutes disparu. C'était comme ça avec Naoya. Elle pouvait dormir dix minutes et bam, elle pétait la forme ensuite. Heureusement, d'une certaine manière. Et ça l'aidait grandement dans son boulot. Pourquoi ? Et bin, y'avait des fois où elle avait fait de longues gardes. Et dans ce cas là, dormir plus de trois ou quatre heures, et bin, c'est un luxe qu'on a pas souvent. Suffisait qu'elle dorme pendant sa pause réglementaire et bam, elle pétait ensuite la forme. Dingue non ? Dingue mais utile.

Brèfle. Le taxi tourna dans une ruelle et voilà que le grand hôpital Resurgam se dressait devant elle. Naoya s'était présentée pour un poste d'infirmière. Et la direction avait accepté de la prendre à l'essai. Au moins, ils pourraient voir comment elle travaillait et si elle était efficace ou non. Et si jamais, par le plus grand des malheurs, ils n'étaient pas satisfaits, et bin, tant pis. Elle postulerait dans un autre hosto. Resurgam n'était pas le seul mais c'était peut-être celui qui avait la plus grande cote de popularité. La renommée était importante tout de même. Et puis, ça serait toujours bien de travailler en chirurgie. Bon, elle n'y serait peut-être pas tout le temps. Sûrement qu'elle serait, de temps à autre, aux urgences, mais c'était pas plus mal non plus.

Naoya paya sa course et pénétra alors dans le bâtiment. De l'extérieur, comme de l'intérieur, c'était vachment grand. Elle se disait qu'elle finirait par se prendre, du moins, les premiers temps. Mais bon, on lui avait dit qu'on lui ferait visiter les principaux services avant qu'elle ne se mette réellement au travail. Avec un peu de chance, peut-être pourrait-elle se repérer un peu. Brèfle, où allez maintenant ? On lui avait demandé de venir à l'hosto mais on ne lui avait pas donné de nom ni indiqué ce qu'elle devait faire ... Naoya haussa des épaules tandis que les infirmiers, infirmières, allaient et venaient, s'occupant de leurs patients. La jeune femme s'avança, cherchant je ne sais quoi, cherchant je ne sais qui. Mais elle trouverait bien.

Une nouvelle journée commence. Une journée pleine de patients, de blessés, d'imprévus, de bonnes surprises, son lot de tristesse, de colère, de joie... Bref, c'est ce qui fait que l'on aime travailler dans un hôpital ou non. A Resurgam, c'est un peu de tout. Quelques morts de temps en temps, beaucoup de sauvetages, pour la plupart in extremis, la vie n'est pas facile. Mais c'est comme ca que moi, Blain, chirurgien en chef du département chirurgie générale de l'hôpital Resurgam, je peux vivre pleinement mon job. Ainsi donc, c'est une nouvelle journée qui commence. J'enfile mon habit de travail, je serre mes bottes, j'ajuste mon badge, je mets ma bouse, j'étire mes gants, et on est partis. Je commence à me promener dans les couloirs, saluant certaines personnes.

-Monsieur Hankie ! Bien le bonjour ! Comment va votre jambe ?
-Ca va bien mieux, docteur, et c'est grâce à vous ! Si vous n'aviez pas été là lors de l'accident de la grande roue...¹
-Ce n'est pas moi qu'il faut remercier. C'est une civile qui vous a sauvé et c'est le docteur Freebird qui vous a opéré.
-Et qui a appelé à l'aide, hein ? Vous avez beau être jeune et intelligent, vous ne savez pas recevoir les compliments.

Et voila, ce cher monsieur Hankie m'a donné mon petit sourire de la journée. Depuis l'affaire CR ², je commence à m'ouvrir peu à peu au monde extérieur. C'est nécessaire afin que nos patients se sentent bien. Et puis, c'est aussi bien pour le personnel. Ca reste dans le cadre de l'hôpital, mais au moins, ce n'est pas que pour parler avec les collègues. En parlant de collègue...

-Hello, Yumi !
-Blain ! Tu es déjà là ? Tu es tombé du lit !
-Non, c'est juste, je me souviens de mon premier jour ici, et je me sens un peu pareil en ce moment.
-Espèce de jeune imprudent, va.
-Je sais. Je te rappelle que tu as mon âge.

Petit contact de nos lèvres avant de partir chacun de notre côté. Je continue quelques mètres, et je tombe sur deux infirmiers qui s'engueulent. Je l'avais dit... Resurgam, son lot de colère, de joie, de tristesse. Je règle le problème rapidement. je sors deux scalpels, et je pose le plat des deux lames sur leurs pommes d'Adam.

-Bon, les jeunots. On se calme. L'hôpital est pas fait pour s'engueuler. Si vous vous engueulez à l'intérieur de cet établissement, je vous coupe en tranches, je vous hache et je vous vends au charcutier d'en face. Pigé ?

Ils acquiescent doucement, en sueur. Je jette les scalpels par la fenêtre, dans le mur habituel. Le dessin de mon badge en agrandi et dessiné au lancer de scalpels est bientôt fini. Il ne manque plus que le "E" de "FIRST CARE". Je continue donc mon inspection des lieux.

-Mademoiselle Akiyoshi ! Vous avez finalement été reçue ! Comment ca v...
"Le docteur Blain est demandé d'urgence en salle d'opération n°3-2 accompagné d'une infirmière. Arrêt cardiaque confirmé. Je répète, le docteur Blain est demandé d'urgence en salle d'opération accompagné d'une infirmière. Arrêt cardiaque confirmé."
-Nous parlerons plus tard. C'est votre premier jour, je crois ? Venez avec moi, ce sera l'occasion de vous tester.

La prenant par le bras, je commence à courir vers les escaliers. La 2e O-R du troisième étage... Très bien. Il est temps de commencer la journée par une urgence. Pourvu que ce ne soit pas un patient de l'affaire de la grande roue !

J'arrive sur les lieux, haletant. J'ai du prendre la nouvelle infirmière dans mes bras pour qu'on puisse s'y rendre plus vite. Je rentre dans la salle d'opération... Et je regarde le blessé. Toutes mes craintes se confirment, je 'nai opéré que 45 corps. La civile avait laissé mourir une personne, et je ne la blâme pas. Mais elle m'avait parlé d'un blessé avec un bout de fer dépassant de dix centimètres de sa tête...

C'est notre patient.

1 : Voir "Ferris wheel ride"
2 : Abréviation de Case Rosalia, affaire ayant condamné Blain à 19 ans de prison ferme.

Fichtre !

Les employés savaient bien s'occuper n'empêche. De son petit tour, Naoya n'avait personne les yeux levés au plafond ... Afin, y'avait bien certaines personnes qui s'engueulaient mais bon, tant qu'ils repartaient vers leurs patients ... Enfin. Les bras croisés, Naoya continuait à marcher quand elle tomba sur le docteur Blain. Ah oui, elle l'avait rencontré brièvement lors de son entretien avec les grandes "pontes". Brièvement parce qu'il avait été appelé d'urgence pour une opération. Quoi, elle ne savait plus très exactement mais bon, il avait dû s'absenter. Voyant ce premier visage qu'elle avait déjà vu brièvement, Naoya se rapprocha de lui, pour lui serrer la main, d'une part, et pour le saluer, d'autre part. Seulement, elle n'eut le temps de faire ni l'un, ni l'autre. Blain fut interrompu par une voix féminine qui parlait dans un micro, et dont la voix résonnait donc dans tout l'hôpital, ou presque. On le demandait sur un patient qui souffrait d'un arrêt cardiaque. Et il lui fallait la présence d'une infirmière. Tant pis, elle discuterait avec lui plus tard. Sauf que ... Sauf que Blain lui demanda si c'était bien son premier jour et ajouta, par la suite, que ça serait bien si elle venait avec lui.

"Oui mais je ..."

C'était effectivement son premier jour, ici, à Resurgam. Mais cela ne signifiait pas pour autant qu'elle n'avait jamais exercé, bien au contraire. Sauf que, ce n'était pas au service chirurgie qu'elle avait été précédemment affectée.

Naoya n'eut pas le temps de dire grand chose de plus. Car la voilà qui était entraînée dans les différents couloirs de l'hôpital. Elle se trimbalait encore avec son sac et sa veste. Elle n'avait pas eu le temps de les déposer dans la salle de repos et quand bien même elle aurait eu ce temps, elle ne savait pas où se trouvait ladite salle XD. Les deux membres du personnel médical se retrouvèrent rapidement dans les escaliers. Sauf que ... Sauf que Naoya n'allait, vraisemblablement, pas assez vite pour Blain si bien qu'il avait pris soin de la prendre dans ses bras. O_o Manière un peu étrange mais bon, c'est sûr qu'ils allaient plus vite ! Blain devait avoir l'habitude de monter et descendre les escaliers à longueur de journée, ce qui n'était pas encore le cas pour elle mais sûrement que ça viendrait. D'un certain côté, heureusement qu'elle n'avait pas mis des chaussures à talons ! D'ailleurs, pour ainsi dire, elle n'en mettait jamais. Trop pénible.

Après quelques instants, voilà qu'ils se retrouvaient tous les deux dans la salle d'opération. Enfin, Blain était rentré en premier. Le patient, installé sur la table sur laquelle il allait probablement se faire opérer, avait un bout de métal dans sa tête. Hmmm ... Ca lui rappelait la fois où, pendant son service aux urgences, elle avait croisé un patient avec un couteau planté dans le front. Apparemment, il s'était battu avec sa femme pour couper la dinde, ou un truc dans le genre. Naoya n'avait pas bien compris toute l'histoire. Mais pour dire que le couteau avait, par chance, épargné, on ne sait comment, les zones les plus sensibles.

"C'est pas génial."

Naoya s'était rapprochée du patient, après avoir laissé son sac sur le côté. Elle demanda à ce qu'on lui donne des gants et regarda de plus près la blessure. Hmmm ... Ca allait pas être de la tarte pour lui retirer ce bout de métal. Et les dégâts au cerveau pouvaient être considérables. Il pouvait se retrouver tétraplégique, ou bien pire encore. Peut-être qu'il ne se réveillerait jamais ... Penser positivement. Bon, ils étaient pas là pour le bout de métal, mais plutôt pour l'arrêt cardiaque que le bonhomme était en train de faire. Fallait que le patient retrouve un rythme sinusal, et vite, avant que le cerveau ne soit complètement grillé, du moins, s'il ne l'était pas encore.