À la fois attendri et fasciné par les propos de la jeune fille, Malahel écoutait attentivement son argumentaire, avec une main devant la bouche qui venait lui servir d’appui. La partie supérieure de son corps se penchait vers l’avant à certains moments pour approcher son oreille et mieux entendre les propos. Il ne pouvait renier que c’était des idéaux adorables qu’elle étalait ici, par contre, il se sentait atrocement mal de devoir détruire ses rêves et espérances par la vérité. Pendant quelques instants, il hésita même à simplement lui dire que toutes les opinions se valaient, même si il ne le pensait clairement pas, dans le simple but de ne pas trop détruire sa confiance envers le destin. Elle lui parlait de la volonté divine, du destin impossible à changer et de quelle manière il n’avait pas affaire à s’impliquer dans les choses du destin. Il se décide finalement à lui exposer la vérité de l’existence, quand elle expose le nom qu’elle utilise. Il avait longtemps réalisé que rare étaient ceux qui se présentaient sous leurs vrais noms en société, par contre, il ne voyait pas pourquoi ELLE le ferait. Son échelle de méfiance était au plus bas qu’elle pouvait l’être, mais prudent, l’idée restait au plus profond de sa réflexion. Il commença à répondre.
''Enchanté (en réaction au nom)...comment pourrais-je commencer ?...''
Il se gratte le menton en fixant le ciel réfléchissant réellement au meilleur moyen d’expliquer le tout. Après une quinzaine de seconde, il continua.
''Certainement que ce plan d’existence n’est rien de plus qu’une création démiurge. Par contre, il faut remettre la question de la bonté et la justesse du créateur. Est-ce que ce ou ces derniers ont vraiment en tête le bien être de quelque chose qui n’est pour eux que des...insectes ? La création est indéniable, mais les gestes que les hommes posent n’ont rien d’une influence divine. Par exemple, je pourrais prendre une branche et l’enfoncer dans le ventre de cet homme (il pointe un homme du doigt). Est-ce que le geste serait d’influence divine ou de ma propre volonté ? La réponse est évidente. Il ne faut pas laisser la nature juger d’elle-même, car même si, nous sommes des éléments de la nature, cette nature en tant que tel n’a pas de raison. Sous-entendre que la nature fait preuve d’un certain jugement, serait prétendre que cette dernière n’a, non seulement, des intentions, mais aussi une personnalité.''
À la fois fier et inquiet de son explication, il ne peut s’empêcher de s’imaginer les espérances détruites de la jeune fille. La dernière chose qu’il voulait c’était de détruire l’égo et la confiance en sa raison de quelqu’un. Il s’excuse d’un signe de main, qui n’avait en rien l’air d’une excuse et amplifia.
''Donc, chaque geste posé par un être, n’est en aucun cas désigné par quelconque influence extérieure, mais bien la propre volonté de l’être. Convenons-en. Le moment où je dois t’arrêter, les hommes ne sont pas fait de la haine. Les hommes existent et au fil des expériences vont développer une haine immense. La haine n’est pas à proscrire, elle est l’énergie du changement. Par contre, c’est l’énergie de la dégradation et la stagnation. Les pulsions ne sont pas à retenir, elles sont simplement à changer. Reprenons l’exemple de l’esclavage, un homme ayant quelques esclaves chez lui. Es-tu consciente de ce qu’il fait ? Il doit être en train d’ouvrir des plaies sur leur dos pour les remplir de cire brulante. Elles ne peuvent que laisser leurs lèvres parler, si tu vois de quoi je parle...Elles ne méritent pas leur sort, le processus de l’esclavage est très simple. Une jeune être,ou un jeune être dans les cas plus rares, sont dans une situation X dans laquelle ils ne peuvent se défendre, donc des esclavagistes viennent l’enlever de cette situation pour la revendre. Ce n’est pas cette nature, que tu aimerais prétendre comme intelligente, qui vient en décider. Ce n’est pas la terre qui va la transporter jusqu’à la place publique. C’est bel et bien un autre être.''
Pour expliquer en profondeur la différence entre la nature et les êtres. Il arrache une plante du sol et la dépose dans sa main.
''Si cette plante, objet de la nature, était vraiment capable de jugement. Est-ce qu’elle se laisserait détruire aussi facilement ?''
Sans vraiment y penser, il commence à déconstruire la plante qui en quelques secondes ne devient, rien de plus, qu’une poudre blanchâtre qui s’est empilée au creux de sa main. Il souffle sur cette dernière pour la laisser partir au vent. Dans le fil de sa pensée, il ne réalise même pas qu’il vient d’exposer quelque chose important sur lui-même. Pas qu’il cherchait à cacher ce qu’il était, mais il ne cherchait pas non plus à l’exposer.
''Donc, la nature n’a pas de volonté, mais ce sont bien les hommes qui la domine et posent des actes de leur propre gré. Sinon, cette plante m’aurait empêché de la détruire.''
Il était parfaitement conscient de la faiblesse de sa conclusion et du sophisme duquel il faisait preuve, par contre, il avait trouvé que c’était le meilleur moyen d’en venir à cette conclusion. Puis, c’est à ce moment que l’idée lui retraverse l’esprit. Est-ce qu’elle exposait vraiment son opinion, où se jouait-t-elle de lui ? Bien qu’il n’y avait rien qui laissait sous-entendre ce qui était, sans qu’il le sache, un fait. Il rapproche son visage, non par intimidation, mais simplement par contact avec son interlocuteur.
''Mais tout cela, c’est seulement si c’est réellement ton opinion...''
Il accompagne son doute d'une sorte de sourire à la fois mesquin et rassurant. De cette manière, si il avait raison, ce ne serait qu’un besoin de précision pour cette jeune fille. Par contre, si il avait tort, elle pourrait penser qu’elle avait été démasquée et elle laisserait sûrement tomber son masque sans le vouloir.