Voilà des heures que je fixe cette porte… Elle hante mes pensées, depuis cette rencontre et ce qu’elle m’a fait ressentir lorsque j’étais sous la forme de son frère, je n’avais jamais connu ça avant. Mais je ne dois pas oublier que je me suis fait berner, et lorsque j’ai essayé d’établir un contact plus ou moins sain avec elle, comme d’habitude la réalité à rattraper la fiction. Je me suis vengé pour ça… Elle a payé le prix, alors pourquoi je suis ici à fixer cette porte ?
Serai-ce un manque que je ressens ? Ou tout simplement l’envie de constater par moi-même que sa vie est un désastre depuis qu’elle a croisé ma route ?
Je dois avouer qu’elle me trouble, généralement avec mes victimes, soit je passe une nuit avec elles, avant de les relâcher et de ne plus m’en préoccuper, soit je les prends sous mon aile et en fait mes esclaves, mais avec Adelheid ce n’est rien de tout ça.
Il faut que je la chasse de mon esprit une bonne fois pour toutes, une dernière rencontre… Je lui fais de nouveau perdre tout espoir, et je m’en vais pour de bon… Puis je pourrais reprendre "convenablement" mes activités, après tout, des femmes toutes plus belles les unes que les autres m’attendent, et je suis là devant cette porte à me poser toutes ces questions. Rien que pour ça, tu vas me le payer Frig.
A cet instant je me rends compte, que de lui-même mon corps s’est transformé, je regarde mes mains grandes et pâles, mon œil gauche est couvert, alors que près de mon droit des mèches de cheveux d’un blond presque blanc viennent se perdre, et je n’ai pas besoin de plus de détails pour constater que je viens de prendre la forme de Théodor. C’est la première fois que je me transforme sans l’avoir vraiment décidé, comme si c’était une partie de mon subconscient qui l’avait réclamé.
Un jean couvre mes jambes, une chemise blanche mon buste, et par dessus tout cela un manteau noir en cuir s'arrête au niveau de mes genoux. Je me décide à avancer vers cette porte, celle de l’appartement de Théo où j’ai suivit Adelheid, mais avant d’entrer, je prends une légère inspiration, comme si j’appréhendais de la revoir… Pfff… Foutaises, c’était juste pour me concentrer et bien me mettre dans mon rôle… Nan ?
J’appuie sur la poignée et pousse la porte pour entrer dans l’appartement, après l’avoir refermée derrière moi, je traverse le hall pour arriver dans le salon, et mon regard se pose sur Frig. A mesure que mes yeux parcours le corps de la Norvégienne, mon cœur s’emballe, il est mis en valeur par cette chemise, couvrant nonchalamment ses formes. Elle me fixe, avec émotion, avec cette sincérité dans le regard qui ne peut que laisser désarmer. Serrant les poings comme pour reprendre le contrôle de mes émotions, je ferme un instant les yeux, et quand je les rouvres, j’affiche un sourire taquin vers Adelheid.
Alors comme ça on prend ses aises ?
Mon sourire s’élargit au fur et à mesure que je reprends le contrôle de la situation, puis je croise les bras en affichant une moue spécifique à Theodore.
Enfin pour une fois ça aura servit à quelque chose ! J’ai perdu mes bagages, du coup, mes clés avec ! Je n’aurai pas pu ouvrir la porte.
Je ne sais pas vraiment ce qui m’est arrivé, d’habitude je ne stresse pas avant une rencontre, c’est naturelle pour moi, ça me paraît étrange… Enfin… Encore faut-il que ce soit juste le stresse qui m’a mis dans cet état…