L'ambition-même guidait ses pas tout au long de son existence. Elle avait fait de lui, un être implacable, dont la puissance ne pouvait être sondée. Aucune autre divinité n'oserait ainsi défier l'humanité, ainsi profaner des sanctuaires, et ce, en toute sérénité. L'unique place de Maitre Suprême est vacante, elle se trouve au dessus de Zeus qui partagent le monde avec ses enfants. Certains d'entre-eux, devaient même la vie à des mortelles... Ecoeurante combinaison, erreur de la nature, abomination. D'autres, éhontés, vivaient avec les mortels... L'Olympe avait définitivement perdue de sa splendeur. Seul un être dont l'âme peut gouverner le monde en toute impartialité pourra espérer s'introniser dans cette place tant convoitée. Hadès s'en emparera, lui, Justicier Suprême dans l'autre monde.
Les mortels jouissent d'une courte vie, et ce n'est qu'à leur mort, dans le Royaume d'Hadès, qu'ils prennent conscience de leur erreur en ayant idolâtré et divinisé autre que lui.
Le regard d'Hadès s'aiguisa en cours de chemin vers sa chambre, précédé par Pandore. Ressassant encore et toujours son passé, son histoire, comme pour entretenir cette force qui anime son âme, sa passion, son courroux...
Arrivé près de son grand lit aux draps soyeux, la totalité de ses vêtements s'évaporèrent dans l'espace en une très légère fumée sombre au doux parfum. La nudité était chose courante à l'Olympe, les Dieux n'ont pas les mêmes notions de vie que les mortels, l'Empereur du Meikkai le fit en toute innocence, toute création est nue à l'origine. Ses pieds nus progressèrent sur un tapis de soie brodé par la main des immortels, dont l'esprit créatif et l'habilité n'ont pas d'égale sur Terre.
Hadès s'installa sur son lit, se couvrant de son drap fin jusqu'au dessus du bassin. Allongé de face, ses bras se croisèrent accueillant sa tête dans leur creux. Ses paupières voilèrent de moitié son regard, la douce mélodie de Pandore berça son âme. Son visage, ainsi que son attention étaient orientés vers elle. Le son agréable emplissait l'atmosphère, bannissant le brouhaha infernal des damnés. L'empereur du meikkai clignait très lentement des paupières, sans détacher son regard de celle qui avait une emprise certaine sur lui. Cette magnifique femme qui ne pensait qu'au grand bien d'Hadès négligeait complètement le sien, sa dévotion ne comportait décidément aucune faille...
Pandore était assurément la seule en qui Hadès avait confiance, son sommeil pouvait être profond à ses cotés. Même Perséphone, sa femme, n'eut cette preuve là. Hadès restait toujours sur ses gardes auprès d'elle, conscient que son égoïsme avait attisé la haine de la fille de Déméter... Leurs ébats sexuelles n'étaient faits d'aucun amour, d'aucune tendresse, seul l'assouvissement d'un désir naturel les forçaient à collaborer de temps à autre. Perséphone s'empressait toujours de quitter les Enfers lorsque la période automnale et hivernale s'achevait... Le Pouvoir et l'Ambition, avaient enchainés Hadès à la Solitude...
Pandore... Que désires-tu de plus cher dans tout l'univers...?
L'Empereur du Meikkai savait être bon envers ceux qui lui sont fidèles et dévoués, ils leur promet l'Eden et tous ses délices, la réalisation de leurs rêves. Pandore verra son grand bonheur enfin comblé...