Vendredi : 16h30, ça sentait la fin des cours et la fin de la semaine par la même occasion. Tout l'établissement, profs et élèves comme le personnel, avait lentement et subtilement glissé sur la pente du laisser-aller durant ces 5 jours. En effet, la veille du week-end, on était moins exigeant, on laissait couler les choses plus facilement. On n'allait tout de même pas se causer du stress alors que l'heure de la détente s'apprêtait à sonner, que le paradis ultime, avec ses petits chérubins potelés volants, aussi gracieux que des moustiques, nous tendait les bras.Il y avait bien quelques adolescents en retenue et des pions apathiques pour les surveiller, tous malheureux d'être là, sans échappatoire, cela constituait les quelques failles du système "No Stress Friday".
Nava ne comptait pas parmi ces derniers. Aujourd'hui, pas de bleu de travail, mais mp3 greffés aux oreilles, slash et tenue légère, aérée car l'été n'avait pas soufflé son dernier en ce début de mois de septembre. La seule chose qui permettait aux nouveaux élèves de du lycée de savoir qu'il était concierge (à temps partiel...parce qu'il faut pas déconner, quoi...) c'était le balai qu'il tenait entre ses mimines (ou tout autre ustensile propre à la noble profession de responsable de surface, par peur de non-exhaustivité, nous éviterons toute liste).
Le travail finissait dans un quart d'heure, le temps de ranger les outils dans le fatras qui se trouvait être son local fourre-tout (une magnifique et cosy pièce de 2 mètres sur 2 avec vue imprenable sur la cour à poubelle, où la poussière et les cafards vivent en parfaite harmonie). Il l'avait nettoyé tous les couloirs du premier étage, sa tâche, que dis-je, sa mission était donc remplie avec succès et bravoure. Quel homme, ce concierge!
Il se dirigeait désormais vers son débarras, l'allure fière, armé de son fidèle balai dont il allait se séparer durant 2 petits jours. Dans l'établissement, en plus des étudiants collés, restaient encore quelques irréductibles qui arpentaient les allées bâties de bois vermoulu et flanquées de murs blanc cassé, d'une classe à l'autre ou vers la sortie, mais ils se faisaient rares. D'ailleurs, lorsqu'il ferma le local à clé, on ne percevait plus aucune silhouette ni aucun bruit, si ce n'est celui des écouteurs du concierge:
I'm sailing away
Set an open course for the Virgin Sea
'Cause I've got to be free
Free to face the life that's ahead of me
On board, I'm the captain
So climb aboard
We'll search for tomorrow on every shore
And I'll try, oh Lord, I'll try to carry on
La lecture aléatoire s'était arrêtée sur Styx...
Quel putain de groupe!