Le temple était toujours aussi calme, et c'était désagréable. Chryséis savait que la plupart des dieux avaient une très longue existence, et donc le recrutement des fidèles avait eu énormément de temps avant de commencer à devenir substantiel, mais elle était hâtive de devenir puissante, de devenir importante, de supplanter son père et de devenir une puissance importante de l'Olympe. Elle n'avait pas grand chose à envier à qui que ce soit, au niveau de l'énergie, car tous et chacun avaient leurs moments de colère et le monde était peuplé de gens qui se méprisaient et se haïssaient, tous voulaient la vengeance, du mari dont l'ex-femme s'est remarié à un ami, ou de la femme trompée, tous avaient un mauvais fond, et donc, la déesse gagnait jusque là en puissance, jusqu'à atteindre le niveau d'Apollon, au minimum, ce qui flattait déjà son égo car elle avait presque surpassé un olympien, et les artistes refoulés étaient, ma foi, bien nombreux.
C'est donc dans un appareil plutôt simple, vêtue de ses sous-vêtements en dentelle et d'un chemisier blanc lui atteignant les genoux presque transparent à cause de la finesse du tissu, ainsi que d'une brosse à dent dans la bouche (bah quoi? Même une déesse peut se préoccuper de son hygiène dentaire, non?), qu'elle se promena dans le grand temple qui avait été créé pour elle par son grand-père. Parfois, elle se demandait pourquoi Arès ne venait jamais la voir, ne serait-ce que pour lui parler, depuis qu'elle avait passé la cérémonie d'Élévation Divine. Ils s'étaient parlé, puis elle avait elle-même falsifié ses souvenirs. Pourquoi? Elle ne s'en souvenait plus, mais pour sur, c'était pour une bonne raison. Jamais elle n'aurait fait quelque chose d'aussi stupide sans avoir de bonnes raisons de le faire, alors elle avait décidé de se faire confiance et d'oublier ce qu'elle avait oublié.
Alors qu'elle marchait dans son petit chez-soi (qui aurait fait baver un roi, en fait), elle entendit des mots dans le couloir principal. Elle n'aimait pas particulièrement qu'on vienne déranger sa quiétude, puisqu'elle avait la mèche affreusement courte quand on lui faisait affront sans quelle eut autorisé une entrée dans son domaine, mais la curiosité l'emporta sur son irascible caractère, et elle se laissa tenter à découvrir qui était l'intru... ou plutôt, l'intruse! Alors qu'elle contournait sa statue, choquant ses servantes à cause de sa tenue, elle reconnut ces cheveux roux-carottes lorsque Lust la salua. Comment aurait-elle pu oublier ce visage? Elle était l'une des rares qui n'avaient pas assisté à son ascension dans la caste divine, et elle avait nourrit une certaine agressivité envers elle, mais rien de bien méchant, elle voulait surtout savoir pourquoi elle n'était pas venue. Comme son éducation l'exigeait, elle s'autorisa une polie salutation de la tête.
-Bienvenue dans ma résidence, Lust, déesse des vices.
Elle s'approcha de sa tante, si on veut (bien que leur parenté ne soit pas vraiment réelle, puisque, selon la mythologie, Aphrodite est née de la rencontre du sang d'Ouranos avec la mer... ce qui laisse planer le doute sur l'origine de Lust, qui est la déesse des vices. Peut-être du sperme d'Ouranos avec de la lave!) et se rendit vite compte qu'elles étaient à peu prêt de la même taille et que la déesse avait le corps bouillant.. normal, pour une déesse aussi perverse. Même Athéna avait perdu sa pureté si particulière, et si Artémis succombait également, l'équilibre des croyances et leur crédibilité chuterait dramatiquement, et Chryséis n'aura plus vraiment de modèle à suivre. Sa propre mère l'avait conçue en répondant aux désirs de la chair, et non pas par envie de concevoir. "Savoir que nous ne sommes pas le fruit de l'amour, mais seulement un accident causé par l'absence de préservatif, c'est quand même assez humiliant.
La jeune déesse, malgré son statut, sentait bien les étranges effluves qui émanaient de la Déesse et elle tenta tant bien que mal de barricader son esprit contre leurs effets aphrodisiaques, mais elle ne put s'empêcher d'imaginer Lust contre elle... mais dans un lit. Elle secoua la tête, un peu empourprée par cette vision passagère et osée. Encore heureuse qu'elle n'avait que très peu d'expérience sexuelle et encore moins de connaissances dans le domaine, car l'image s'était limitée à un baiser. Elle recula un peu, méfiante.
-E...est-ce que je peux faire quelque chose pour vous? Demanda-t-elle, tentant de résister aux parfums exquis et à l'aura naturellement érotique (perverse) de la déesse des vices.