Avoir l'aide d'un Chamane [PV Nahimana]

Mais où avait elle bien pu atterrir ? Avait été la première question que Kannan s’était posée lorsqu’elle avait débarqué à Seikusu deux jours auparavant. Elle ne savait pas ce qui s’était produit, et se retrouvait donc dans cette ville, comme un cheveu sur la soupe. Evidemment, elle passa pour une bête de foire aux yeux des citadins. Ceux-ci la prenait soit pour une jeune femme costumée, soit une extraterrestre. Très peu avaient comprit qu’elle était une terranide, ce qui ne les empêchaient pas d’ignorer la jeune Furry, la laissant ainsi dans sa détresse. Elle avait donc errer dans les rues, essayant de privilégier les rues moins fréquentées, bien qu’elle ignorait où elle allait. Ce n’était d’ailleurs pas la peine de demander de l’aide aux habitants de la ville, la plupart fuyaient à son approche, même si elle n’avait rien de véritablement dangereux sur elle, puisque cela se serait vu avec la simple robe qu’elle portait.

C’est alors qu’elle tomba sur une affiche placardé sur un mur, au milieu de tant d’autres. Celle-ci faisait l’éloge d’une certaines mystique, donnant un point de rendez vous, qui était inconnu pour la jeune chienne. Celle-ci se tourna alors vers un passant regardant les autres affiches, plus tournées sur des événements du genre concert ou promotion de films. Et bien qu’elle ne savait pas ce qu’elle allait encore faire, se demandant si faire parler les esprits lui serait utile ou non.

- Excusez moi monsieur, pourriez vous me dire où se trouve l’adresse notée sur cette annonce ?

L’homme se tourna vers elle, sans pour autant être surprit, comme si ce n’était pas la première fois qu’il voyait une personne comme elle. Ce qui soulagea un peu Kannan, qui au moins pouvait espérer avoir une réponse enfin.

- C’est une rue qui se trouve dans le Quartier de la Toussaint. Mais, si j’étais vous, ce quartier est loin d’être fréquentable !
- Ah bon, il est si dangereux que çà ?
- C’est un repaire de Brigands et malfrats de tout type.

La réponse surprit la Furry, qui se demanda alors si cela n’allait pas la mettre plus en danger qu’elle ne pouvait l’être actuellement. Cependant, ce genre de lieu existait dans toutes les villes, et après avoir remercié l’homme de l’avoir informé, la jeune femme se dirigea vers l’adresse indiquée, suivant les indications de l’homme, qui, sa mise en garde donnée, ne pourrait pas empêcher Kannan d’y aller si elle le souhaitait. Elle mit bien une bonne heure de marche, et plusieurs requêtes pour demander sa direction avant d’arriver à l’endroit où elle devait trouver la mystique dont l’annonce parlait.

- Euh…Excusez-moi, je suis là car j’ai vu votre annonce pour le mysticisme…

Dit elle d’une voix hésitante, alors qu’elle avançait de plus en plus lentement dans une rue très sombres, et qui à première vue semblait déserte, et encore moins accueillante. En effet, il y avait quelques tas de détritus à certains endroits et l’atmosphère qu’elle laissait entendre était inquiétante, si bien que Kannan n’avait pas fini sa phrase, attendant d’avoir une réponse éventuelle. Et dans le cas présent, ce n’était pas le fait de tomber sur un esprit qu’elle craignait, mais un brigand, qui aurait placé cette annonce pour piéger le premier couillon venu.

Le temps n'était jamais bon dans cette ville, même lors de belles journées ensoleillées. L'atmosphère est plus que suffisante pour témoigner de toute la noirceur de l'âme de cette partie de la cité, constante témoin des vices et des crimes de l'homme. Et vivre dans cet atmosphère... C'était vraiment dur, pour celui ou celle qui ne sait pas s'adapter à ce climat de pression.

Elle préférait de loin les vertes campagnes et les belles forêts du Japon, bien plus riche spirituellement et plus pur, plus sain. Loin de ces charlatans, ces brigands et autres agresseurs... Seulement quand on as besoin d'argent, on ne peut aller par trente-six chemins: il faut trouver des clients, et ici était sûrement le meilleur moyen de mettre ses talents à l'oeuvre. Pas qu'elle aimait faire ça pour de l'argent, mais dans ce monde c'est l'unique chose qui compte... Et il faut bien manger, la chasse est interdite ici.

Assise sur une chaise dépliante en face du minuscule local qui lui faisait office d'appartement et de magasin, elle avait réussi a donner un prix décent à ce taudis sûrement pas en ordre d'aucune condition sanitaire possible - elle avait à peine l'eau et l'électricité -. A l'extérieur, on ne voyait qu'une petite porte en bois très vieille, qui tenais encore par miracle sur ses gonds et dont la poignée tombait souvent. Sur la vitre fragile, des tonnes d'amulettes et autres insignes y étaient collé, avec une petite pancarte vantant les services de Nahimana. A l'intérieur aussi, c'était plutôt exotique: décorations à tout va, gris-gris et autres signes Sioux... Sans compter les parfums.

Elle sirotait un thé bon marché, n'ayant de toute manière pas les moyens de se payer mieux que ça, elle attendait tranquillement qu'une quelconque personne s'intéresse. Ce n'était pas l'heure de faire les marchés, alors autant en profiter tant qu'il faisait bon dans sa petite rue peu rassurante. Elle regardait le ciel, les nuages, les même qu'on vu ses ancêtres des décennies et des décennies avant sa naissance, parcourant leur terres aujourd'hui volées... Elle laissa son esprit vaguer dans l'imagination, se voyant vêtue des honorables costumes de ses ancêtres durant leur époque glorieuse, accompagnée de guerriers puissants et fier... Quand tout a coup quelqu'un la tira de sa rêverie, faisant glisser un peu l'énorme crâne qu'elle portait en couvre-chef.

" Oui ? Que puis-je... ! "

Les yeux grand ouvert, seul une exclamation de surprise, semblant à une aspiration, sortit de sa bouche qu'elle couvrit avec la main, se relevant d'un bond en faisant tomber son gobelet en plastique contenant le thé. Devant elle se tenait une créature sûrement pas humaine, et trop vraie pour être une blague. Aussi, elle sentait l'aura de son esprit, quelque chose d'inhabituel. Ses travaux en tant que chamane étaient ils tant évolué pour qu'il - ou dans ce cas elle - vienne la voir ? Le Grand Sage, qui guide les Chaman ? Jamais elle n'aurait cru qu'il s'agissait en réalité d'une femme...

" G-Grand Waconda ? Est-ce vous ? Grand Waconda, je... Je ne mérite pas votre guidance ! Je n'ai toujours pas rendu à notre peuple la terre qui lui reviens ! "

Se prosternant aussitôt devant la Terranide, elle semblait en effet persuadée qu'il s'agissait de l'incarnation du dieu Sioux, le Grand Waconda, le Sage qui guide les Chaman, l'esprit généreux et tout-puissant qui veille sur son peuple.

" Grand Waconda, je ne suis pas encore assez teintée de l'honneur de notre peuple, mais si vous apparaissez devant moi, que désirez vous ? Je ferai de mon mieux pour accomplir vos volontés et écouterai vos sages conseils, ceux qui ont guidé mes ancêtres ! "

Des personnes peu scrupuleuses se tiendraient sûrement à l'avantage de cette situation...

Kannan se retrouvait dans une rue qui en plus d’être assez étroite était sombre, ce qui va souvent de pair d’ailleurs. Mas, le ciel grisâtre de cette journée n’avait rien fait pour rendre cette zone de la ville plus lumineuse. Déjà qu’elle était loin d’être rassurante quand on sait les dangers qui peuvent y rôder, on pourrait se demander ce qu’une Furry sans véritable moyen de se défendre pouvait faire dans le Quartier de la Toussaint. La réponse était simple, elle venait rendre à une Mystique dont elle avait vu l’annonce. En effet, même si sur Terra, il existait une cité technologiquement assez avancée, la plupart du monde était plutôt moyenâgeux. Ainsi, la population se référait plus souvent aux esprits ou aux Dieux selon leur croyance qu’au pouvoir des innovations et autres systèmes évolués. 

Il avait donc été naturel pour la jeune chienne de chercher à avoir des renseignements par cette méthode plutôt que de se fier aux diverses sources de renseignements plus orthodoxes que pouvait lui offrir Seikusu. Mais une fois à l’adresse indiquée, elle ne voyait personne dans la rue. Elle ne manqua pas de voir quelques portes données sur celles-ci, mais rien qui pouvait ressembler à une boutique de chamane.

Enfin jusqu’au moment où elle aperçut une sorte de petite maison aux fenêtre remplies de ce qui semblait être des talismans, ce qu’elle ne voyait pas très bien de là, et décida d’approcher, en appelant pour voir s’il y avait bien quelqu’un dans cette rue. En étant plus proche elle put voir la pancarte, qui confirmait au moins qu’elle était au bon endroit, mais tout laissait penser qu’il n’y avait personne. La propriétaire était elle sortie pour affaire ? Cela aurait été un manque de pot total pour Kannan, qui ne l’avait pas vu sur la chaise en face de la porte, contre un mur. Mais, il fallait avouer que jusque là, elle avait eu une pile de cartons en piteux états qui lui avait caché le côté droit de cette portion de rue.

La Furry fut alors surprise, sans doute autant que la jeune femme, dont la tenue et le couvre chef ne semblait pas perturber Kannan, quand celle-ci après avoir répondu ouvrit grand les yeux et se mettant la main devant la bouche. La jeune femme voulut se calmer et expliquer la raison de sa venue au chamane. Mais avant qu’elle ne puisse ouvrir la bouche, son homologue reprit la parole pour partir dans une tirade un peu étrange. Ce qui laissa Kannan bouche bée, alors qu’elle comprenait qu’on la confondait avec un Grand Esprit visiblement. Mais ce ne fut pas que des mots, mais aussi une posture que prit la jeune femme en se prosternant devant la femme chien, comme si elle était sa divinité. Kannan était loin d’être habitué à ce genre de comportement à son égard, elle qui avait toujours été une esclave jusqu’à présent, qu’on lui montre une telle reconnaissance était perturbant.

Elle était gênée à telle point que ses joues avaient rougit, et qu’elle se demandait si elle n’était pas tout bonnement en train de rêver. Cela paraissait en effet trop irréaliste comme situation, ou alors la chamane n’avait jamais entendu, ni vu de Terranide, ce qui était une option. Cependant, une nouvelle fois, la jeune femme prit la parole pour lui demander ce qu’elle pouvait faire pour elle, et qu’elle ferait de son mieux pour l’aider.

- Et bien je voudrais pouvoir retourner d’où je viens, et je me suis dit que vous seriez la personne la plus appropriée pour me venir en aide !

Répondit-elle enfin, de façon assez calme. Mais, elle n’avait pas réalisé encore qu’elle n’avait pas dissipé le malentendu, se contentant de répondre à la question de la jeune femme. Mais, elle finit tout de même par se rapprocher d’elle et poser un genou à terre, et une main sur l’épaule de celle-ci avant de reprendre.

- Mais, je vous en prie jeune femme, relevez-vous, je ne mérite pas tant d’égards !

Dit Kannan d’une voix douce, son regard, l’étant tout autant, posé sur la jeune femme toujours prosternée. Elle ne savait pas trop si elle devait faire déchanter la demoiselle sur son identité, mais, elle n’était déjà même pas sur que se soit la réalité ou un simple rêve, à la façon dont avait tourné les évènements. Peut être même que celle-ci prendrait mal le fait d’apprendre que Kannan n’était pas son Grand Waconda ? Après la réaction que la vision de la Furry venait de provoquer, qui savait ce que la suite et l’annonce de la vérité pouvait apporter ?

Nahimana, toujours engouffrée dans son erreur, ne pouvait voir en la venue de la Terranide que l'arrivée du grand dieu Indien, le Grand Sage tant adulé, venu sous sa forme animale. A vrai dire, l'apparence même du Grand Waconda était peu discutée, et on assumait qu'il prenait diverses formes: homme, loup, arbre, ect. Il est l'essence-même de l'esprit Indien et du monde et représente donc toute ses facettes.

Pas difficile donc de confondre pour une indienne profondément ancrée dans ses traditions entre le Grand Waconda et une furry venue d'un monde parallèle. Toujours genoux et coude au sol, elle restait prosternée humblement devant ce qu'elle méprenait pour son dieu, sans même comprendre que ses paroles voulaient lui montrer sa méprise... Sans succès, pour elle ce n'était que l'humilité du Grand Waconda qui lui faisait sortir ces paroles.

" Excusez-moi, Grand Waconda. Mon coeur égoïste n'as fait que demander le pardon alors que je devrais être honorée de votre présence... S'il vous plaît, Esprit Tout-Puissant, je vous demande le pardon pour ma faute: je suis encore loin d'être une Chamane a la hauteur des anciens... "

Ayant pris la remarque sur les égards comme un commentaire sur son manque d'humilité, elle obéis et se releva, mais sans jamais oser regarder Kannan dans les yeux: ils reflètent l'esprit du Grand Waconda et brûle tout ceux qui ne sont pas digne de croiser son regard.

" Je suis là pour vous aider dans vos objectifs, Grand Sage. Dites-moi ce que je dois faire exactement pour vous. "

Ayant peur que la présence divine ne soit remarquée, elle s'empressa de l'inviter a l'intérieur de la maison, dans laquelle se tenaient toute sorte d'amulettes et autres gris-gris indiens étranges, et pas mal de reliques anciennes qui devaient valoir un bon prix. Le mobilier, par contre, était des plus rudimentaire: une table et des chaises en bois compressé, une petite radio qui fonctionne à moitié pour passer de la musique, et une cuisine des plus simples. Bref, la maison de Nahimana était loin de transpirer le luxe et même penchait du côté de la précarité.

" Je... Votre enveloppe a-t-elle besoin de subvenir a ses besoins ? J'ai de l'eau et de la nourriture, Grand Waconda... "

Elle se sentait très stressée, jamais elle n'avait eu affaire à une telle situation et ne savait pas du tout comment agir avec une divinité incarnée...

Dans la ruelle, où Kannan devait rencontrer une Shaman dans le but de l’aider à retourner sur son monde, la scène qui se produisit réellement ne manqua pas de la surprendre. En effet, la jeune femme s’agenouilla, comme si elle se prosternait, ce qui semblait être le cas, puisqu’elle prit la Furry pour sa divinité,  et s’adressa à elle comme tel. La Terranide tenta bien de raisonner celle-ci, mais l’effet de surprise au fait qu’elle était vraiment gênée qu’on la traite de la sorte ne lui permirent pas d’être assez claire pour faire comprendre à la demoiselle qu’elle n’était pas une divinité. Et lorsque la jeune femme prit la parole pour s’excuser, le visage de Kannan, plein de compassion ne savait trop quoi répondre.

- Mais, vous n’avez nullement besoin de vous excusez, vous n’avez rien fait qui mérite que je doive accepter celles-ci.

Dit celle-ci d’une voix douce et tendre. Elle pensa même un moment se baisser pour se rapprocher de la jeune femme, et l’inciter physiquement, mais tout en douceur à se relever. Cela serait cependant inutile, puisque la demoiselle le fit d’elle-même. En se relevant, et croisant pour la première fois leur regards, Kannan écouta la question de la demoiselle, et ne se fit pas prier pour réitérer sa demande.

- Et bien, je voudrais que vous m’aidez à retourner dans mon monde, s’il vous plait ?

Demanda t elle, en conservant son ton mélodieux et la politesse à l’égard de la demoiselle, qui serait peut être surprise d’entendre un s’il vous plait. Il ne fallut que peu de temps pour que la jeune femme invite alors Kannan à entrer chez elle, ce qu’elle accepta avec plaisir, se disant que cela serait plus commode pour discuter. Entrant alors dans la maison, la Furry put voir de nombreux grigris, qui pour elle n’avait aucune signification particulière, mais qui, au vu de la réaction de son hôte devrait en avoir. Mais, l’aspect rudimentaire des lieux ne la surprit pas plus que cela, d’autant plus que ce n’était pas dans ses habitudes de critiquer les demeures des autres et leurs situations.

S’est alors que la voix de la jeune femme parvint de nouveau à ses oreilles, et elle put entendre la demande sur le fait de savoir, si elle avait besoin de faire sa toilette. Cela la surprit, et la fit rougir, ne sachant pas trop comment réagir, sur le moment, bien qu’elle se mit face à la jeune femme. En y réfléchissant, s’est vrai que cela faisait un moment qu’elle n’avait pas pu se rendre propre et l’idée fut donc assez plaisante, même si la toilette devait être sommaire.

- J’admets que faire un brin de toilette ne serait pas de refus, et partager un repas avec quelqu’un aussi, depuis le temps que cela ne m’est pas arrivé. Mais, je ne veux pas non plus vous imposez quoi que se soit.

Répondit-elle un peu gênée d’accepter la proposition de la demoiselle, dont elle ne savait toujours pas le nom. D’ailleurs, elle s’empressa de corriger cela avec sa prise de parole suivante.

- Au fait, nous ne nous sommes toujours pas présentez, je me nomme Kannan, et vous ?