Le zèle, la fidélité. La soumission totale et complète peut-être. Autant de mot qui pouvaient définir ce qu’Alana était envers sa déité et son temple. Jamais une tâche n’était trop ardue, trop fatigante, trop éprouvante, trop salissante, trop déshonorante lorsqu’il s’agissait d’accomplir quelque chose pour Aphrodite. Bien sûr, elle était préservée des tâches les plus ingrates, les prêtresses se servant de leur magie pour se simplifier la vie au maximum, mais quand bien même ça n’aurait pas été le cas, Alana les auraient tout de même faites de bon cœur ces tâches. Parce qu’elles étaient pour la divine Aphrodite, et que rien n’était trop beau pour elle.
Aussi, ce matin là comme tous les autres matins s’était-elle levée aux Aurores. Elle n’avait pas pris le temps de flemmarder au fond de son lit, préférant l’activité à la paresse. A n’en pas douter, des sept vices elle n’en possédait que deux. La luxure, évidemment, et la gourmandise. Pour le reste, elle n’était ni paresseuse, ni colérique, ni envieuse, ni jalouse, ni orgueilleuse. Par contre… Elle compensait tous ces vices par l’exacerbation des deux autres. Aussi adorait-elle tout ce qui était sucré, et mangeait parfois bien plus que ce qu’elle devrait (la pratique d’acrobaties physiques lui épargnant les surplus calorifiques), et bien sûr, question luxure… C’était une prêtresse de la déesse de l’amour, aussi était-il normal qu’elle aie constamment envie d’honorer sa déesse ! Et quelle envie… Ca serait désagréable, les choses en iraient différemment. Mais c’était tellement… Jouissif. Pourquoi se priver ?
Il n’y a pas de raison, donc. Rejetant ses draps, Alana sortit du lit, où elle dormait nue, et gagna le petit coin de sa chambre, pour quelques ablutions rapides à l’eau claire. La fraîcheur du liquide lui éclaircit les idées, et après avoir enfilé une de ses robes de prêtresses qui ne laissaient de la place qu’à une imagination suggestive, c’est à dire que le décolleté en était profond et que les tissus enchevêtrés composant le bas étaient transparents, hors mieux ceux opaques qui cachaient l’intimité de la prêtresse, et fila vers les cuisines. Encore une matinée à préparer des mets pour les différents Dieux et Déesses. Sauf que cette fois, elle fut rejointe dans son entreprise par l’une de ses sœurs, qui avait entendu les grandes Prêtresses parler du retour d’une déesse oubliée. La déesse des vices. Un soupir fut poussé par la rousse, qui reprit sa besogne, pour un Dieu supplémentaire. Cette fois, elle leur avait à tous préparé des Cygnes farcis, dont elle avait gardé les plumes et les ailes intactes afin d’en faire des présentations, comme s’ils eurent été encore vivants. Sur un lit de courgettes découpées en rondelles et disposées autour, jointes à des tomates, c’était coloré et délicieux, elle en était certaine. A l’aide sa magie, elle réduisit les plats et les porta tous, l’un après l’autre, aux temples des différents Dieux où elle leur rendait leur taille initiale. Elle termina par le temple de la nouvelle déesse.
Ce qu’elle vit en arrivant la consterna autant que ça l’étonna. Le temple était dans un état déplorable, et surtout il était désert. Quoique c’était normal losqu’un culte venait à être oublié. Ayant déjà commis l’erreur d’entrer dans un temple qui n’était pas celui de sa déesse sans y avoir été invitée au préalable, Alana préféra ne pas reproduire deux fois cette erreur. Aussi s’approcha-t-elle jusqu’aux entrées et rendit-elle sa taille normale à son plat, avant de s’agenouiller avec docilité.
« Déesse Lust ? Je vous apporte une offrande. »
Point de paroles superflues supplémentaires, elle tendit comme elle put le plat dans la direction du temple, attendant une manifestation ou une autre.