Le Chemin de l'Enfer est pavé de bonnes intentions... [Privé]

Persephone s'observa longuement. Son nez, ses lèvres, ses yeux... Ses yeux. Une perle orangée, l'autre violette. Depuis combien de temps ne s'était-elle pas observée dans une glace? Il lui semblait que c'était hier, et il y a des siècles en même temps. Le sentiment de vide constant qui l'habitait et l'empêchait de dormir paisiblement devenait presque problématique. Il lui manquait une partie de son histoire, elle le sentait dans ses tripes, mais... Il lui était tout simplement impossible de remettre le doigt dessus. En parlant de doigt... Le sien trouva l'arrête de son nez, et les petites billes colorées qui servaient d'iris à la Déesse suivirent lentement son mouvement, reflété dans le cours de l'eau devant lequel elle était agenouillée, jusqu'à la point de ce petit nez qui savait si bien capter les odeurs agréables des bois, du chèvrefeuille, ou encore de la rosée matinale.
Perplexe devant son reflet, que Persephone tentait d'amadouer depuis plus de deux heures maintenant, elle approcha plus encore son visage de l'eau. Si près que son nez en effleura la surface, créant quelques ondes qui se dispersèrent en cercles autour de l'impact. La déesse se releva vivement, agacée par ce contact frais sur son importante personne, et donna un grand coup de main dans le ruisseau. Si elle s'éclaboussa, elle fit mine de ne rien en voir. L'eau, c'était amusant. Mais il existait plus amusant encore.
D'une expression contrariée suite à l'altercation avec l'élément liquide, le visage de la déesse redevint doux alors que, pour se venger de l'affront fait par le liquide donneur de vie, elle faisait pousser partout autour d'elle des milliers de petites fleurs des prés. Son visage s'illumina d'un très large sourire, et elle s'applaudit elle-même. Pas par orgueil ou fierté, juste pour applaudir la magie, riant même à l'apparition de ce superbe parterre fleuri.

Se croyait-elle seule alors que la déesse usait de ses pouvoirs ? Sans aucun doute, elle se rendit compte bientôt qu’elle n’était pas la seule mais qu’un homme était également plus loin en aval du cours d’eau.  Le soleil était haut et dardait le couple de ses rayons étouffants, la chaleur était à son comble alors qu’il était encore tôt et la friction de cette eau fraîche sur les deux jeunes gens était une véritable bénédiction.  Le jeune homme était nu comme un ver, un torse d’albâtre finement ciselé, une allure athlétique et une intimité des plus imposantes.  Mais alors que la divine poursuivait sa besogne de plantation, il s’était approché via ce cours d’eau, toujours plus proche et sans prévenir bondit sur la jeune femme. Leurs corps se retrouvèrent l’un sur l’autre, dans une situation des plus gênantes, ce fauve de mâle encadrait le visage de poupée de la belle de ses mains alors que son corps nu épousait les formes recouvertes de tissu de la divine… Sa voix se fit alors entendre, visiblement émue, le rouge aux joues…

« Qu’êtes vous ?! »[/color]

Agenouillée dans la multitude de fleurs qu'elle venait de créer, et qui scintillait encore quelque peu de sa magie, Persephone songeait à se laisser aller dans ses fleurs et emplir ses poumons de leur parfum si léger. Mais cela ne devait pas être. Jack, elle ne l'avait pas vu. Elle ne l'avait vu ni quand il se baignait, ni quand il s'était approché. Et elle ne s'était pas méfiée le moins du monde. Quand il lui sauta dessus, elle sursauta, et voulu cacher son visage derrière ses mains, le réflexe qui lui venait le plus naturellement, mais c'était trop tard. Quelque chose, ou quelqu'un en l'occurrence, le lui tenait déjà. Craintive, elle mit quelques longues secondes à le regarder, même après sa question. Le poids du corps du jeune homme sur le sien lui apportait quelques réminiscences de souvenirs, fugaces et trop flous pour qu'elle ne puisse vraiment se rappeler de quel genre de souvenirs il s'agissait, mais c'était toujours ça de pris... Son coeur battait fort, elle avait eu peur, et sa poitrine se levait et se rabaissait rapidement alors qu'elle cherchait un second souffle.

-Je ne suis pas dangereuse...

Une réponse quelque peu approximative, mais une réponse tout de même. Erronée d'ailleurs. Persephone avait parfaitement la possibilité de se sortir de cette situation, plutôt deux fois qu'une même, mais elle passerait peut-être à côté de quelque chose comme ça. Elle déglutit, sans bouger sous Jack si ce n'est respirer, attendant qu'il voit s'il se contentait de sa réponse ou non.

Prisonnière de ce mâle, la voluptueuse ne pouvait en apparence qu’acquiescer à ses dires, mais voilà que secouement vivement la tête, elle se défendait de constituer la moindre menace, non, la belle plante n’était pas l’une de ses roses aux piquants acérés mais bien l’un de ses lys délicats. La stupeur parcourut les traits du beau jeune homme, couverture de chair désirable qui imprimait son empreinte sur les vêtements de la belle, ruisselant de l’eau fraîche du ruisseau, la déesse subissait la morsure des incessantes gouttelettes qui s’échappaient de sa tignasse d’ébène pour venir rouler, s’écouler, se perdre dans son décolleté agréable.  Mais soudain, l’ange se retira, libérant son étreinte forcée qui lui avait causé des rougeurs et un désir vif comme l’avait laissé deviner son entrejambe. La poupée était encore étendue parmi son pare-terre de fleurs, véritable jardin qui s’était créé autour de sa personne. Alors que l’homme se relevait, elle le découvrait dans son entière nudité, lui et sa gêne, le bougre était bien formé, un physique d’apollon, princier… Y serait-elle sensible… ?
 
« Qui êtes vous ?! Ou plutôt qu’êtes vous ?! »
Rouge de honte qu’elle puisse le détailler à loisir, sa voix se fit pleine de rancœurs et d’amertume..

Le coeur de l'innocente Persephone battait fort contre sa poitrine. Elle ignorait ce que ce jeune homme, nu, et sorti de nulle part allait lui faire et ça la faisait angoisser. Son visage avait des qu'elle devinait doux sous cette expression de hargne qu'il lui témoignait, qu'elle estimait injustifiée. De plus, son corps humide pressé contre le sien faisait goutter l'eau à travers les vêtements de lin, simples barrières minimes à l'indécence, les rendant transparents à chaque endroit où les gouttelettes entraient en contact avec lui, à chaque endroit où leurs peaux se touchaient. Persephone n'aurait su dire si c'était à cause de la situation ou d'autre chose, mais elle frissonna. Et puis, elle fut soulagée que rien de fâcheux n'arriva à ce jeune homme un peu trop téméraire. Heureusement pour lui, sa mère devait sans doute regarder ailleurs et ne point s'occuper de sa fille... Car si elle l'avait surprise en une telle position, il était certain que Jack ne serait plus contre elle, mais peut-être, au mieux, une petite fleur à son côté, perdue parmi les autres. La fille de la déesse de la Terre Mère ne souffrait qu'on ne touche sa fille qu'avec les pétales des fleurs les plus douces.
Après quelques instants où ils se dévisagèrent et où le décolleté de la déesse avait eu trois fois le temps d'être humidifié, il finit par se relever et la délaisser. L'érection du jeune homme, une fois que la déesse pu prendre la pleine mesure de son corps attrayant, tellement beau qu'on l'aurait dit sculpté par les anges, ne passa pas inaperçue aux yeux de la jeune déesse, qui inclina la tête de curiosité. Elle l'avait vu faire, par les terranides, ils semblaient apprécier parfois, d'autres non... Mais tout semblait tourner autour de ce membre de chair. On lui avait appris à réutiliser ses pouvoirs, mais pas à appréhender la vie comme une femme.
Après quelques longs instants où la jeune déesse n'eut d'yeux que pour le membre de Jack, elle finit par lever ses yeux verrons dans la direction de ce dernier. Les sentiments hostiles qu'il avait fait gronder à son encontre ne lui avaient pas échappé et elle ne se les expliquait pas. Elle se releva lentement et s'agenouilla, posant sagement ses mains sur ses cuisses.

-Je ne suis pas nue moi... Et je ne suis pas quelqu'un qui saute sur les gens comme vous. Vous m'avez sauté dessus, mais vous semblez m'en vouloir. Pourquoi être en colère contre moi alors que vous êtes vous-même venu réclamer ma présence?

Elle ne s'expliquait pas le comportement du jeune homme. Et ses relations avec les humains étaient bien trop récentes pour qu'elle prétendre en savoir plus que de raison. Elle dévisagea donc simplement ce charmant visage qui la regardait si sévèrement. Elle lui rendait mimiques sévères pour mimiques sévères, comme cherchant à le mimer.

Comment osait-elle ?! Le détailler ainsi ? L’observer sous toutes les coutures et pas seulement sa stature ? Le regard de la poupée s’appuyait avec intérêt en direction de ce membre fièrement dressé, cette tour défiant la pesanteur, qui semblait durcir sous le contact imaginaire de ces yeux chocolat et pousser semblable au jardin floral qui était apparu autour de la poupée. Une voix gênée et hésitante se fit entendre coupant le silence, pleine de reproches envers la fausse innocente…

« Cessez…. ! Cessez de m’observer ainsi…  Je n’ai pas d’explications à vous fournir … C’est plutôt à vous de m’expliquer comment vous faites cela ?! Je vous ai vu… Arrêtez de regarder…mon… Vous avez fait pousser des plantes, je n’ai pas rêvé...Qui êtes vous ?! »

L’eau pénétrait le lin de la tenue de la poupée dévoilant au passage avec un plaisir certain des bouts de chair des plus appétissants qui ne calmerait pas le sexe du jeune homme, c’en était certain. Quant au jeune homme, ses yeux l’avaient peut-être trompé, et le doute commençait à s’insinuer en lui. Pour justifier sa conduite, sur un ton plus doux, il déclara…

« Je…je me baignais à côté, et je vous ai vu…. Je ne suis pas un pervers, cela explique pourquoi je suis nu ! »[/color]

Comme c'était à prévoir, la déesse se lassa des incriminations de Jack. Le voir s'énerver avait donné une certaine configuration à ses traits, qui n'était pas déplaisante, mais maintenant, Persephone voulait en voir une autre. En plus, il lui criait dessus pour lui donner des ordres, ce qu'elle avait en horreur...
Avec une lenteur calculée, elle se redressa, se mettant debout et fit un pas vers le jeune homme alors que sa prunelle ambrée et sa prunelle améthyste le dévisageaient. Elle noua ses doigts dans son dos et n'approcha que son visage du sien, adoptant une expression stoïque. Lorsqu'elle s'adressa à lui, sa voix se fit murmures, juste portée aux oreilles de Jack par le vent.

"S'il est vrai que vous m'ayez vu, je vous déconseille de me provoquer jeune homme... Vous ne savez pas ce dont je suis capable... Quant à vous regarder, vous êtes nu, offert à mes yeux. Je ne vois donc aucune raison de ne pas profiter de ce que la nature m'offre."

Et elle se recula. Ses yeux se firent moins lumineux, elle haussa les épaules et tourna le dos au jeune homme, retournant s'agenouiller là où elle était, pour cueillir des fleurs avec engouement et en faire des couronnes, des colliers ou des guirlandes.

"J'aime beaucoup faire des guirlandes avec les fleurs que je trouve. Vous en voulez une?"

Retournant son regard vers Jack, elle lui tendit ses paumes encore pleines de fleurs cueillies, qu'elle ne tarderait pas à se mettre à tresser.