Je n'aime pas Ashnard. Tout y est froid et cruel, à l'image de son Empereur. Pourtant, il valait mieux que j'accepte l'invitation, et c'est ce que j'avais fait, quand Alastor a confirmé qu'il pouvait m'accompagner. Le voyage a été long et éprouvant, surtout pour mon frère qui doit guider les chevaux. Moi, je reste dans la roulotte, à essayer de nouveaux tours. La tempête de sable ne nous facilite pas particulièrement la tâche, et je descends régulièrement pour aller calmer les chevaux ; à croire que j'ai plus d'empathie avec eux que mon cher frère...
On s'arrêtait pour la énième fois, les chevaux à nouveau paniqués alors que la tempête se calmait. La nuit commençait à tomber, et je n'aimais pas le retard que l'on prenait : chaque jour supplémentaire était une journée que mon frère aurait à justifier auprès du Père Supérieur. Et ce vieux bonhomme était loin d'être accommodant, surtout quand il s'agissait d'Alastor, de qui il exigeait l'excellence. Je finissais de caresser l'encolure des chevaux, et ils retrouvaient un semblant de calme, lorsque plus loin, je vis une forme allongée à terre. Je mis la main en visière pour essayer de mieux voir, en vain. Pourtant, "ça" ne bougeait pas. Il était inutile d'essayer de me faire entendre de mon frère à cause du vent, alors je lui indiquais du doigt la forme allongée. Je m'approchais, gardant mes cheveux dans une main pour qu'ils ne me voilent pas la vue, et je m'agenouillais auprès de la Terranide.
Vivante ! Plus pour longtemps si on ne faisait rien. Je fis signe à Alastor de me rejoindre pour qu'il la transporte jusqu'à la roulotte, où, une fois sa tête sur mes genoux, je laissais quelques gouttes de nos réserves d'eau glisser entre ses lèvres assécher. Il ne fallait pas qu'elle boit trop vite, mais elle devait s'hydrater.