La plage de Seikusu, 17 Juillet 2025
Température? 42 putains de degré, et en pleine nuit.
Normalement, c'est pas un problème, la température, mais c'est pas normal de ne pas avoir chaud et de ne pas suer dans ces températures, et comme ce con de Kenzo s'est fait un plaisir de me trimballer à la plage, ben, j'allais quand même pas rester tout sec. Donc, un petit coup de Vigueur dans les veines et hop, je me retrouve à mouiller mon t-shirt comme si j'étais de retour à Târgoviște à éviter les Chasseurs et ce gros con de Dracula.
Enfin, bref; il y a une raison à ma folie.
Voyez-vous, Kenzo, c'est pas un mec lambda que j'ai trouvé. C'est un mec dont le monde pourrait se passer. Si j'suis pas un enfant de cœur, Kenzo, c'est le mec qui les a tous enculés. Je parle d'un mec qui a buté sa mère, piqué le blé de son père, a passé le plus clair de son lycée à harceler, violer et voler, et les quelques jeunes années de vie adulte qu'il a accumulée avant de tomber dans ma mire, il faisait pas bien mieux.
Enfin, là, c'était spécial; Kenzo s'en est pris à une de mes goules. La p'tite Mia. Treize ans de bons et loyaux services, et voilà que ce bâtard la chope, l'embarque dans sa bagnole, la traine jusqu'à un terrain vague, lui passe dessus et finit le tout en lui trouant la peau à coup de tournevis. Même pas un couteau, le salopard; un tournevis. Si ce n'était pas des capacités des goules à encaisser, elle serait morte, la p'tite. Alors, pas le choix; il a touché à ce qui est à moi, donc, j'vais m'le faire.
C'est remarquable ce qu'un site de rencontre peut aider à organiser. Même un mec aussi crashé dans la tête que Kenzo cherche une meuf, et donc, une opportunité. Et ça n'a pas été bien difficile pour moi de l'chopper; le mec, déjà, a probablement glissé à droite sur tout ce qu'il a vu. Après, fallait juste vendre l'idée d'être en besoin d'un homme beau, grand, fort pour me protéger et me tenir la main dans la vie. Ah ouais. Alors, j'veux pas être méchant envers Rubis, mais j'ai littéralement calqué son profil psycho. J'vais lui devoir un cadeau.
Le jeu de chasse n'a même pas duré plus de quelques semaines; dès la première conversation, le mec avait déjà rempli mon téléphone avec sa puante. Quelques semaines plus tard, et il se la jouait comme quoi il allait me laisser en plan et se casser. Mais il revenait de suite, avec plein d'excuses. Et donc, après quelques semaines de plus à le faire trainer, il m'invite à la plage, un tête à tête romantique.
Bingo.
Connard.
La plage est déserte, donc même pas besoin de se la jouer discrète. Je marche avec lui, et je vois à son regard ses pensées. Il n'est pas vraiment venu pour draguer, ni pour séduire; son œil est dérangé, et je vois le sang affluer à sa tête. J'entends ses veines lui péter aux tempes. Je vois aussi que son sac est bien lourd, et pas avec de l'équipement de plage. Tant mieux.
Je fais genre que je suis contente, et je m'approche.
En moins d'une seconde, il sort un point américain de sa poche et il me frappe à la tempe. Le Vitae absorbe le coup, mais je fais genre je tombe au sol. D'autres coups, encore, et j'encaisse, je fais mine d'avoir mal pour satisfaire ses pulsions, puis j'arrête de bouger. Il me traine vers la flotte. Il continue de me trainer, et il commence à nager, toujours avec son sac dans l'autre main.
Il nage pour un bon moment, j'ai envie de dire quinze bonnes minutes. Les rares fois où je respire, c'est quand je parviens à discrètement me faire flotter jusqu'à la surface, avant qu'un autre geste ne me tire sous l'eau.
Et, lorsqu'il s'arrête, je frappe à mon tour.
Je lui fous un coup de pied en plein visage, et mon gros orteil déloge son œil. Il va pour hurler, mais je l'agrippe à la gorge et je lui enfonce la tête dans l'eau. Je lui enfonce alors mes dents dans la nuque, et je déverse mon poison dans ses veines. Il lutte avec l'énergie du désespoir, mais il est déjà trop tard; ses bras commencent à peser plus lourd que du plomb, ses poumons se figent, son sang s'épaissit, et ses derniers instants sont une série d'anévrismes et de blocages cérébraux.
Alors, je le draine. Jusqu'à la dernière goûte. Et je fouille dans son sac pour en tirer les poids de gym avec lesquels il allait me faire couler au fond. Hah. Au moins, on avait la même idée.
Je lui attache les poids aux lacets, et je le fais couler de plus en plus bas; là, il rejoint les autres.
Je sens mes joues s'étirer dans un sourire satisfait; enfin, une bonne chose de faite.
Je regarde vers le haut, et je me rappelle, à la sensation de brûlure qui me prend les poumons, que je ne suis pas encore tiré d'affaire.
Je commence à nager vers le haut.