Anakha accueillit Deirdre contre lui sans un mot, ses bras massifs s’ouvrant simplement pour l’y recevoir. Elle se coula dans son étreinte comme l’eau d’une rivière trouve son lit, et lui referma aussitôt son corps autour du sien. Ses muscles d’acier se tendirent, la maintenant serrée contre son torse nu. Pas pour la contraindre mais pour l’abriter, pour la garder, pour faire rempart de sa chair.
Il inspira lentement. L’air froid entra dans ses poumons comme une morsure, mais ce n’était pas cela qu’il cherchait. Ce qu’il voulait, c’était l’odeur qui venait d’elle : humidité des feuilles, cendres encore fumantes, sueur de combat et parfum plus subtil, qu’il n’aurait su nommer mais qu’il grava dans sa mémoire. Chaque inspiration le calmait un peu plus, ses grognements rauques se transformant en un souffle plus régulier.
Sa main se mit à bouger, presque malgré lui. Ses doigts rugueux glissèrent le long de sa colonne, traçant les reliefs humides de son dos. Ils descendirent jusqu’à la cambrure de ses reins, puis plus bas encore, effleurant la rondeur de ses fesses qu’il pétrit un instant, d’une pression ferme mais lente. Ses paumes suivirent ensuite la longueur de ses cuisses, reviennent sur ses hanches, puis remontèrent jusqu’à sa nuque, où elles restèrent, lourdes, massant doucement la naissance de ses cheveux trempés. Ce n'était pas une invitation. Simplement une détouverte du corps lové contre le sien.
Ses gestes étaient maladroits, hésitants parfois, mais chaque caresse portait une gravité brute : celle d’un homme qui ne savait pas dire, alors il touchait. Il la parcourait lentement, comme pour apprendre par ses mains ce que ses yeux seuls ne suffisaient pas à comprendre.
À chaque respiration, sa poitrine se soulevait. Sa cage thoracique massive écrasait doucement la tunique humide de Deirdre, et il sentit ses propres pectoraux durs presser ses formes plus tendres. À chaque inspiration profonde, il la soulevait presque, et à chaque expiration il redescendait dans une pression lente, lourde, régulière. Ce mouvement créait un rythme muet, une pulsation que son corps imposait malgré lui, berceuse charnelle calée sur son souffle.
Son bas-ventre, lui, ne changeait pas. Sa virilité, gonflée en permanence, pressait contre le ventre de l’ange-fée par la seule force de la proximité. Ce n’était pas un appel, pas une demande : juste un état constant de son corps, une tension qu’il ne contrôlait jamais vraiment. Mais il ne tenta rien de plus, se contentant de l’envelopper, de l’abriter, de se lover autour d’elle comme une cuirasse chaude.
Ses doigts reprirent leur lente ronde, suivant une trajectoire presque circulaire : dos, reins, fesses, cuisses, hanches, nuque, et retour. Parfois il s’arrêtait plus longtemps, pétrissant une hanche, glissant son pouce sur le creux d’une fesse, pressant sa paume sur le haut d’une cuisse. Puis il remontait, caressant la ligne de son dos jusqu’à la nuque, où il massait encore un peu, avant de recommencer. C’était mécanique et tendre à la fois, répétitif comme un battement de cœur, comme s’il avait besoin de ce mouvement pour s’ancrer lui-même.
Sa tête se pencha. Son front trouva les cheveux humides de Deirdre, y resta posé, lourd. Sa bouche, maladroite, se posa par deux fois sur son crâne, dans des baisers brefs, secs, presque fébriles. Ses lèvres n’avaient pas l’habitude de ce genre de geste, mais il le fit quand même, comme si ses instincts seuls guidaient sa main et sa bouche.
Le feu craquait doucement, ses braises rougeoyantes jetant sur leurs corps mêlés une lumière chaude. Le dos d’Anakha luisait par endroits d’humidité et de sueur, ses muscles saillant sous la peau marquée. À chaque inspiration, ses omoplates se soulevaient, à chaque expiration elles redescendaient, imprimant ce rythme calme à la jeune femme contre lui.
Ses doigts se firent plus lents, plus délicats encore. Il les laissa courir sur la courbe de sa cuisse, puis les remonta pour suivre la ligne de sa taille. Ses paumes chaudes glissèrent ensuite jusqu’à son dos, qu’il couvrit toute entier comme pour l’envelopper dans ses mains. Enfin, il les laissa descendre encore, pressant sa hanche pour la rapprocher, scellant contre lui cette proximité déjà totale.
Il ne dit rien. Son souffle rauque parlait pour lui, grondant doucement à son oreille, se mêlant à sa respiration plus légère. Ses bras, repliés autour d’elle, se resserrèrent, l’emprisonnant dans une chaleur qui n’avait rien d’un combat, mais tout d’un serment silencieux. Ses doigts continuaient à parcourir son dos, ses reins, sa nuque, ses cuisses, dans un cycle lent et sans fin.
Son corps entier vibrait de cette tension contenue, mélange d’instinct, de désir et de tendresse brute. Mais il ne céda pas. Il resta immobile, sinon pour ces caresses lentes, la tenant serrée, son torse nu pressé contre sa poitrine, sa virilité tendue mais muette contre son ventre.
Et dans ce silence, Anakha sut que c’était assez. Pas besoin de mots. Pas besoin de rugir ni de prendre. Il suffisait d’être là, de l’entourer, de brûler doucement pour deux.