Lioren marchait dans le dédale de ruelles pavées d'un petit village aux abords de la capitale. Le village était majoritairement humain, le peu de terranides, de créatures ou d'hybrides qu'on y trouvait étaient quelques esclaves ou occupaient les tâches les plus ingrates dans les fabriques ou les commerces.
L'ouïe fine de Lioren lui permit d'écouter les conversations que les gens chuchotaient à son passage. On ne sait pas trop si c'est sa renommée, son apparence ou le fait que c'est la première fois qu'elle met les pieds dans le village qui les fait jaser... Toujours est-il qu'elle garde une attitude calme, qu'on pourrait taxer de fierté ou d'arrogance. Son regard balayait chaque coin de rue et chaque recoin d'ombre. La chasseuse de prime était habituée à ce genre de murmures, mais aujourd'hui, ses pensées étaient ailleurs. Elle venait d'un renseignement décisif : une magicienne, censée être en mission pour la capitale, n'était pas ce qu'elle semblait être. Derrière cette ce visage doux et sa silhouette plantureuse, se cachait une créature capable de changer de forme et d'âme... A ce qu'on racontait. Mais Lioren restait pragmatique : elle balayait les rumeurs et histoires à faire peur du revers de la main. Elle ce qui l'intéressait, c'était le butin. Celle qui l'avait employée pour débusquer l'usurpatrice, lui avait promis un petit pactole. Comment Lioren aurait pu refuser ça ?
Lioren savait que la métamorphe ne tarderait pas à se montrer. La piste la conduisait ici, à cet endroit précis, où les habitants murmuraient que celle qui ressemblait à la magicienne avait été vue quelques jours auparavant, seule, dans une herboristerie. La façade était couverte de lierre et les vitres opaques de poussière. Lioren ne la trouverait pas ici.
Elle se glissa dans la rue principale et sentit d'entêtantes odeurs d'épices l'envelopper. C'était jour de marché. Des étals de fruits, des morceaux de viande fraîchement découpée, des paniers de légumes colorés… Les villageois déambulaient entre les marchandises, négociant le prix des échoppes. Eux étaient indifférents à la présence d’une étrangère.
Mais Lioren ne les voyait pas. Ses yeux scrutaient chaque recoin, chaque silhouette, chaque mouvement, le portrait de la magicienne bien en tête. Elle se laissa absorber par la foule, avançant lentement, en quête de la moindre anomalie. Quand soudain : bingo.
Là, près d’un stand de tissus, se tenait une jeune femme. Sa silhouette plantureuse, avec de belles hanches et une taille fine, semblait taillée pour attirer l'attention, et sa poitrine généreuse était mise en valeur par la coupe décolletée de sa robe. Il ne fallut pas longtemps à Lio pour la remarquer. Tout chez elle semblait conçu pour séduire et envoûter, et son sourire – si adorable et bienveillant – était celui d'une jeune femme sûre d’elle et sympathique... Elle était douée, très douée, se dit la chasseuse, intérieurement.
Lioren se figea un instant, analysant la situation. Cette femme n’était rien d’autre que l’usurpatrice qu’elle traquait. La métamorphe. Ce qui était censé être une mission simple devenait tout à coup bien plus complexe. La créature savait se fondre dans le décor, jouer des apparences, se dissimuler. Mais Lioren n'était pas du genre à se laisser abattre. Elle comptait bien l'avoir à son propre jeu. La chasse était lancée.
Elle s'approcha, silencieuse comme une ombre, et se glissa à côté d'elle, faisant mine d'examiner la trame d'un tissu de l'étale. Son regard perçant se lève en direction du marchand, qu'elle interpelle d'un signe de la tête.
- La couleur de ce tissu est vraiment particulière, elle semble presque changeante selon la lumière. C’est un effet naturel ?
De quoi attirer l'attention de l'usurpatrice, sans éveiller les soupçons. Elle guète le moindre de ses gestes, du coin de l'oeil.