– Bonjour, Mademoiselle. Tout à fait, c'est ma première visite. Est-ce que je peux savoir ce qu'il y a au menu ?
Élysia esquissa un sourire subtil, presque imperceptible, mais chargé de cette assurance qu’elle maîtrisait si bien. Ses yeux, aussi profonds que le péché qu’elle incarnait, s’attardèrent sur la jeune femme devant elle. Elle ne se contentait pas de voir une simple mortelle ; Élysia lisait en elle comme dans un livre ouvert, chaque page marquée par des désirs inavoués et des espoirs étouffés. Et ce soir, ce regard... ce regard en disait long.
Il y avait dans les prunelles de la jeune femme une étincelle, discrète mais éclatante pour qui savait où regarder. De l’incrédulité, surement, mais avec une teinte d’appétit qui dépassait de loin la simple quête de satisfaction charnelle. C’était un appétit de changement, une faim de renouveau. Ce genre de désir, Élysia l’avait vu mille fois, et mille fois elle avait su s’en servir. Ces âmes qui vacillaient au bord d’une décision, d’une transformation, étaient sa spécialité. Elles venaient à elle comme des papillons attirés par une flamme, ne réalisant que trop tard la nature véritable de cette lumière.
Mais celle-ci, pensa-t-elle, serait facile. Ce désir brûlant, presque palpable, était tout ce dont elle avait besoin pour tisser ses fils invisibles. Il ne lui faudrait qu’un mot, qu’un geste, pour transformer cette curiosité en une offrande. Élysia ne pressait jamais ses proies, car le vrai pouvoir résidait dans leur consentement, dans cette douce illusion qu’elles choisissaient leur propre chemin. Une tentatrice ne force jamais ; elle guide, doucement, inéluctablement.
Elle lui fit un clin d’œil.
– Je vais te chercher un menu, chérie. Ne bouge pas.
Et elle s’éloigna de l’autre côté du restaurant, laissant sa démarche naturellement démarquée attirer le regard –et pas que le sien, car chaque pas semblait faire que les conversations autour d’elle baissaient d’un ton sur son passage–. Elle ne se pressait pas ; laisser la jeune femme attendre seule quelque temps faisait partie de la mise-en-scène. Elle la laissait réfléchir. Supposer. Penser. Puis, elle revint, comme promis, avec un menu entre les mains, et elle le posa doucement devant Myumi, avant de prendre place dans le siège à son opposé, ajustant sa jupe dans le geste avant de croiser ses longues jambes élégantes sur lequel se trouvait le plus fin collant, laissant clairement comprendre qu’elle n’était pas une serveuse de table.
Le menu avait quelques options inscrites sur ses pages soigneusement décorées ; la première page ressemblait tout simplement à celle d’un restaurant commun, avec des entrées classiques et appétissantes ; soupe à l’oignon, escargots à l’ail gratinés, petits pains, tartare de bœuf, et bien d’autres.
Élysia attendit tout simplement que, naturellement, elle tourne la tête pour y trouver la seconde page, sur lequel avait été collé un simple bout de papier.
Sur ce bout de papier, écrit dans une calligraphie exquise, voire parfaite, se trouvait une phrase simple, mais probablement curieuse ; « Moi ».
- Je me présente, chérie. Je m'appelle Élysia. Je suis une... facilitatrice, si on peut dire. Je rends la vie des gens plus... simple, plus intéressante... plus excitante.
Elle s'accouda alors à la table, regardant Myumi dans les yeux, avec son sourire charmant et enjoué.
- Quelqu'un t'a référé à cet endroit, n'est-ce pas ? Alors... dis-moi. Quel appétit puis-je satisfaire? Ta faim? Ta soif? Ou tes désirs?