Grayle était indéniablement un beau jeune homme. Ses yeux bleus, d’une clarté saisissante, semblaient captiver Blum malgré elle, et sa carrure imposante témoignait d’années de travail en tant que charpentier. Chaque muscle semblait sculpté par l’effort, ce qui n’était pas pour déplaire à la nonne, bien qu’elle le cachât derrière un air sage. Le patron de Grayle dut, d’un coup de pied sec, le ramener à la réalité après qu’il s’était perdu dans une rêverie. Le geste fit sourire Blum, qui réprima un léger rire presque silencieux, amusée par la scène.
Le patron, cherchant à recentrer l’attention, envoya Grayle examiner les dégâts sur la charpente de l’église. Sans hésiter, le jeune homme saisit une poutre d’une main ferme pour s’y hisser, son agilité et sa force démontrant une maîtrise impressionnante. Tel un funambule, il avança avec assurance. Blum, qui avait levé la tête pour suivre chacun de ses mouvements, sentit son souffle se suspendre. Une part d’elle admirait sa témérité, tandis qu’une autre, plus inquiète, ne pouvait s’empêcher d’envisager le pire. Le prêtre présent exprima à voix haute ses craintes, mais le patron de Grayle, sûr de son ouvrier, rassura tout le monde en affirmant qu’il n’y avait rien à craindre.
- Faites attention, on ne sait jamais…
Blum avait crié d’une voix claire et protectrice, empreinte de son habituelle douceur, mais teintée d’inquiétude sincère. Elle suivait des yeux chacun des mouvements de Grayle jusqu’à ce qu’il disparaisse sous les poutres du toit. Malgré son absence visuelle, elle resta la tête levée, attentive, tendant l’oreille au moindre bruit suspect, prête à réagir s’il venait à tomber. Pendant ce temps, le patron vantait les talents de son ouvrier, saluant son agilité, sa précision et son endurance. Blum, cependant, trouva certains de ses mots troublants. L’insistance sur : ses doigts agiles, l’exploration des profondeurs et sa capacité à enfoncer les poutres la fit tiquer. Était-ce une simple maladresse ou une insinuation plus subtile ? Une drôle de pensée traversa son esprit : Est-ce que Grayle et son patron étaient… ensemble ? Elle secoua mentalement la tête, chassant cette idée saugrenue.
Avant qu’elle ne puisse approfondir davantage ses réflexions, Grayle revint, son rapport prêt. Il descendit du toit, la chemise plaquée contre son torse par la sueur. Le tissu humide soulignait avec une précision presque indécente ses muscles fermes et bien dessinés. Blum sentit ses joues s’empourprer malgré elle et détourna brièvement les yeux vers le patron, cherchant à savoir si lui aussi regardait son ouvrier avec un intérêt particulier. Non, visiblement, il n’en était rien. La nonne avait fini par perdre le fil du rapport de Grayle, trop absorbée à détailler les lignes de son torse, la courbe de ses lèvres et l’intensité de son regard clair.
- Je peux vous donner une semaine et ma sœur vous donnera l’amour qu’il vous faut.
Cette phrase surprenante du prêtre ramena brutalement Blum à la réalité. Elle cligna des yeux, secouant légèrement la tête pour reprendre contenance.
- Mon père, ce n'est pas des propos à tenir.
Dit-elle en ricanant légèrement, mais ses yeux se tournèrent vers Grayle avec une certaine profondeur, laissant ses cils battre presque inconsciemment.
- Allez, redescendons. Il fera moins chaud plus bas et mon père pourra régler les derniers détails.
Elle se plaça derrière les trois hommes, fermant la marche alors qu’ils rejoignaient le centre de l'église.
- Venez avec moi, Monsieur Grayle, vous rafraîchir. Je vais vous donner une serviette pour vous essuyer.
Blum, d’un geste doux mais assuré, l’invita à la suivre dans une petite pièce à l’arrière de l’église. C’était une modeste cuisine réservée au personnel. Elle y remplit un verre d’eau fraîche et le posa délicatement sur la table avant de reprendre la conversation d’un ton léger.
- Vous étiez impressionnant à vous hisser ainsi, mais j’espère que vous prendrez soin de vous sécuriser à l’avenir. Je n’ai pas envie de faire une crise cardiaque à chaque fois que vous grimpez sur le toit.
Elle laissa échapper un petit rire cristallin pour alléger l’atmosphère. Cherchant une serviette pour Grayle, Blum se mit sur la pointe des pieds afin d’atteindre un meuble en hauteur. Malgré ses efforts, elle ne parvenait pas à saisir l’objet recherché. Déterminée, elle s’appuya sur un genou pour se hisser davantage, grimpant maladroitement sur le bas du meuble. Sa robe ajustée limitait ses mouvements, se tendant autour de sa silhouette élancée. Chaque courbe semblait se dessiner avec davantage de précision, en particulier son postérieur rond et délicatement mis en valeur par le tissu tiré. Blum, concentrée sur sa tâche, ne semblait pas se rendre compte de l’image qu’elle offrait, tandis que Grayle pouvait difficilement ignorer cette vision, si fugace soit-elle.