En plein dans le mille; un tocard sur Tinder. Honnêtement, je ne me surprends presque plus, il y a seulement au moins 50 raisons pour qu'une femme se retrouve seule dans un bar, mais sa mine basse et sa tenue en avait quand même éliminé plus du trois quart. Le mec lui avait posé un lapin simplement parce qu'elle avait refusé de baiser.
Honnêtement, connaissant les mecs comme je les connais, c'est probablement l'une des meilleurs façons de perdre leur attention, mais elle a déjà le moral dans les talons, la p'tite, j'vais quand même pas lui dire oui!
"Bah non," que je lui fais. "Mais c'est Tinder, ma grande. Si tu le suces pas avant la fin de la soirée, t'es automatiquement reléguée au titre de frigide."
Et le plus drôle, c'est via Tinder que je marque le plus grand nombre de proies. Genre sérieusement, j'ai qu'à me connecter, prendre quelques photos, puis écrire "party girl" dans la bio, et hop, en moins de trois heures, je déniche plus de 40 mecs qui font la file pour me refiler, presque sans rien demander, leur fric, leur matos et, bien sûr, leur sang. Bon, le dernier, c'est plutôt involontaire de leur part, MAIS, ça compte!
Elle me montre son téléphone, et dessus, je vois le message de ses copines. C'est chouette, les copines. Les miennes sont toutes mortes, certes, mais il y avait quelque chose de sympa à avoir son petit groupe, jouer les putains dans les rues de Târgoviște, faire les poches des passants trop naïfs et boire à leurs frais quelques heures plus tard. Des bonnes copines.
Elle me tend son téléphone, et je souris à sa question.
"Un message? Mieux."
Je prend le téléphone et je fais quelques manipulations, commençant par le mettre en mode caméra (c'est important), puis en mode selfie. Elle se présente, et je lui souris encore une fois. Molly. Putain, de toutes les nanas dans ce pays, il fallait que je tombe sur une meuf qui avait littéralement le nom de ma drogue préférée sur son passeport.
"Ember, mais les gens m'appellent juste Em. Maintenant, bouge pas~ Y'a qu'un truc qui énerve plus les mecs de ce genre que de se voir refuser une sauterie; c'est de passer à côté d'encore mieux~"
Je m'approche d'elle, et je lui ajuste quelques mèches de cheveux, puis j'arrange un peu l'angle de caméra pour cache l'angle de nos lèvres et je presse les miennes contre la commissure des siennes, avant de prendre un cliché, tout en n'oubliant pas de lui envoyer un doigt d'honneur par-dessus le marché, et je dépose le téléphone entre les mains de la jolie dame, reprenant place sur mon siège.
"S'il y a un truc que les lycéennes apprennent rapidement dans ce pays", dis-je en sortant mon miroir et mon rouge à lèvres pour faire mon touch-up, "C'est que les mecs sont des chiens. Elles apprennent donc à les traiter comme tels. D'un côté, ca rend la tâche HYPER compliquée pour les mecs bien, mais les soeurettes se protègent~"
D'où le fait que, de manière générale, je m'en prends pas aux mecs et aux nanas bien. Autant je suis presque littéralement une sangsue de la société, je trouve que la rareté d'un bon mec ou d'une bonne meuf vaut la peine de préservation. Oui, oui, je sais, je suis une vraie philosophe, ne m'écrivez pas. Une fois mon maquillage refait, je demande au barman un petit verre d'eau et une lingette, et lorsqu'il revient, je regarde ma nouvelle rencontre et je lui pointe sa joue.
"Tu as un petit peu de moi sur toi, juste là, Molly."
Une belle grosse marque de lèvres noires près de sa bouche. Si elle croisait ses copines avec ça, elle ne pourrait pas éviter des milliers de questions. Pas que ça me dérange, j'aime bien embarrasser les gens, les forcer dans des situations malaisantes ou dérangeantes, mais Molly avait déjà eu une soirée de merde en perspective. Je vois peu de sport à rendre la journée de quelqu'un encore plus misérable, c'était comme battre un chiot. Et s'il y a une chose qu'Hollywood nous as tous appris, c'est qu'on ne botte jamais, jamais, les chiots.