La nuit était tombée depuis longtemps, il devait être tard, très tard à n’en pas douter. Je n’aimais pas le concept de surveiller l’heure, je savais sur Terra les moments propices aux basses œuvres et je n’avais pas forcément besoin de plus. Sur Terre, c’était plus délicat toutefois. Parce que la nuit n’avait pas le même domaine. Les seigneurs de la nuit étaient souvent exposés au grand jour. Dans ce monde, la nuit ne dominait plus le genre humain. Elle avait même été bannie d’une certaine manière. Mais ce n’était pas grave. Je me débrouillais autrement.
Venait alors un autre obstacle typique de la terre. La technologie pouvait rendre des endroits presque entièrement inviolables. Presque. Entre les détecteurs de mouvement, les caméras, et que savais-je encore, c’était devenu, pour des cambriolages de haut vol, un véritable casse-tête. D’habitude j’aurai pris le temps et j’aurai fait le nécessaire pour m’approprier les lieux, pouce par pouce, centimètre par centimètre. Mais la date limite était ce soir, sinon, la rose de saphir, un bijou inestimable désiré par ma cliente, disparaitrait du pays, et le récupérer serait pour le moins compliqué. En outre je ne serai plus le seul à le chercher. J’avais l’exclusivité du contrat pour l’instant. Ça ne durerait plus.
Du coup, il fallait que je me trouve quelqu’un qui puisse me faciliter le travail si je connaissais l’intérêt et l’utilité de la technologie, je n’y comprenais pas grand-chose, autant par méconnaissance que par manque d’envie de m’y intéresser. La magie, je n’étais pas doué, il semblait que la technologie, c’était la même chose.
Voilà pourquoi j’étais là, silencieux comme un ombre. Comment étais-je entré ? Par la porte bien sûr. J’avais un vrai don pour faire céder ou me faire obéir, des serrures sans le moindre bruit, sans me faire repérer… j’entrais, à pas feutré, et je me dirigeais dans la direction de la lumière et des claquements de clavier. Et, ravi de ce que j’espérai être mon plus bel effet, je posais les mains sur les hanches et j’inspirai un peu avant de lancer une sonore salutation, espérant la faire sursauter fort joliment.
« Bonsoir ! » [/i]
Oui, je disais la faire sursauter car selon mes informations, c’était une femme. J’avais fait savoir que je voulais la rencontrer, donc elle m’attendait peut-être, ceci dit… ce serait bien moins drôle, mais sans doute plus propice à négocier ses services.