" Je s’appelle Grob.
Grob savoir qu’il est pas aimé par les autres espèces. Grob s’en fout. Tape dans TOUT !
Et aujourd’hui, Grob dépose son bout de papier.
Parce que Grob, maintenant, y sera aventurier ! "
Identité :
Nom : Grob, aucun nom de famille connu, ni d’appartenance à un clan peau-verte.
Âge : 37 années, a déjà surpassé l’espérance de vie d’un gobelin moyen.
Sexualité : Semble témoigner un intérêt envers tout ce qu’il peut appeler “Schlakwa”. Pas d’explications plus claires sur ce terme.
Race : Est visiblement une créature peau-verte de type gobelinoïde. Pourtant, semble témoigner d’une meilleure nature physique que ses homologues communs. Catégorisation en “Champion Gobelin”.
Description physique :Grob est une créature dont la nature profonde est marquée sur l’ensemble de son corps, et le moindre rictus de ses traits. Il est visiblement court sur pattes, atteignant pourtant pour son espèce la taille sublime d’un mètre et douze centimètres, tandis que sa peau a visiblement abandonnée depuis plusieurs années la teinte verdâtre de ses confrères. À la place, il arbore désormais un cuir bleuté, épais et parcouru de multiples cicatrices, tâches de brûlure, voire même par quelques curieux endroits d’excroissances témoignant d’une régénération naturelle un peu aléatoire. Mais ce qui reste le plus évident vis-à-vis de cette forme physique peu naturelle pour sa race, c’est l’impressionnante musculature que ce petit corps semble avoir développé. L’ensemble de ses membres est parcouru de la ligne dense et solide de fibres musculaires poussées à l’extrême de leur capacité. Son buste, élargi par l’entraînement le plus strict, est dénué de la moindre trace de graisse sous-cutané, produisant alors un effet visuel curieux où ses flancs semblent étrangement gonflés par la présence de muscles normalement inexistant, à moins qu’il ne s’agisse de nerfs, pour le pire. Puis il y a ce visage, un faciès si terrible qu'il mérite, à lui tout seul, sa propre description :
Grob n'est pas qu'un gobelin, il est PLUS qu'un gobelin. Si l'on peut douter de cette information, il n'en reste qu'un élément de son corps l'exprime avec une précision chirurgicale : sa tête. Le nez est long chez les gobelins, mais chez notre puissant objet d'intérêt, l'on pourrait croire qu'il l'a fait allonger par le biais de quelques anneaux de fers bien placés. Ses oreilles, hautes et pointues, sont surtout en bonne partie en lambeaux, les coups de couteaux et de dents n'ayant pas pardonnés ces appendices, tant et si bien qu'il n'y a pas une bordure de ces dernières sans une cicatrice ou un morceau de chair ballant. Sa bouche est large, ses lèvres fines et élastiques, lui permettant ainsi d'ouvrir cette première dans des rictus souvent dérangeant, presque corrompu par la malignité de la créature. Une impression renforcée par une rangée de crocs longs et aiguisés, dont Grob cache souvent le plus terrible secret : les six premières dents de chaque partie de sa mâchoire sont crénelées, lui ayant quelques fois permis de survivre à une morsure prêt. En tout cas, tout ces éléments sont en soi une vision de cauchemar, certes, mais qui ne fait qu'approfondir l'ultime pied de nez à la beauté de ce corps hideux : ses yeux. Deux billes enfoncées dans le crâne du gobelin, gorgées de sang et d'humeurs, dont s'échappe naturellement un regard plein de haine.
Tout cela, c'est la forme naturelle de cette créature au demeurant peu sympathique. Il n'est pas à faire mention de ce qui se trouve entre ses jambes, l'horrible être ne s'étant pour l'instant pas permis de farcir quelques schlakwas afin de chercher à créer une autre forme de vie dépendante de lui. Non, il garde son pagne par-dessus et se contente de vivre pour ce qu'il a toujours considéré être le plus important : survivre. Ainsi, Grob s'est mit à accumuler un certain nombre d'équipements et de tenues qu'il a apprit à entretenir et porter. Généralement, il reste assez rustique, se contentant de peaux et de morceaux de cuir pour se vêtir, mais il semble affectionner certains bijoux, notamment les anneaux et les torques, se permettant alors de se parer de ces morceaux scintillants pour mieux signifier qu'il est supérieur aux autres soldats de son espèce. Toutefois, une seule chose compte réellement à ses yeux. Il pourrait être nu comme un ver, couvert de boue, de sang, de sueur, une chose ne quittera jamais sas abords, rarement sa main à quatre doigt : Sa hache, son arme, sa favorite, sa compagne de toujours pour lui permettre, années après années, de continuer de parcourir les routes sans jamais crever.
Description mentale :
Malgré tout ce que renvoie son physique disgracieux et agressif, Grob n'est pas aussi facile à comprendre qu'on pourrait le présupposer. La première des choses qu'il faut rapidement comprendre lorsqu'on lui fait face, c'est qu'il n'est pas un simple gobelin, il en est un qui a survécu plus longtemps que la majorité d'entre eux, qui est parvenu malgré tout les purificateurs, tout les aventuriers, mages et autres héros en quête de gloire... à s'en sortir vivant, voire parfois à leur apprendre l'humilité. Il est ce qu'il y a de plus entraîné et de plus puissant parmi ses confrères, ce qui ne serait pas grand chose toutefois si ce n'était pas accompagné d'un élément, simple, mais crucial pour n'importe quelle monstruosité avec l'ensemble de la faune héroïque au cul : l'intelligence.
Grob, c'est un être aussi vicieux qu'imprévisible. C'est une personnalité changeante, capable de fomenter des plans terribles pour des objectifs ahurissants de simplicité ou pourtant visiblement trop complexe pour être tenté. Ce champion gobelin, c'est un être qui ne laisse pas les choses au hasard, qui a vu trop de ses semblables se faire massacrer par stupidité ou manque de préparation. Qui a vu trop de prétendus guerriers tomber sous les coups de sa hache alors même qu'ils semblaient certains de leur victoire. Il sait que nul en ce monde n'est infaillible, que tout le monde peut chuter. Aussi, ayant atteint un âge suffisamment avancé pour observer la vie avec un peu de recul, il a développé aussi des traits peu communs parmi ceux de son espèce. Et parmi ceux-ci, il en existe un étrange mais qu'il apprécie de plus en plus, à savoir le respect. S'écartant de ses homologues, il commence à comprendre qu'au-delà de ses instincts, il y a aussi des émotions bien plus complexes, que l'on peut estimer un ennemi... Merde, on peut même avoir du respect pour une schlakwa ! Ça complique souvent les choses, mais ce n'est pas bien grave.
Grob, c'est donc un être qui se sépare de ses racines culturelles, autant mentalement que physiquement. Malgré sa nature corrompue, il apprend à apprécier les choses, à abandonner la haine pour accepter un spectre émotionnel bien plus large. Pour autant, tout n'est pas magnifique chez cet être, il reste malgré tout une créature fondamentalement mauvaise : Pour survivre, il fait acte de sauvagerie. Pour survivre, il fait acte de tromperie. Pour survivre, il haï avant d'apprécier. Et la première chose qu'il déteste sont les peaux-vertes dans leur globalité. Il pourrait égorger un à un l'intégralité de son espèce et ses voisines qu'il le ferait avec un grand sourire. Puis après, il éliminerait sûrement les prétendus héros. Puis les écureuils parce que c'est de la saloperie. Puis les mages et leurs horribles pouvoirs sans mérite. Enfin, tout ça pour dire que ce n'est pas parce qu'il est désormais bien plus sage que les autres membres de sa race qu'il en est devenu une bonne personne. Il fait les choses à sa manière. Si il rencontre une bonne personne, il acceptera le concept amical... et si il rencontre une schlakwa qui vaut le coup, tout les moyens seront bons pour s'en emparer.
Ah ouais, schlakwa, c'est "reproductrice". En soi, les gobelins utilisent rarement ce terme, préférant lubvak, ou "pondeuse". Mais Grob sait qu'il vaut mieux qu'eux. Il sait qu'il n'est pas en quête de n'importe quelle femme. Seulement ce qu'il se fait de meilleur.
Histoire :
Grob est né. À un moment, au moins, forcément. Il a fait partie d'un clan aussi. Normal, tout les gobelins ont un clan à la naissance, plus ou moins puissant. Et sûrement que Grob a dû vivre comme tout jeune morveux dans ce genre de monde : Se redresser le plus rapidement possible, et frapper les autres plus petits pour tenter de chopper les pauvres morceaux de nourriture qui pouvaient traîner autour de lui.
Mais tout cela, il ne s'en rappelle pas. Notamment parce que trois jours après sa venue au monde, l'ensemble de son clan fut massacrer par d'autres gobelins. Une simple guerre de territoire, le besoin pour les uns de prendre plus de place au vu de l'importance de leurs troupes. Ce fut si rapide, fulgurant même : les adultes se firent massacrer par leurs voisins sans la moindre vergogne, tandis que les lubvaks pleines furent rapidement égorgées, de manière à éliminer les descendances non-désirées. Puis il y eut la grande question pour le nouveau chef de ce terrier immonde où règne la loi du plus fort : Que faire des plus jeunes, de ceux qui viennent d'arriver au monde, qui n'ont désormais ni protecteurs, ni instructeurs ? Normalement, ils auraient tous dût être éliminés. À la place, le chef Ruug, de la troupe des Shnitz, fit un choix curieux : Tout les morveux suffisamment fort pour survivre, il allait les mettre au travail. S'ils se rebellaient un jour, alors il les éliminerait... ou les engagerait.
C'est ainsi que Grob fit son entrée dans la vie consciente : en étant esclave.
Il n'avait pas apprit à bien mâcher ses aliments qu'il fut envoyé pour agrandir les galeries de cette cachette gobeline. Ses doigts creusèrent ainsi la surface rocheuse et boueuse des mois durant, ses ongles se brisant au fur et à mesure tandis que son corps grandissait, prenait lentement la forme d'un jeune en pleine santé. Il en vit, de ses petits camarades, crever de dénutrition, se dessécher par manque d'eau, ou finir au bout d'une pique pour avoir osé déserter le chantier. Lui, il s'en foutait. Il n'avait pas de nom, il n'avait pas de pagne, pas d'outil ni d'existence. Il était la pioche, on lui avait apprit que c'était tout ce qu'il pouvait être. Alors il ne fit qu'obéir, sans jamais se poser de questions. Seul comptait le moment grâcieux où l'un de ses confrères s'écroulait, incapable de poursuivre sa tâche plus longtemps. Cela lui donnait l'occasion de manger de la viande, de se renforcer, de pouvoir être celui qui survit, plutôt que celui qui se fait mâchouiller.
Au bout de deux ans de ce dur labeur, deux choses étaient évidentes. Ses geôliers, stupides et rieurs, étaient désormais plus petits que lui. Les gardes qui étaient postés sur son chemin n'osaient quasiment plus le taquiner du bout de leurs armes volées, se contentant de le laisser rentrer dans son alcôve pour dormir quelques heures avant de retourner arracher la pierre de ses mains nues. Et puis ... Il était évident qu'il était le dernier encore en vie de l'ensemble des morveux esclavagisés. C'était étrangement satisfaisant, mais aussi enrageant : Il y voyait de la faiblesse. C'est porté par cette marque d'orgueil que le gobelin sans nom se décida alors de quitter définitivement ses quartiers, de lutter, au moins un instant, dans l'espoir de quitter les tunnels qu'il creusait depuis son enfance.
Un matin, il assomma les premiers gardes qui vinrent le chercher. Puis il se jeta sur le moindre gobelin qui osait se mettre en travers de sa route, volontairement ou non, tandis qu'il remonta les galeries en direction de la zone de vie de la tribu. Il comptait non seulement faire un véritable ravage, mais surtout prouver qu'il valait bien mieux que bon nombre d'entre eux. Chose qu'il n'aurait guère put faire sans un petit coup de pouce du destin. À la moitié du chemin il était déjà suffisamment blessé pour commencer à douter de sa rébellion, son pas se faisait lourd et sa tête lui tournait de plus en plus, alors il dû faire une pause, se cacher avant de reprendre sa vendetta orgueilleuse. Quelle ne fut pas sa stupéfaction en passant un maigre couloir de découvrir alors une zone de stockage, non pas de nourriture ou d'arme, mais d'Ilki, les champignons qui rendent valeureux. Autant dire que dans sa position, il n'eut pas à hésiter la moindre petite seconde. Il en attrapa les trois plus gros qu'il peut trouver, les enfourna dans sa gueule pleine de crocs, les mâcha bruyamment en laissant le jus âcre lui couler le long des babines.
Quelques secondes plus tard, il perdit la tête, reprenant sa fuite vengeresse avec la rage inconsciente des fous.
*
* *
Ce coup d'éclat, s'il n'exista pas du point de vue des hommes ou d'espèces plus civilisées, ne manqua pas de créer quelques chuchotements nasillards sous terres, là où se cachent les gobelins. Un chiard, seul rescapé d'un clan faible, avait à lui tout seul éliminé trois dizaines d'autres gobelins avant d'être arrêté par les forces personnelles du chef de clan Ruug. Le pire ? Non seulement il ne l'avait pas fait tuer, mais il l'avait en plus engagé dans le clan, lui offrant des armes... ainsi qu'un nom : Grob.
C'est sous ce patronyme que le tout jeune membre de clan fit ses armes après sa libération de l'esclavage. Une activité qu'il prit tout particulièrement à coeur, entamant non seulement de particper à plusieurs pillages, mais surtout à défier ses collègues et confrères, entamant lentement de monter un véritable palmarès de gladiateur émérite... Si seulement le principe d'arène et d'affrontements pour la gloire existait chez les gobelins. Toutefois, cela ne manqua pas de faire un certain tri dans les forces de plus en plus lascives et ramollies du chef Ruug. Plusieurs années sans risquer leurs peaux, à savoir qu'ils agissaient en troupes suffisamment nombreuses pour toujours revenir vainqueur, cela avait amené la discipline militaire à des degrés bien lamentables. Grob le savait, mais il avait tout à apprendre. Ruug le constata grâce à cette nouvelle recrue, puis se mit à fulminer. Il était temps de pousser ses armées hors de leur cachette, il était temps ... D'aller marcher sur les plates-bandes des humains.
Âgé de six années, désormais un adulte accompli, Grob fit partie des premières troupes à quitter le terrier en quête de massacres. Autant dire que les pauvres petites campagnes environnantes ne firent guère le poids, aussi eurent-ils le devoir et plaisir de commencer à récupérer nourritures, outils et femmes, entamant de transporter tout ces éléments en direction de leur foyer avec la fierté du travail accompli. Pourtant, Grob s'ennuyait. Tout était si facile, si... désordonné. Ça criait, ça agitait des armes, mais les humains... C'était très décevant, rien ne lui permettait de comprendre pourquoi le chef Ruug et les sous-chefs étaient aussi craintif de cette espèce rose qui se battait avec la mollesse d'un chiard de trois semaines.
C'est quand il rencontra des aventuriers qu'il prit enfin la mesure de ses pensées bien orgueilleuses. Un groupe de cinq humains, ou ce qui y ressemble, armés jusqu'aux dents et capables de faire apparaître pièges et flammes à la simple injonction de leur voix. Sa troupe, composée de quarante-cinq gobelins, fut massacrée sans aucune forme de procès. Grob n'eut que la chance de les voir agir de loin, ainsi d'avoir le temps de trouver une solution pour ne pas se faire massacrer par ces cinq chasseurs de gobelins : se dissimuler. Il planta sa propre dague dans son ventre, puis se laissa choir sur le corps d'un autre soldat, faisant mine d'être mort tout en priant ne pas être éliminé par un de ces sorts dont les humains semblaient avoir le secret. Heureusement pour lui, le groupe qu'il avait rencontré avec ses homologues restaient des débutants. Puissants mais imprudents, il ne firent pas l'effort de vérifier chacun des ennemis tombés pour s'assurer de leur décès.
Alors Grob survécut. Il contempla le massacre peu après, un rictus mauvais aux lèvres. Il ne savait pas comment agir. D'un côté, il pouvait retourner auprès du chef Ruug, mais rien ne lui promettait que les choses s'amélioreraient. Le pire était encore d'imaginer que les cinq malades qu'il avait croisé finiraient forcément par trouver le terrier, et donc d'y procéder à un ménage sommaire. Pourtant, il se voyait mal vivre seul, sans la puissance de ses semblable pour pouvoir survivre malgré tout les dangers.
Il observa le sergent de sa troupe, un orc qui s'était rallié au chef Ruug. Son bras avait été arraché par un puissant coup de sabre, la hache de celui-ci se trouvant encore entre les phalanges crispées du peau-verte musculeux. Grob s'avança, tira l'arme à lui, puis face à la rigidité cadavérique de ce morceau du chef, planta ses crocs dans la chair avec avidité. En soi, n'était-ce pas ce qu'il avait toujours fait ? Se battre seul et bouffer ceux qu'il pouvait pour survivre ? C'était stupide de se rattacher à ce clan, il allait disparaître de toutes manières. Non, tout ce qu'il pouvait faire, c'était se barrer. Prendre cette hache et la poudre d'escampette, quitter les lieux et se lancer sur la route. S'il trouvait un clan, il le rejoindrait le temps de prendre et apprendre ce qu'il pouvait, pour alors repartir sur quelques sentiers. Un plan parfait... qu'il mit en place immédiatement, pillant les cadavres de ses congénères avant de s'éloigner, seul, par-delà les champs de blés, en une direction inconnu.
*
* *
À partir de cette époque, Grob devint un Kouash, un gobelin sans-clan reconnu toutefois pour ses capacités. Certains gobelins eurent peut-être le malheur d'aller le chercher d'un peu trop près, mais grand mal leur en fut, étant donné que l'âge offrit à notre protagoniste non seulement la force, mais aussi le manque de pitié inhérent à une vie solitaire où tout peut devenir un danger. D'abord surnommé le "marcheur", il obtint au fur et à mesure des années plusieurs titres parmi les clans où il participa aux pillages et guerre de territoire : "le gros" "celui qui cogne dur" "la hache", ainsi qu'à la fin de sa carrière "Grob la fin". Ce dernier pseudonyme était moins glorieux que les précédents, même s'il témoignait de son âge, le peau-verte ayant constaté, après plus de vingt-cinq année de service, la destruction de quatorze clan gobelin, ainsi que l'extermination de huit groupe d'aventuriers. Une vie bien remplie pour un gobelin, et Grob commença à attendre que son corps décline, fin absolument insupportable pour un être comme lui.
Ce fut l'époque où, de guerrier malin, il devint une horreur sournoise ou acharné cherchant le danger. Perdant toute forme d'espoir en sa race, considérant ses homologues comme faible, preuve d'une dégénérescence raciale où le clan est synonyme de lente diminution des compétences personnelles, Grob prit définitivement en haine son espèce. Devenant un renégat aux yeux de tous, il entama simplement d'entraîner dans son sillage la mort de nombreux des siens, ainsi que de tout ce qui croisait son chemin. Un effort qui n'avait qu'un seul objectif en soi pour Grob : appeler à lui suffisamment d'ennemis pour mourir l'arme à la main plutôt que de dépérir par vieillesse. Cela n'eut pas vraiment l'effet escompté pour plusieurs raisons. Non seulement il s'était effectivement levé au-dessus de ses confrères, ses techniques, ses pièges, son intelligence lui permettant bien souvent de massacrer les troupes stupides et lourdaudes qu'on lui envoyait, mais surtout ... Lui qui comptait sur la présence d'aventuriers de haut niveau, capable de le disperser aux quatre vents par un sort bien senti, il comprit avec malheur que les humains n'envoyaient guère de puissants héros pour éliminer les peaux-vertes, jugées bien trop peu importante.
Son honneur en prit un coup, du moins jusqu'à l'ultime rencontre de sa vie passée : Moron'lyn.
*
* *
Il avait plus de trente-quatre ans. Sa peau était désormais bleutée, épaisse, presque aussi épaisse que le cuir d'un auroch. Ses bras étaient des jambes pour son espèce, et ses jambes des pieux, de ceux que l'on dresse devant les campements pour faire office de barricades. Il avait encore aujourd'hui trouvé une occasion de se battre, de chercher la mort, sous la forme d'une troupe du clan Bouka ayant favorablement répondue à sa provocation railleuse. Mais encore une fois, il avait tout simplement prit le dessus. Non seulement la première ligne avait été écrasée par un rocher qu'il avait judicieusement placé de manière à défendre son campement, mais surtout, la seconde partie de la troupe n'avait rien trouvée de mieux que de monter le flanc de colline dans une cohue maladroite, lui donnant tout le temps de garder l'avantage de la hauteur, les tuant un par un, soit de sa hache, soit de ses ongles griffus baignés dans le poison d'Ourag, une spécialité d'un clan disparu, les Juvzz.
Il en ramassa l'équipement, récupérant notamment le bel anneau nasal doré du commandant. Soupirant de l'échec de cette journée, il ne remarqua pas la présence qui s'était glissée au milieu de son campement, assise même sur la souche qu'il s'était taillé pour avoir un siège de qualité.
"
Des rixes entres peaux-vertes, j'en ai vu... Mais un seul, prêt à se farcir une troupe, c'est une première. "
Grob bondit par instant, attrapant la première lame à portée pour se protéger tandis que son soudain invité ne sembla pas bouger d'un cil, se contentant de lui faire en partie dos. Difficile de ne pas heurter plus violemment l'honneur naissant du gobelinoïde. Il remonta dans la pente, plein de rage, prêt à fondre sur cet adversaire afin de lui planter le couteau de fortune dans la gorge. Mais il ne comprit son empressement qu'au moment de l'assaut, son adversaire se redressant pour l'attraper à la gorge, tandis que son autre main bloqua le poignet de l'être bleutée, l'empêchant d'immédiatement réagir en glissant la lame dans l'avant-bras tendu. Un échec complet, mais logique : loin de garder toute sa malice, il venait de tenter une attaque frontale face à un inconnu qui s'était glissé dans son campement sans qu'il ne le remarque... Un élément qui aurait dut lui mettre la puce à l'oreille.
Enfin, dans cette position, Grob n'avait clairement pas la largesse de pouvoir riposter, même de réagir, la pression autour de sa gorge lui coupant la respiration. Pourtant, son adversaire ne refermait pas définitivement sa main. Il ne l'achevait pas...
"
Du calme. Ça fait un moment que tu laisses traîner tes casseroles dans toute la contrée, il y allait forcément y avoir quelqu'un pour t'éliminer à un moment. "
Il tenta de baragouiner quelques mots en commun, ne produisant malheureusement que des raclements de gorge et quelques renâclements étouffés. Toutefois... Une tentative de discussion qui sembla suffire à son adversaire, laissant tomber le gobelin au sol en relâchant la pression qu'il avait sur son cou.
"
Raaaagh... Pourquoi... parler... avec proie ? "
Son commun était rudimentaire, mais suffisant pour convoyer le sens qu'il voulait offrir à sa question. Pour quelle raison un tueur irait parler avec celui qu'il doit éliminer ? C'était bien là la question que se posait majoritairement Grob, surtout après avoir compris durant sa suffocation qu'il n'était clairement pas capable de lutter contre celui qui était venu lui ôter la vie. Cherchant toutefois à se redresser, tout en attendant la réponse de cet inconnu, Grob se doutait en son for intérieur que malgré sa demande la mort allait vite le faucher, aussi préférait-il que cela se fasse sur ses deux pieds. Rien de pire que de mourir comme un lâche, à se traîner au sol comme un ver en signe de survie. Il était peut-être malicieux, capable de tout pour survivre... Mais il savait aussi reconnaître l'inéluctabilité de son destin face à cet être.
"
Pourquoi ? Eh bien justement pour ce que j'ai sous les yeux. Une étrangeté. Ça ressemble à une peau-verte mais ... ça n'en a pas le comportement. Du moins, ça n'as pas la lâcheté qui me donne envie de les découper. "
L'homme se retourna, s'asseyant alors de nouveau sur la souche taillée, avant de regarder par-dessus son épaule. Grob, malgré son âge, malgré tout ce qu'il avait vécu... restait là, planter devant la scène, comme hagard. En fait, il avait tout le mal du monde à comprendre, à s'expliquer, à théoriser les véritables raisons que pouvait cacher l'être encapuchonné devant lui. À la place de la moindre justification logique, il ne trouva qu'incompréhension et doute, l'ensemble s'exprimant sur son visage dans un air hagard, la grimace l'accompagnant ayant sûrement de quoi faire hurler de rire un noble nexusien en besoin d'un bouffon de compagnie. Mais rien de ceci ne vint de la part de l'aventurier sensé l'éliminer. Il se contenta de rouvrir ses lèvres sur un ton calme et avenant.
"
As-tu un nom ? -
Grob. -
Grob, je suis Moron'lyn. Dans le conté voisin, je dirige la "Société des Lames", une guilde d'aventurier qui fait dans l'exploration et le mercenariat. "
Il sortit un document, le tendit calmement en direction du gobelin bleuté.
"
Je pas lire. -
Tu n'en as pas besoin. C'est un contrat présigné. Je te propose de devenir aventurier. "
Le silence. Grob ne comprenait rien de ce qu'il se passait, en revanche, il commençait lentement à observer cet être qui lui faisait une proposition des plus perturbantes. Il lui faisait dos, mais il était sur-ses-gardes, prêt à réagir à la moindre attaque. Il avait une main occupée par le morceau de papier, mais il savait que celle-ci pouvait devenir une poigne mortelle en un instant. Et puis ... c'est là qu'il parvint à les apercevoir, quasiment sur chacune de ses phalanges, sur le bord visible de sa joue, ou au niveau de sa cheville. Des cicatrices. Une quantité affreuse de cicatrice. Ce type qui lui faisait une proposition, c'était pas juste un mage qui pouvait le dominer par le simple don de la puissance innée, non. C'était un guerrier, surentraîné, ayant vécu tant de combat, gagné tant de duels, à l'instinct entraîné par tant de coups bas et de tromperie. Ce qui naquit dans le coeur noir du gobelin... Ce fut une marque de respect. Il avait rencontré un premier être qui le supplantait sans avoir triché. Un véritable survivant, sans artifices.
Grob sourit. La mort pouvait bien attendre désormais, il avait en face de lui quelqu'un à égaler. Si ce n'était en force, il se le devait par ses efforts.
"
Oui. "
*
* *
Au beau milieu d'un hall de marbre, un pauvre page se massait les tempes tout en observant ce qu'il venait de se passer. Non seulement les magistrats étaient venu ce matin pour retirer l'affiche de "la terreur bleue", laissant entendre que l'un des dangers récurrent de cette contrée venait enfin de trouver sa fin, occasionnant alors un certain soulagement, mais surtout ... La-dite terreur était rentrée quelques heures plus tard à l'intérieur du hall, un papier crasseux dans la main. Autant dire que la petite jeunette à l'accueil manqua s'uriner dessus, tandis que le susmentionné lettré avait manqué aller se terrer sous un meuble en espérant passer inaperçu. Mais pas de sauvagerie, pas de massacre... L'être hideux se contenta de poser la feuille sur le bureau de la jeune femme terrorisée, dont les tremblements ne manquèrent pas de l'empêcher de bien lire le document. Pourtant, après un hoquet de surprise, fort fut de constater qu'elle ouvrit un tiroir, donna quelque chose à cet indésiré visiteur, puis attendit son départ pour amener au page interdit le formulaire déposé par l'ancienne tête d'affiche.
"
Initié Matthew nous .... nous avons un nouveau membre. "
~FIN~
Comment avez-vous connu LGJ ? :
C’est un DC