Qu’a-t-il fait pour attiser la rage hargneuse de la terranide ?
La situation rocambolesque dépasse la divinité, bien penaude devant la cruelle détermination de la jeune femme. Dans un élan naïf, il suppose que l’avoir plaqué au sol lui accordera quelques secondes de répit pour passer à l’interrogatoire. Mais une question suffit à l’élancer d’une nouvelle volonté vindicative. La main laissée libre pour son confort se saisit d’un nouveau poignard caché sous les pans de ses vêtements.
Interloqué par ses paroles, Anubis esquive de justesse la seconde lame, qui frôle son bras et laisse une fine égratignure sa peau brune. Il prend ensuite appui sur ses genoux, encadrant le frêle bassin de la renarde. Sa main libre attrape celle de l’imprudente, qui est plaquée, à nouveau, au-dessus de sa tête à côté de sa semblable. Peut-être, l’égyptien aura-t-il quelques secondes pour réfléchir à cette situation cocasse.
Elle affirme qu’il mérite sa sentence. Peut-être. La divinité mortuaire est bonne à juger les âmes mais il n’a jamais observé la sienne, si tentée qu’il en est une. Or, son commanditaire doit être fou pour l’élancer aux troupes d’un être immortel sans l’y préparer ? Il reconnaît volontiers son talent et sa ruse mais tout de même ! Une pièce du puzzle manque pour déchiffrer cette tortueuse énigme.
« Commence par te calmer, Mortelle, insiste-t-il afin de s’éviter une nouvelle attaque de la belle. Je n’ai pas l’intention de te blesser. » Toute forme de colère s’est dissipée, étant qu’il ne la pense plus consciente de son attaque. Les résidus perçus dans la froideur calme de sa voix se dirigent vers l’odieux financeur, à l’origine de cette demande. « Qui crois-tu affronter ? De quel crime m’accuses-tu ? »
Sous sa vive détermination, Anubis la pense bien incapable de tenir en place. Il commence à scruter les environs en quête d’une liane ou qu’importe objet qui pourrait servir à l’attacher. Dans le même temps, le chacal pris dans cette risible position se rend compte de la beauté pure de l’assassin envoyé à ses trousses. De sa chevelure flamboyante à ses délicates pupilles, son regard doré admire son corps forgé avec délicatesse et grâce dont le seul but est d’ôter des vies.
Il est bien dommage qu’une telle créature s’abaisse au crime.
Anubis ne perd pas son objectif de vue. Il la libéra une fois qu’elle sera convaincue de son erreur. Pour l’heure, il doit l’attacher. Pour se faire, il se saisit de la ceinture de son pagne, seul objet à proximité capable de remplir la vocation qu’il lui cherche et lie ses poignets ensemble. De l’extérieur, pour quiconque se ferait spectateur involontaire de cette scène, le dieu passerait sans doute pour un homme de la pire espèce, en quête de l’assouvissement de ses pulsions.
Il ne nierait la beauté de la renarde ni ne refuserait une invitation mais il dédaigne l’idée d’à abuser d’une femme.
Pour cette raison et la rassurer quant à ses intentions, le brun se lève et la libère de son poids. Ses doigts agrippent son unique vêtement, délaissé de sa sangle pour lui éviter d’imposer sa nudité. Il s’installe à quelques pas sur un rocher où une assise lui est offerte.
.« J’ai l’éternité devant moi, lui informe-t-il sur sa patience. »