Un rêve parmis tant d'autres [pv Izável]

« Il y a quelqu'un ? »

Rohan remarqua vite que l’atelier ou il venait d'entrer était vide. Il était en avance pour le cours, pour la quatrième fois. Peu importe. Tout ce qu'il voulait faire ici, c'était gratter du papier et reproduire quelque chose. Par chance, la salle avait déjà quelques objets qu'il n'avait pas encore essayé de dessiner dont un pot fleurs judicieusement placé au milieu de la salle. Pas très original mais mieux que rien. Le jeune homme dirigea donc vers le chevalet le plus proche pour s'installer devant et y déposer une feuille vierge. Une fois qu'il avait son crayon en main, il ne lui fallait pas beaucoup de temps pour trouver les premiers trais à tracer pour reproduire la silhouette de l'objet qu'il observait avec attention.

Quelques semaine après son arrivé à Seikusu, Rohan n'avait que deux choses en tête : manger et dessiner. Avec des amis et une famille vivant à des milliers de kilomètres de chez lui, il n'avait plus que ça à faire. Faire de nouvelles rencontre n'a jamais été son plus grand talent et il appréciait même la solitude qui s'offrait à lui. Il pouvait juste se concentrer à aiguiser ses talents et oublier tous les problèmes qu'il avait. La vie au japon pour un étranger n'était pas facile après tout, même pour un artiste aussi talentueux que lui. Même avec ses économies et les quelques relations qu'il avait, il ne pouvait compter que sur ses capacités pour réussir à survivre dans un domaine particulièrement compétitif.

Les coups de crayons de Rohan deviennent graduellement de plus en plus précis et il oublie presque tout ce qui se trouve autour de lui. Enfin il pensait que c'était le cas, car l'arrivée d'une personne vint perturber sa concentration. Une femme à la chevelure blanche qu'il n'avait pas encore rencontré. Ancienne ou nouvelle aucun moyen de savoir, il avait commencé ses cours dans l'établissement que très récemment après tout.

« Bonsoir » Dit-il poliment avec un léger sourire et un japonnais maladroit. « Vous êtes nouvelle aussi ? » Demanda-t-il ensuite pas curiosité.

Tout en parlant il continuer de tracer d'autres trais, vifs et assurés, cherchant à rendre le dessins plus vivant et plus réaliste à chaque coup. Malheureusement à la vitesse ou il allait, il n'était pas vraiment satisfait du résultat. Certes il avait reproduit sa cible avec brio mais il manquait quelque chose qu'il pouvait trouver chez des artistes plus expérimentés. Impossible pour lui de mettre la main sur ce qui lui faisait défaut par contre, il savait juste que ce détail inconnu pourrait peut être bien changer grandement le résultat de ses travaux.

« Le cours ne devrait pas commencer avant un bon moment, j'ai juste l’habitude d'arriver en avance. C'est votre cas aussi ? »

A la place de gagner un mal de crâne devant sa feuille il se tourna vers l'inconnue pour penser à autre chose quelques secondes. Il avait bien passé de nombreuses semaine sans parler à qui que ce soit, hors du strict nécessaire à sa survie dans une ville encore nouvelle à ses yeux. Donc même s'il appréciait la solitude, il devenait en même temps un peu plus bavard que d'habitude.

Depuis son arrivée au Japon, Jezabel avait senti une étrange présence. Elle-même traînante dans les rues –  et proche de l’établissement d’art – pour des raisons qui lui étaient propres,  ses pas avaient été irrémédiablement conduits à Rohan.

Après l’avoir observé de loin, elle ne savait toujours pas identifier sa nature. Trois vérités s’imposaient tout de même à son esprit :  Il n’était ni un humain, ni un démon. La succube mourait d’envie de l’approcher, en apprendre plus sur cette aura de mystère qui l’entourait.

Pour se faire, elle décida dans un premier temps de prolonger son séjour à Seikusu et s’inscrivit à ses cours. De ses observations, il passait pour un humain lambda ; pour l’approcher, la démone serait obligée d’endormir sa méfiance.

Elle prit ainsi une apparence plaisante à son goût pour l’aborder. Un soir, la succube arriva naturellement dans la salle de classe, dotée de son matériel de dessin, trouvé on-ne-sait-où.

Il était seul, en avance dans la salle déserte. Elle trouvait la liberté d’agir à sa convenance.

« Bonsoir ! Lança-t-elle avec enthousiasme, prise dans son rôle d’étudiante étrangère. Oui, c’est mon premier cours. Vous avez des conseils à me donner ? »

La démone cherchait à entretenir la conversation. Elle devait profiter de leur tête-à-tête pour se rapprocher rapidement de lui. Avec grâce, elle se faufila entre les chevalets disposés par avance par la professeur. Il n’y avait aucune place attribuée mais certains possédaient leur habitude.

« Oui ! Ca me permet de me familiariser avec les lieux et de m’échauffer un peu. » Armée d’un sourire amical, elle s’arrêta jusqu’à côté de lui. « La place est libre ? » Si elle l’était, Jezabel s'installa tranquillement à côté de lui. Sinon, la démone trouva à s’asseoir quelques places plus loin.

Sa trousse sortie, ses doigts se saisissaient d’un crayon. Elle prit le même modèle que Rohan ; après tout, ils étaient là pour dessiner, autant s’éviter d’attirer d’inutiles soupçons.

« Au fait, je m’appelle Jessie et toi ? » Il était clair que la démone devait user d’une appellation plus moderne que son vieux prénom phénicien.