Encore une fois, j'étais envoyée loin de l'Olympe dans un des nombreux temples de mon maître pour le gérer en attendant que la matriarche du lieu de culte se remette de sa maladie. Ma situation actuelle ne me laissait pas vraiment le choix, de toute façon, puisque je suis un poids au temple. Le bébé allait bientôt naître... mais cela ne semblait pas vraiment avoir aidé ma relation avec mon maître, qui a reprit ses habitudes. J'étais de retour à ce stade où je n'étais qu'une simple prêtresse à laquelle seule Lana osait adresser la parole. À nouveau, il ne visitait et n'était visité que par Despina, Élosia, Aphrodite et ses autres amantes. Je savais que mon dieu n'était pas au même degré d'affection que moi, mais je commençais à me dire qu'il n'éprouvait du désir pour moi que parce que j'étais vierge. Mon arrivée avec ce ventre rond m'avait attiré beaucoup de regards et j'en fut un long moment intimidée. Puis, vint le commentaire-question0 que toutes les prêtresses se posaient, durant les bains collectifs, depuis qu'elles m'ont vue. Une jeune dame m'approcha et m'a fait un sourire, posant une main sur mon ventre que je nettoyais avec beaucoup d'amour en pensant au petit être qui y grandissait que j'allais bientôt mettre au monde.
-Votre époux doit être comblé de vous savoir enceinte, madame.
Cette simple remarque m'arracha un sourire des plus tristes. Arès n'était pas mon époux et il ne le sera jamais, je le sais bien, mais concevoir un enfant hors mariage était encore mal vu sur Terra. Ma main caressa doucement l'orbe de chair qu'était devenu mon ventre, alors que mon esprit s'absentait l'espace d'un moment. Ce bébé ne l'avait guère rapproché de moi et le fait que je lui avais donné ma virginité non plus, et maintenant, il semblait plutôt désintéressé de mon sort. D'une voix calme, teinté de tristesse, je répondis:
-Non... je n'ai pas d'époux... c'est l'enfant de mon maître que je portes...
Les autres prêtresses comprirent qu'Arès était le père de l'enfant et si certaines me regardaient avec un air réprobateur, d'autres m'ont approchée pour me féliciter et me démontrer de la compassion. Mais à leurs yeux, je savais ce que j'étais. Une autre simple putain d'Arès, une traînée qu'il a engrossé et abandonnée. Devant de telles préjugés, je ne pus faire qu'une seule chose; partir. j'ai quitté l'eau chaude du bain, prenant le temps de me sécher d'abord, puis j'ai revêtu une belle robe à manches longes blanches, dont le tissu élastique permettait d'être confortable même avec mon ventre prononcé. Lorsque j'ai quitté la salle des bains, les cheveux encore humide, une jeune noble pieuse s'est approchée et m'a abordée. À sa demande, je baissai la tête, à nouveau.
-Elle prie pour rentrer chez elle... et essaye d'imaginer que sa situation ira mieux à l'avenir.
Je me tournai vers elle et je m'inclinai, le plus que mon bébé puisse me permettre, pour saluer la noble avant de continuer mon chemin hors du temple, essuyant mes yeux embué de larmes. Je devais vraiment devenir plus forte et je le savais, forte comme Élosia et insensible comme le fut Lana... j'aurais voulu être l'une d'entre elles, sans souci, heureuses et aimées...