Si il y avait une chose qui n’avait pas beaucoup changé au campus ses quinze dernières années, c’était bien son fonctionnement et son architecture. Le reste par contre, Sydney serait tentée de dire en mal. La nouvelle génération d’élèves était moins saches, plus provocants que jamais avec un brin bien dépravé à un tel point qu’elle n’osait même pas imaginer dans quel état la société se retrouverait quand ce beau monde finira sur le marché du travail. Le monde part en couille, elle l’avait toujours dit. Ceci dit, elle était belle aussi l’ancienne génération avec un sac à dos qui faisait «gling-gling» avec des bouteilles d’alcool à l’intérieur du sac à dos, où avec du recul, en tant qu’adulte on pouvait lui reprocher de fournir de l’alcool à des ados. Après, ce n’était pas comme si ils avaient besoin d’elle pour s’en fournir...
Hormis le bruit des bouteilles qui gâchaient à peu près tout, rares étaient les fois où des élèves pouvaient se vanter de voir Sydney habillée d’une robe assez sexy malgré un style assez garçonne; bottines, un t-shirt assez moulant. Déjà, elle n’était pas (nécessairement) là pour se faire draguer, mais plutôt pour jouer les stalkeuses. N’allez pas non plus croire qu’elle faisait parti de ses coincées, disons que c’était un petit plus qu’elle ne cracherait pas pour finir sa soirée correctement. Juste qu’elle se devait d’être passe-partout, pas être collé par des reloues toute la soirée.
Entrant dans ce dortoir, l’endroit était typiquement fréquenté par des élèves avec des parents assez fortunés pour, à la fois offrir un certain confort et faire en sorte que les surveillants regardent ailleurs en ce qui concernait le débit de boisson pendant au moins ce week-end. Ça aussi n’avait pas changer des masses ses quinze dernières années... A en juger ce qui se passa dehors et le monde qu’il y avait dans le hall du rez-de-chaussé, Syd estima à une bonne centaine de personnes. Rien d’étonnant pour une université connu dans tout le Japon. Le rez-de chausser était fréquenté par les éternels fêtards, là où dans les étages des chambres, les couloirs servaient plus de lieu de discussion pour filtrer et être un peu moins abrutis par la musique forte. Du moins pour le moment, il n’était que 19 heures, dans 3-4 heures, si Syd devait utiliser ses propres termes, les chambres risquaient plus de servir de baisodromes qu’autres choses.
Posant son sac sur une des tables, elle attira assez facilement une meute d’éternel buveur quand ses derniers verront autres choses que du saké à volonté. Elle avait beau n’être qu’à moitié japonaise, culture américaine oblige, c’était les munitions de Whisky et autres Rhum qui changeait pas mal des alcools classiques japonais. A bas prix, il ne faut pas déconner : ça allait être mélangé...
Une tape derrière l’épaule de la part de certains garçons de différents club de sport, suivi d’une discussion de dix minutes, il y avait mieux comme plan drague. Et surtout, Sydney avait toujours été de nature sociable tant que l’on ne lui marchait pas sur les pieds, avec ou sans double identité. Puis, elle se plaça dans un coin, jetant un coup d’oeil à son téléphone portable, faisant mine de regarder ses messages. Même pas 20 heures, elle commençait déjà sa petite enquête, ou sa petite chasse selon les termes. Juste que le téléphone, pour le peu que l’on lui ôtait la coque, n’avait rien de classique. Bien qu’un peu relevé pour jeter un œil à une caméra qui venait de passer en mode thermique. Même si elle ne comptait que viser de l’insecte et que la température corporelle ne prouvait rien dans un bahut qui les créatures à sang froid ne manquaient pas, cela lui permettait de commencer à savoir où chercher. Après tout, elle faisait parti de ses magical girl qui n’attendait pas 22 épisodes sur 24 pour trouver les méchants, et que si ça tenait qu’à elle, 3 épisodes lui suffisait pour clôturer une saison !
Un petit manège qui dura à peine un quart d’heure, puisque son verre à la main, le téléphone de l’autre, elle leva les yeux en «sentant de la magie dans l’air» assez familière. Elle, ça ne posait pas vraiment de problème, tant que son pacte n’était pas enclenché, sa magie restait en stand-by. Rien non plus d’étrange en soit, des personnes qui touchaient à la magie ou des créatures magiques, ce n’était pas ce qui manquait à Seikusu. Juste que FireSpear a une réputation tellement déplorable envers ses collègues, qu’elle ne savait jamais comment le prendre quand elle croisait l’une de ses dernières.
Un petit tour dans l’horizon, rien de bien étrange, si ce n’était la brune en jupette qui venait de rentrer... Comme Sydney pouvait difficilement deviner que la nouvelle arrivante était sous sa forme féminine de magical girl, elle mit cela sur le dos d’une sorcière ou une simple magicienne qui venait de toucher à la magie. On était à Seikuzu après tout !
«Dis voir Washark, tu t’y connais en bijoux?»
«Si c’est pour me demandez si c’est une consœur, je ne peux pas te répondre mais te proposer une solution : être en bon terme avec les autres magical girl.»
«Si c’est pour me claquer ça, je te prierais de t’abstenir à me répondre...»
Une brève discussion télépathique avec son gardien, qui venait de se clôturer par un «tu ne sers à rien». Une habitude, le pauvre se goinfre Sydney depuis si longtemps que celle-ci avait compris qu’il ne pouvait rompre le contrat tant qu’elle était en vie. Par contre, ça risquait quand même de se sentir : les objets magiques, FireSpear n’en connaissait pas grand chose puisqu’elle reconnaissait plus le poids d’un pain de C4 qu’un objet de détection... En tout cas, si la belle inconnue se retournait, ça risquait de porter confusion : un téléphone portable un peu trop relevé et que l’on pourrait croire qui filme, et surtout qu’à ce moment là, l’objectif fixer sur le joli petit cul de celle-ci. Un joli quiproquo ! Le pire ? C’était non intentionnel et si Sydney devait trouver un coupable, sa mauvaise foi accuserait son bon à rien de gardien !