"Ouais c'est ça! Et restes-y!!"
Cria Alana à la prêtresse supérieure, les joues rougies de colère et les larmes aux yeux. Elle n'avait jamais regretté sa vie au service d'Aphrodite, mais en cet instant, elle aurait souhaité n'être jamais sortie de l'éther...
En apprenant le nombre d'excurssion qu'Alana s'était offert sur terre, cette bougresse l'avait condamnée à 30 coups de fouet...
Ca n'était un secret pour personne, la plus jeune des prêtresses de la divine multipliait les escapades terrestres, et elle-même n'entretenait pas un grand mystère quant à ses occupations, personne ne lui ayant jamais formellement interdit d'y aller. Et justement, comme beaucoup étaient au courant et que personne ne lui disait rien, Alana avait continué, encore et encore. Quand c'était arrivé aux oreilles de la grande prêtresse, celle-ci avait vu ses joues s'empourprer de colère... Comment cette toute jeune péronelle osait-elle se donner ainsi en spectacle...? La rouquine, qui justement revenait du centre commercial, l'avoir vu débarquer dans sa chambre, toutes voiles dehors moussaillon!, faisant exploser la porte, un bâton à la main. Elle en avait d'abord donné cinq coups à Alana, avant de tempêter contre elle, contre son exhibitionisme, son manque de tenue et l'honneur de la grande Déesse qu'elle trainait dans la boue, selon elle. Sur quoi, l'impudente Alana avait osé répliquer que le propre du culte d'Aphrodite était justement de lui rendre hommage par l'amour, et qu'elle ne faisait rien de mal. Elle ne forçait personne, se contentant d'exacerber les sens des hommes qui se prêtaient volontiers à ses jeux, et lui renvoya en plus dans la face qu'elle faisait de même, et bien pire encore, alors qu'elle n'avait aucune raison de la faire se sentir coupable comme elle essayait de le faire présentement.
La vérité étant toute autre. En réalité, la perfide avait appris que la nouvelle rousse avait eu la chance de croiser un Dieu sur son chemin, chose qu'elle-même en priant pendant des années, n'avait jamais réussi à obtenir. Prise d'une jalousie, d'une envie et d'une colère sans égal, elle avait décidé de la punir. Pour tout, comme pour n'importe quoi, cette arriviste pairait... Alors quand on lui avait raporté ses sorties, elle saisit son prétexte et fondit sur sa proie comme un rapace aux bec et serres aiguisés comme des lames de rasoir. Ce qu'elle n'avait pas prévu, c'était que la rousse flamboyante ne se soumettrait pas et l'humilierait...
C'en fut trop pour la supérieure qui ordonna les trente coups de fouet. Dès que l'ordre fut donné, trois de ses soeurs se jetèrent sur elle. Deux pour l'immobiliser, une troisième pour la droguer, le temps de l'enchaîner et de la conduire à l'endroit dédié à ce genre de châtiment.
Quand Alana avait reprit conscience, elle vit avec horreur ses bras enchaînés à deux pilliers. Elle allait être fouettée en place publique, devant tout le monde... La pire des humiliations... D'autant plus que la sournoise prêtresse dirait bien ce qu'elle voudrait, sans aucune gêne et trainerait l'honneur et la dévotion d'Alana dans la boue...
Ca ne manqua pas, elle récita les chefs d'accusations, en ajoutant même de nouveaux sortis tout droit de son imagination, comme par exemple des gestes malsaints avec des enfants... Ce qui eu pour effet de faire vomir Alana, qui ne pouvait supporter de s'imaginer ainsi. Cela convainquit une partie de l'assemblée de sa non culpabilité mais c'était trop tard...
Agité magiquement, le fouet claqua. Alana serra les dents. Un coup. Le fouet mordit sa peau, et malgré son envie de ne pas étouffer le moindre cri, ça ne fut pas possible. Elle gémit de douleur, ayant l'impression que sa peau se détachait de son corps. Et dire que ça n'était que le premier...
La rousse réussit à rester consciente et compter les dix premiers. Après ça, elle glissa dans une sorte de torpeur, enveloppée par la douleur, sentant ses muscles se bander et protester contre un tel traitement... Enfin, la torture prit fin. Ils furent plusieurs, les yeux en larmes, à venir décrocher Alana, qui n'était désormais qu'ailleurs. On a reconduisit dans le temple, où sa porte avait été réparée, puis l'allongea sur son lit, sur le ventre, et on s'occupa de sa chair, à vif, saignante. Toute une nuit de soins fut nécessaire pour racheter le tiers des dégats que le fouet avait causé à sa peau. Une journée supplémentaire pour un autre quart.
A l'aube du deuxième jour, Alana, qui était restée alitée, pu se lever, non sans éprouver une douleur des plus vive, qu'elle ne put contenir un nouveau cri de douleur, et, usant de ses dernières forces, se téléporta sur le rivage.
Elle était sur une plage de sable blanc, l'aube commençait à poindre. Et personne alentour. La jeune femme gorgea ses poums d'air frais, tentant de refouler les larmes d'humiliation, de douleur, de colère et de haine qu'elle sentait monter en elle. Ce fut trop d'émotions violentes d'un coup, pour un coeur qui n'aspirait qu'à la paix et au calme.
Alana se mit à pleurer, le coeur déchiré. Elle ne comprenait pas comment on pouvait se sentir aussi mal. En même temps, c'était la première fois de sa vie qu'elle se trouvait confrontée à la douleur. Il avait fallut que ça s'accompagne d'une humiliation...
Plongeant sa tête dans ses mains, elle tomba à genoux, et laissa les sanglots affluer alors qu'elle sentait son dos la brûler. Pour vêtements, elle n'avait que la robe de paria qui lui avait été mise pour sa torture, un drap simple, blanc, passé sur ses hanches et accroché derrière son cou. Mais Alana se moquait bien de sa tenue, elle était bien trop mal pour prêter oreille à ce genre de considération en un moment pareil. Finalement, ses sanglots se tarirent, ou presque et elle releva la tête.
Le ciel était d'un beau rose doré, qui faisait briller les dernières larmes coulant sur ses joues. La paix qu'elle ressentait en cet instant et en cette heure valait tout l'or du monde. Fixant le ciel, elle se mit à mrumurer.
"Pardonne moi grande Déesse... Donne moi la force..."
Elle se leva et avança péniblement jusqu'à la ligne où les vagues venaient mourir, léchant ses pieds, leur apportant une fraîcheur divine. Croisant ses bras sur ses épaules, Alana avança jusqu'à avoir de l'eau au niveau des cuisses. Suffisamment haut pour faire un contraste palpable avec son dos, encore brûlant de douleur, mais suffisamment bas pour que les vagues d'eau salé ne puissent parvenir à sa peau à vif.
Ne vous méprenez pas, elle ne souhait guère le suicide. Elle voulait juste la paix, et la mer la lui apportait sans conditions. Aurait-elle pu, elle l'aurait prise dans ses bras, reconnaissante.