Natsuki avait l'impression d'avoir un véritable poids au ventre depuis la veille, qui ne cessait de s'alourdir à mesure que l'heure du cours de français approchait, et ce à grands pas, le tout en se demandant bien comment est-ce que tout ça pouvait bien lui arriver à elle. Elle était pourtant une lycéenne sans histoires, mais très douée, tellement qu'elle avait sautée deux classes au cours de sa scolarité, ce qui faisait qu'elle se retrouvait à à peine 16 ans sur le point d'entrer à l'université. Cette avance faisait bien entendu la fierté de ses parents, mais de fait, on ne pouvait pas dire que la jeune femme avait de véritables amis. Oh elle s'entendait plutôt bien avec ses camarades de classe, mais ça n'allait guère plus loin, et puis Natsuki avait toujours été d'un naturel plutôt solitaire et très timide, qui se consacrait pleinement, voire même exclusivement, à ses études.
Elle faisait donc la fierté de ses parents, très traditionnels, qui ne voyaient pas d'un mauvais oeil que leur fille soit studieuse à l'extrème, ce qui la dispensait entre autres d'avoir un petit ami. Mais depuis hier...quelque chose troublait fortement Natsuki, qui était toutefois bien trop timide et honteuse pour en parler à qui que ce soit, d'autant que ça concernait l'un de ses professeurs.
Elle n'avait jusque là jamais eu vraiment de problèmes avec Omochi-senseï, qui comme tous les autres la considérait comme une élève douée. La seule différence notable, c'était parfois ces gestes un peu déplacés, comme le fait de lui toucher les épaules tout en étant derrière elle. Natsuki s'en trouvait bien sûr gênée, mais n'avait jamais vu la nécessité de s'en plaindre, chose dont elle aurait de toutes façons bien été incapable de faire tant elle ne souhaitait pas faire de vagues.
Mais ce qui s'était passé la veille allait bien au delà de ça. Comme souvent, Natsuki était restée quelques minutes après la fin du cours pour poser des questions, demander quelques détails sur le cours qui avait eu lieu. A ce moment, Omochi-senseï lui avait aussi rendu sa dernière copie en date, ne manquant d'ailleurs pas de la féliciter, ce qui avait toujours le don de faire rougir la jeune femme. Mais alors, à ce moment, Omochi-senseï s'était approché d'elle, très près, trop près même...et avait posé une de ses mains sur les fesses de la jeune femme. La pauvre n'avait pas su comment réagir face à ces attouchements qui ne pouvaient pas être le fruit d'une erreur, tant l'homme avait bien pressé sa main sur ses délicates fesses, en la passant même sous sa mini-jupe de lycéenne. Lorsqu'il avait fini, Natsuki était partie sans un mot et en précipitation, car elle avait alors manquée d'être en retard au prochain cours. Cette scène la hantait...mais elle ne pouvait en parler à qui que ce soit. Se plaindre ? Impensable ! Sans témoins, ce serait sa parole contre celle d'un professeur qui était de plus son professeur principal, et puis même, Natsuki avait beaucoup trop honte de parler de...de ça ! Qu'en diraient ses parents ? Qu'en diraient tout le monde ?
Alors elle s'était tenue silencieuse, espérant juste que, par une sorte de miracle, tout ça n'aille pas plus loin, et qu'elle puisse l'oublier. Mais rien que ça semblait déjà compliqué, aujourd'hui elle eu beaucoup de mal à se concentrer, tant elle était stressée, mais Natsuki avait toujours un air si sérieux que personne ne pouvait vraiment le remarquer.
*A-Allez...ce n'était rien...ça va passer...*
La jeune lycéenne essayait tant bien que mal de se convaincre, de se rassurer, alors qu'elle entra finalement dans la salle de classe, évitant le regard d'Omochi-senseï comme elle le pouvait. Mais alors qu'elle se dirigeait vers sa place, noyée dans le flux de ses camarades, elle s'arrêta net après avoir senti une main familière se poser sur ses épaules. Son professeur était là, et lui demanda de rester après la fin du cours.
O-Oui Senseï...
Elle fila alors à sa place, le coeur battant la chamade. Elle avait envie d'appeler à l'aide, quelqu'un, n'importe qui...mais elle ne le pouvait pas. Qui la croirait, alors qu'elle ne s'était même pas débattue hier ? C'était bien entendu une mauvaise façon d'aborder le problème, mais Natsuki avait été élevée ainsi, à ne pas causer de problèmes, à être discrète, et à respecter absolument l'autorité de ses professeurs.
Elle prit donc place, et l'heure de cours fila à une vitesse hallucinante, puisque la cloche sonna finalement...