Plan de Terra > Prison Eternum

Au fond des Enfers [Joe & Marius]

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Joe Dredd:
Des jeux télévisés ...

   Dredd avait immédiatement commencé à songer quand il eut entendu ça, ignorant bien les risques mortels de s'intéresser à ces combats et se penchant plutôt sur le positif. Joe n'avait jamais reculé devant le danger. Il protégeait les autres, et les surprotégeait, même, parfois, mais, quand il s'agissait de sa propre vie, il était souvent bien moins précautionneux qu'on le souhaiterait autour de lui. Il partait du principe que certaines choses devaient être faites, et qu'elles ne seraient pas faites si on leur tournait le dos. Il fallait bien que quelqu'un se dévoue. Ses résultats, l'arrestation de milliers de perps, d'armées sanguinaires et de menaces interdimensionnelles, ils les devaient à cette résolution qui allait au-delà de sa simple existence. Parfois, il fallait savoir se donner pour tous, même s'ils ne le méritaient pas, parce que c'était la chose juste à faire.

« Si ces jeux sont télévisés, ça veut dire qu'ils transmettent vers l'extérieur. C'est populaire ? Ça leur rapporte beaucoup ? » assénait Joe en fronçant le nez. Par principe, il n'aimait pas trop l'idée qu'une prison supermaxplus soit financée en partie par des divertissements populaires, mais ... « Si tu cherches une faiblesse, cherches le compromis. »

   Un léger sourire s'esquissa en brisant la moue perpétuellement partagée entre mépris et reproche de l'ancien Juge. C'était peut-être encore pire que cette éternelle lèvre boudeuse qu'il affichait. Difficile de dire si c'était bon ou mauvais signe venant de ce type que l'Ashnardien ne connaissait pas vraiment. L'homme d'une autre dimension se pencha sur lui.

« Fais-moi rejoindre ces jeux clandestins avant la fin de la semaine, et, le jour venu, nous sortirons ensemble. Chez moi, personne, pas même mes ennemis, ne doute de ma parole. C'est ta seule chance, » lui lança-t-il avec une assurance déconcertante, que le détenu allait sûrement prendre pour de la folie furieuse, tout en lui tendant sa main droite pour conclure leur contrat.

The Suicider:
La pioche frappa dans la pierre, et Marius grogna en forçant le passage, provoquant une fissure, et fit voler quelques morceaux de granit. Il s’épongea ensuite le front avec son bras. Les mines étaient étroites, étouffantes, et ce travail de forçat éreintant. Le seul avantage que Marius y voyait, c’est qu’il se musclait les épaules. Pour le reste, le fait d’être le Suicider lui donnait la chance d’échapper de temps en temps au travail forcé afin d’apprendre à manipuler l’armure. Mais, la majeure partie du temps, il était là, à travailler, à gratter la roche, en écoutant les racontars et les rumeurs des prisonniers, qui, quand ils ne passaient pas leur temps à se menacer, envisageaient des plans de fuite. Au moins, il ne semblait y avoir aucune attaque de monstres aujourd’hui, ce qui, somme toute, était plutôt une bonne chose.

Quant à son nouveau compagnon, il semblait continuer à voir en ses jeux l’occasion de fuir. Marius ne pouvait pas le lui en vouloir. C’est ce que lui avait pensé aussi, au début. Quand il s’était retrouvé là, son souhait avait été de s’enfuir, de retourner à Ashnard, de découvrir qui avait provoqué la mort de sa famille, qui l’avait piégé... Puis il avait compris l’inutilité de la chose, et voyait surtout dans ces jeux télévisés un moyen de... De s’occuper.

*Quelle déchéance, j’en suis à combattre l’ennui par tous les moyens possibles...*

Taper des cailloux, taper des cailloux, encore et encore, tous les jours, sans jamais voir la lumière du soleil, sans jamais voir autre chose que des prisonniers, des gardes agressifs... Ceux qui cherchaient à fuir cherchaient avant tout à mourir, c’était sa théorie. La mort devenait à Eternum une forme d’évasion, et c’était la seule chose que l’administration pénitentiaire offrait à leurs prisonniers : l’occasion de mourir... Si tant est qu’il y avait au fond de ces grottes la mort. Mais pouvait-on trouver pire qu’Eternum ? Sur ce point, Marius était fataliste, ou réaliste ; quelque chose lui disait qu’on pouvait toujours trouver pire.

Il reporta finalement son attention sur Joe :

« Il y a des arènes le soir... Des combats entre détenus. Officiellement interdits, mais surveillés par l’administration. C’est comme ça qu’ils trouvent les meilleures recrues. Je peux t’y introduire. Pour le reste... Tu n’auras qu’à faire parler tes poings. »

Il tapa encore contre la paroi, sa pioche vibrant à chaque coup.

« Pour le reste, je pense que ça doit rapporter, mais, en réalité, je n’en sais rien, et je m’en fous. »

Voilà qui avait au moins le mérite d’être clair.

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