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[Vikings] Légendes contre réalités

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Lamnard Kystrejfter

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    Description
    Ancien esclave nexusien, c'est un orateur et un mystique, fort et agile, qui a pris les armes contre ses maîtres et suit depuis la voie d'un homme libre.
    Un temps résident de Son'Da, il a quitté la ville pour mener sa lutte personnelle contre les esclavagistes, écumant côtes et cours d'eau par bâteau.

[Vikings] Légendes contre réalités

vendredi 27 juillet 2018, 02:56:28

Vikings
Légendes contre réalités


Un petit guide des idées reçues et vérités sur les Nordiques


Note : Si cette partie a bien entendu un rapport avec la perception du personnage de Lamnard Kystrejfter, il reste assez fortement affranchi des réalités, et plus proche des légendes. En particulier, il navigue dans un " drakkar " aussi grand qu'une galère et compte parmi ses hommes des représentants de races fictives et de cultures n'ayant jamais même eu de contact avec un Nordique.
Pareillement, quand je dis " nordique ", comprenez les peuples germaniques païens peuplant la Scandinavie au Haut Moyen-Âge et auparavant, et ayant produit les " vikings " dont notre culture raffole.
Notez que, si nous connaissons assez mal les subtilités de la société nordique avant le XIe siècle, c'est dû à l'absence de récits écrits ; une lacune aussi courante dans l'Europe chrétienne de l'époque. Tiens ! Il semblerait qu'ils n'étaient ni si illettrés, ni tellement en retard comparativement à " nous " ...



Les Nordiques c'est des vikings !

Et bien, non. Le vieux norrois vikingr a longtemps fait débat, mais un consensus a aujourd'hui été établi : une viking est une expédition navale visant à enrichir son armateur.

Et ces expéditions ne comptent pas que des expéditions armées ! A vrai dire, si les Danois et les Norvégiens ont largement laissé leur marque en Europe par leurs raids et leur installation agressive dans les îles Hébrides, en Irlande, ou encore en Normandie, les Norvégiens étaient aussi de grands explorateurs, ayant sans doute atteint l'Amérique un demi millénaire avant Colomb, et les Suédois étaient plutôt connus par les Slaves et les Grecs comme les Varègues, commerçants et grands guerriers, facteurs de stabilité appelés à régner de la Russie à l'Ukraine et à servir les empereurs byzantins comme garde d'élite.


Alors les hordes vikings, c'est des conneries ?

Bien sûr, l'expédition armée reste une réalité. Certains nobles ambitieux cherchaient par leur biais à acquérir de grandes richesses rapidement. Mais l'image de hordes cornues fondant sur les villes d'innocents chrétiens pour piller, violer et tuer, c'est une grossière exagération d'une réalité certes cruelle, mais plus simple, véhiculée par les chroniqueurs chrétiens pour diaboliser l'ennemi et minimiser la défaite ; une pratique courante depuis Rome !

En vérité, les pillards nordiques avaient sûrement une allure exotique, mais moins intimidante qu'on l'imagine. Si les jarls portaient couramment de la maille, des boucliers épais, des épées de qualité, des renforts en acier et des casques à oeillets, pas de cornes, ni de torse poil, et encore moins de couleurs mornes : on allait au combat en affichant ses couleurs ! A leurs côtés, la suite des hommes libres était généralement dotée de boucliers ronds assez simples, de cuir bouilli au mieux, et des outils qu'ils pouvaient rassembler, incluant beaucoup de haches, de couteaux, de harpons, et quelques arcs. Les vouges, des lances courtes faciles à produire, étaient aussi répandues, comme dans toutes les autres armées. Au gré des combats et des pillages, certains pouvaient s'approprier casques et maille et de meilleures armes, de facture locale, mais ils arrivaient bien souvent assez démunis.

Aussi, l'idée de hordes sanguinaires est à revoir. Au IXe siècle, la population nordique n'aurait pas dépassé 50.000 âmes ; c'est très peu. Si le caractère chiche de leurs terres et la rigueur de leur climat les poussaient à explorer et commercer, les hommes disponibles pour des attaques étaient sûrement bien moins nombreux qu'on l'imagine, l'invasion de l'Angleterre constituant une exception bien vite dépassée à l'époque. Le sentiment d'être encerclé devait surtout venir de leurs compétences bien réelles en navigation, un art dans lequel ils avaient pris une avance nette. Les dissensions d'un monde chrétien sous le coup d'une féodalisation croissante ont aussi joué dans le succès des raids, personne ne voulant perdre ses troupes face à quelques bandes de passage pour ne pas en manquer quand le voisin viendrait mener une véritable attaque chez soi.


Les drakkars ?

Les langskipn, plutôt, ou bateaux longs. Le terme drakkar est né plus tard pour faire référence aux effigies draconiques supposément présentes sur leurs navires ; sans preuve réelle jusqu'alors, puisqu'une proue ouvragée était un luxe que pouvaient peut-être se permettre les nobles, mais qu'ils n'allaient pas commander pour chaque embarcation.

Le langskip était commun pour les vikings armées, nécessitant vitesse et navigation souple, mais le navire le plus commun restait le knarr, ou knörr, un bateau large à voile carrée et sans rames, adapté au commerce et aux longs voyages. Le knarr était aussi présent pendant les raids, pour recevoir le butin.


Je comprends plus : jarl, hommes libres, commerce ...

C'est pourtant assez évident : la société nordique n'était pas si différente de la nôtre. La fin du VIIIe siècle et le début du IXe siècle a vu l'émergence d'une aristocratie puissante, les jarls, les chefs, dont le pouvoir et les hommes permettaient d'organiser les expéditions. Les vikings auraient en fait débuté en raison du développement (ou redéveloppement) de l'Europe occidentale : la Baltique et la Mer du Nord restaient assez pauvres, et les Nordiques devaient aller loin pour échanger leurs biens et ramener ce qu'ils n'avaient pas. Coûteuses, elles n'étaient qu'à la portée des nobles, qui accrurent leur pouvoir, leur richesse et leur prestige par leurs fonctions d'armateur et de commandant.

Les hommes libres sont ceux qui n'étaient pas esclaves. La réalité de l'esclavage est méconnue en Scandinavie, mais semble avoir été similaire à celle du reste de l'Europe. La plupart étaient des prisonniers, souvent baltes ou slaves. En fait, l'essentiel des Nordiques devait être libre.


Les femmes aussi ?

Oui. D'ailleurs, une tombe noble de l'époque des vikings découverte au XIXe siècle a fait reparler d'elle il y a quelques années, car on a prouvé que ce chef riche et manifestement guerrier était une femme. Sur ce point, les séries se révèlent souvent moins conservatrices et plus justes que l'opinion publique ; mais fausses quand même.

On sait que, contrairement à ce qu'on constate dans beaucoup de sociétés premières, les femmes nordiques pouvaient être cheffes, et survivre à leurs maris, pour peu qu'elles aient eu le devoir social de se marier et d'enfanter. Pour reprendre l'exemple de cette femme enterrée, elle est morte autour de la trentaine, sans manifester de blessure. La vie était effectivement précaire à en croire son témoignage post mortem et beaucoup d'autres.

Les raisons des libertés accordées aux femmes, de leur affirmation sociale marquante, leur rôle exact nous restent inconnus, même si on peut faire des suppositions sans guère de marge d'erreur. Il est certain que c'est le christianisme ait confirmé la fin de ce cas social assez rare.

Mais était-elle guerrière ? On va casser un autre mythe : non. Les armes représentaient une autorité sociale et politique. Rien n'indique qu'elle ait pu participer à quelque combat que ce soit en l'absence totale de toute trace de blessure, traitée ou non. En l'absence de nombreux hommes partis dans divers genres de vikings, les femmes avaient en fait un rôle essentiel : maîtresses de maison, agricultrices, artisanes ... chaque fois que les hommes ont été amenés à rester loin de chez eux de manière prolongée, les femmes y ont gagné en autonomie, en liberté et en droits.


Au fait, elle était enterrée ?!

Oui. C'est assez compliqué, mais oubliez la scène du bateau lancé sur l'eau et allumé avec une flèche enflammée ; c'est des conneries.

Il y avait bien crémation, mais la procession était différente de ce qu'on peut penser. Le bateau était laissé à terre, quand on ne procédait pas directement dans le tumuls dont la forme rappelait un bateau. Le sacrifice humain a existé, mais a rarement été vu. On a plutôt retrouvé des restes d'animaux. La crémation avait lieu avec le sacrifice et les biens devant accompagner le mort, en accord avec son statut et son métier.

Les températures obtenues étaient insuffisantes pour une crémation telle qu'on la conçoit aujourd'hui : les ossements et les offrandes persistaient. C'est là qu'on les enterrait. Et c'est ce qui rendait l'identification de la fameuse femme noble impossible au XIXe siècle, et trop complexe avant une date récente.

Après, on a retrouvé des nobles, et des personnages importants, et c'est à peu près tout. Difficile de dire ce qu'on faisait des hommes libres, et encore moins des esclaves quand ils n'étaient pas sacrifiés. L'existence de traditions funèbres différentes entre puissants et peuple était assez courant dans les sociétés archaïques.


Et les Nordiques étaient pas des brutes pauvres aux habits tristes peut-être ?!

Des brutes ... C'est discutable. En tout cas, peu importe leur statut, ils étaient modestes, voire très modestes en comparaison de leurs semblables anglo-saxons, ou encore francs. La rigueur de la vie peut favoriser les querelles et une attitude très directe, pour ainsi dire, mais, même s'ils avaient été plus violents que la moyenne, les témoignages de leurs talents de négociateurs et de marchands garantit que les nobles étaient aussi malins et agréables que n'importe qui. Leur aptitude à profiter des contextes géopolitiques de régions lointaines, jusqu'en mer Méditerranée, est un autre signe d'une réelle intelligence, d'un sens de la planification et d'un réseau d'informations, véhiculé par le commerce, bien fourni et employé.

Quant aux hommes libres, on n'en sait pas grand chose pour tout dire. La seule chose qui fasse l'unanimité chez les spécialistes, c'est l'importance de l'hygiène dans la société nordique au sens large. Les Nordiques ont été remarqués pour leur propreté, leur bonne odeur et la beauté de leurs cheveux, auxquels ils prodiguaient des soins attentifs. La présence de la barbe, par contre, ne semble pas avoir frappé, laissant penser que, comme les Celtes ne portaient pas la moustache, les Nordiques ne portaient pas forcément la barbe. En fait, les critères d'hygiène et de soins capillaires nordiques étaient si frappants pour les étrangers que les Saxons se sont mis à adopter la mode capillaire et les pratiques nordiques très rapidement, provoquant l'indignation du clergé.

Par contre, il est difficile de les imaginer tristes et mornes. C'est souvent une conception fausse du Moyen-Âge que de l'imaginer comme une époque noire, grise et pluvieuse de maladies et de souffrances dans des sacs de laine crue qui gratte. Là, on parle plus fin XIVe, XVe siècles. Pour tout dire, on sait qu'en Europe comme en Scandinavie, les couleurs étaient partout, et vives. Les ateliers de teinture nordiques usaient abondamment de jaune, de bleu, de rouge, de vert ...

Il est difficile de dire si la couleur avait un rôle symbolique, social ou religieux chez les Nordiques, mais elle était partout sur leurs habits, et sans doute sur leurs temples et maisons, bien qu'on n'en ait guère de traces.


Ouais, les chrétiens ont tout brûlé ...

Les temples, sûrement. Pour les maisons, il n'en avaient pas franchement besoin. Mis à part les demeures nobles, rien ne reste, et pour une bonne raison.

Toutes les civilisations pauvres faisant face à des existences courtes et difficiles ont opté pour des habitats précaires, par leur construction, leur taille et leur solidité. Il est très possible que la hutte d'un Nordique moyen n'ait tenu que 20 à 30 ans, avant de devoir être démolie pour reconstruire du neuf.

Il n'y avait pas les moyens pour faire mieux, et peut-être pas la culture du legs, de l'héritage, poussant à céder terres, biens et toits aux enfants, d'autant que la culture germanique favorisait apparemment toujours le partage équitable entre tous les enfants. Et un morceau de pas grand chose, ça fait presque rien.


C'était des guerriers bien badass, au moins !

... Comment vous dire ça sans briser vos rêves illuminés d'étoiles ? Simplement : non. Le succès des vikings armées vient d'un fait simple : la tactique dite du strandhögg. Ils attaquaient de nuit des sites non défendus dans des zones où ils savaient que les troupes locales étaient soit absentes, soit occupées.

A la fois pleins de trésors et peuplés de moines non violents, les monastères étaient des cibles d'excellence au début du IXe siècle, et les clercs, qui étaient aussi les chroniqueurs de l'époque, ont largement diabolisé les Nordiques à cause de ces attaques, déloyales et pécheresses selon les règles chrétiennes, mais pas selon les leurs. Les villages isolés fournissaient la nourriture nécessaire à leur subsistance, mais là encore, il est possible qu'ils aient préféré négocier des vivres et des esclaves, une alternative sûrement préférable au combat pour les populations délaissées, surtout après que les rumeurs des monstres à drakkars violeurs de culs aient commencé à circuler ...

Et l'invasion d'Angleterre ? Les Saxons étaient divisés et empêtrés dans leurs querelles intestines, tandis que le reste des îles britanniques n'était pas différent de la Scandinavie, sinon un peu plus accueillant peut-être. D'ailleurs, dès que le Wessex a entrepris de fédérer les forces saxones pour établir une défense ferme et organisée sous Alfred le Grand, le vent a immédiatement tourné pour le pire. Et le pillage de Paris ? En 845, quand Reginar aux braies velues (oui, ce serait Ragnar Lothbrok) a attaqué Paris, c'était une ville sans murs, limitée à son île, où le roi d'un royaume en crise, excentré de l'ancien centre du pouvoir carolingien, ne passait que peu de temps. Paris fut attaquée de nuit et était presque sans défense, voilà la vérité.

Quant à leurs tactiques, elles n'avaient rien d'exceptionnel ni d'infaillibles. Le mur de boucliers était un classique européen depuis l'Antiquité, tandis que le manque d'archers en quantité et de cavaliers réduisait drastiquement les options stratégiques tout en accroissant la vulnérabilité des expéditions armées.


Mais au moins, Ragnar Lothbrok, lui, il a existé !

Pas sûr. En tout cas, pas comme on l'imagine. Son nom est associé essentiellement au raid de Paris de 845. Il est peu probable qu'il ait été vivant à l'époque du pillage de Lindisfarne (793), et encore moins possible qu'il ait connu Rollon (nommé comte de Rouen en 911).

Au fil des siècles, il est devenu un roi légendaire, à l'image d'Arthur, fondateur de l'Angleterre, dont l'histoire mêle quelques vérités avec beaucoup d'inventions. Il est une allégorie d'un peuple éteint et un mythe transnational fédérant les Scandinaves, mais certainement pas le grand roi aux multiples vies que l'on représente à l'envie.

En fait, il est même plus que probable que la Scandinavie n'ait pas connu d'unité affirmée avant la christianisation, et que Ragnar soit une combinaison d'aventures et légendes sur divers jarls.


Quel rapport entre christianisation et unité ?

La religion avait une dimension plus sociale que politique chez les païens. Il n'était guère possible d'utiliser les dieux pour justifier d'un grand projet d'unité. Les dieux étaient un fait, et croire dans les Ases, les dieux d'Asgard, c'était être intégré à la culture nordique et à la société, mais pas à un vaste ensemble très hiérarchisé et militant. Oui, il y avait une forte spiritualité, mais pas de grand plan géopolitique.

Ce plan a été apporté par le christianisme. En fait, dès que l'optimum médiéval, une période de réchauffement climatique, a rendu la Scandinavie plus accueillante, à partir du XIe siècle, les jarls se sont mis à adopter et répandre la foi chrétienne dans cette optique. Avant, l'on cherchait à quitter le pays pour trouver ce dont on avait besoin ailleurs. Maintenant, le pays fournissait ce dont on avait besoin, et il fallait donc le contrôler. Au XIIe siècle, le paganisme nordique ne subsistait ainsi plus qu'à travers les sagas, la tradition orale et le folklore populaire.


Alors les vikings c'est bidon et les Nordiques sont pourris ...

Il ne faut pas non plus tout voir tout en noir. Leur culture et leurs réalisations restent dignes d'hommages, et l'ère viking mérite un traitement plus juste qui, pour moi, manque certes de romantisme, mais casse l'image de brutes sinistres et poilues en faveur d'entrepreneurs et d'aventuriers courageux et intelligents, qui ont marqué leur époque du monde arabe à la Russie et jusqu'à l'Islande, fondant des sociétés hybrides comme la Normandie, l'Irlande et l'Ecosse médiévales, ou la Russie. Leur passage a aussi servi à unifier l'Angleterre, après tout.

En attendant, la vision romantique du barbare vigoureux et sans peur nous renvoie à la séduction du primitivisme et d'un avant idéalisé, véhiculant certaines valeurs qui parleront plus à certains qu'à d'autres. C'est à partir de cela, après tout, que j'ai créé Lamnard Kystrejfter.


Je félicite et remercie ceux qui ont lu jusqu'ici ! J'espère que vous avez apprécié ce petit sujet didactique. Si vous avez des questions, n'hésitez pas à les poser. Si je peux y répondre, je le ferai sans soucis. ;)
« Modifié: vendredi 27 juillet 2018, 12:00:06 par Lamnard Kystrejfter »


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