Craignant qu'il ne la pousse par-dessus bord, malgré son apparente résignation, la brunette s'accrochait férocement au viking. Comme on dit, entre deux maux... Et pour l'instant, le guerrier lui apparaissait comme le moindre mal comparé à un bain glacé et un risque d'hypothermie élevé. Elle se cramponnait à lui, résistant à ses tentatives pour la faire lâcher prise. Et puis, au final, lutter contre lui s'avérait plutôt... Pas désagréable. Les dents serrées, se concentrant pour garder ses prises, elle fut cependant prise de court lorsqu'il la frappa.
« Ah ! S'exclama-t-elle, relâchant toute pression de ses jambes et de ses bras dans un réflexe pour se recroqueviller. »
Chutant brusquement, brutalement, sur le pont, la belle se roula presque en boule, haletante, ses dents serrées laissant s'échapper des petits gémissements plaintifs. Concentrée sur sa douleur, elle ne chercha pas à se redresser, à courir vers le canot gonflable. Mais elle capta des bribes de la conversation qu'ils avaient au-dessus d'elle. Tekhos, ça ne lui disait rien. Mais c'était sûrement une contrée du monde dont ils venaient. Le compte des morts et blessés, par contre, la tétanisa. Elle se demanda un instant si le coup de talon donné à l'un des pirates comptait comme une blessure, mais secoua vite la tête, tentant de se redresser pendant qu'ils discutait encore.
Relevant la tête, elle dévisagea le nouveau venu au travers les boucles brunes qui couvraient son visage. Il n'était pas vilain, à l'instar de son capitaine. Elle croisa son regard, déglutissant en le voyant se lécher les lèvres, et se raidit en entendant ce qu'ils disaient. Par "lupanar clos", il voulait sûrement dire l'une des cabines privées du "baisodrome" du navire. Un petit gémissement lui échappa de nouveau alors que le capitaine la saisissait par la nuque. Suivit d'un petit hoquet alors qu'elle était projetée contre le brun Claude. Ce dernier la rattrapa, et l'entraîna aussitôt vers l'intérieur du vaisseau.
La veuve grogna en se cognant contre des débris, en glissant sur le sang et l'alcool répandu au sol, s'accrochant presque désespérément au bras de son geôlier pour ne pas s'étaler par terre. Et c'est bien à contrecœur qu'elle se laissa coller contre lui. Il l'aidait à tenir debout, mais il allait quand même l'emprisonner. D'ailleurs, elle recommença à paniquer en approchant des cabines. La voix d'un ami lui fit tourner la tête, et elle freina des quatre fers (enfin, autant qu'elle le pouvait) pour essayer de se dégager, d'aller le rejoindre.
« Non, laissez-moi, je vous en prie, supplia-t-elle devant la poigne intraitable de Claude. Ne leur faites pas de mal. Pas plus... Je ferais ce que vous voulez, j'vous en prie ! »
Mais ses suppliques étaient vaines, et elle se retrouva bientôt enfermée. Les cris se turent, et il n'y avait plus que le bruit des marins qui traînaient les cadavres pour les enlever.
A genoux sur le sol, l'ancienne tueuse à gage reprenait son souffle, le cœur serré. Ses prunelles glacées observèrent autour d'elle. Elle n'y voyait pas grand chose, dans l'obscurité de la cabine. Elle tâtonna, se relevant doucement, et s'approcha de la porte. Ses doigts fins ne tardèrent pas à trouver l'interrupteur, et elle éclaira sa prison en appuyant dessus. Ils n'avaient pas détruit le générateur, c'était déjà ça. Elle modula la lumière, qui se tamisa progressivement, pour ne pas que la lueur se remarque tout de suite sous la porte, depuis l'extérieur.
D'un air un peu dégoûté, elle retira les draps de la couchette. Ils étaient pleins de sang, mais pas que. Des traces blanchâtres, gluantes, maculaient certaines parties. Elle n'avait aucun doute sur leur provenance.
Elle fourra les draps dans un coin de la petite cabine, et se pencha, cherchant sous le lit quelque chose qui pourrait lui servir d'arme. Au cas où. Mais il n'y avait rien. Elle balaya des yeux l'intégralité de la cabine, s'attardant à peine sur un coffre encastré et camouflé dans le décor. Elle n'avait pas fait la visite. Elle ignorait donc les "petits jouets" qu'il recelait. Un soupir de dépit quitta ses lèvres.
Un peignoir, aussi léger que son châle l'avait été, aussi transparent, était accroché sur une patère. Elle l'observa un instant, et haussa les épaules. Ce serait toujours ça de pris. Elle s'en couvrit donc, serrant la ceinture au niveau de sa taille, et se retourna vers la porte. Elle poussa, frappa, essayant de l'ouvrir. La porte n'aurait pas résisté à un assaut des pirates, mais elle demeurait, de façon frustrante, imperméable aux tentatives de Catalina.
« Mais bordel, laissez-moi sortir ! Finit-elle par crier. Je vous en prie ! »