Les fêtes annuelles de la ville de Bubastis, en l'honneur de la déesse Bastet, étaient autrefois des événements très attendus en Egypte, l’une des plus populaires du calendrier. En cette occasion, la cité ne pouvait être rejointe que par les voies fluviales, de nombreuses personnes venant des cités avoisinantes pour participer aux festivités. Cela était toujours le cas aujourd'hui, sur Terra et plus de 100 000 hommes et femmes étaient présents ce jour là. Le vin coulait à flot, plus qu'habituellement, les femmes dansant au rythmes des instruments traditionnels qu'affectait tant la divinité locale. Bien entendu, Bastet participait activement, elle était après tout connue pour sa frivolité et ce genre d’événement était tout à fait à son gout. Et puis il fallait en profiter, car la cérémonie de la soiré était extrêmement importante. C'était en effet la même journée que les habitants venaient avec leurs chats morts au temple, afin qu'ils y soient embaumés et ainsi leur permettre de rejoindre le royaume divin de la déesse. C'est pourquoi elle attirait toutes les couches de la société, du simple paysan jusqu'aux rois et reines du territoire.
Habituellement, Bastet était pleinement attentive à la cérémonie. Mais ce soir là, elle était un peu ailleurs.
Djamila, qui participait pour la première fois aux cotés de sa femme plutôt que parmi les autres prêtresses, se pencha vers elle.
- Tout... Tout vas bien Bastet ? Tu semble... épuisée...
- Ce n'est rien... Juste quelque chose qui a attiré mon attention ailleurs... Mais je suis toujours là, ne t'inquiète pas...La divinité embrassa légèrement le front de sa femme, avant de reporter son attention au déroulement de la cérémonie. En tant que déesse, Bastet avait en effet la capacité d'être à plusieurs endroits en même temps, utilisant le voyage astrale pour se déplacer hors de son corps. Ou plutôt, elle pouvait diviser son essence et envoyer des fragments aux quatre coins du territoire. Actuellement, deux morceaux d'elle étaient simultanément présents ailleurs. L'un était à Haven, la cité de Lust, qui était son équivalant grec, tandis que l'autre se trouvait à l'Oasis, une cité égyptienne gouvernée par Phasmaria, une Neko qui se prétendait la réincarnation d'Amaounet, qui était ni plus ni moins que l'épouse d'Amon, le roi des dieux.
Ainsi, tout en participant à la fête au sein de sa cité, Bastet avait en même temps observée la journée de la soi disante divinité, qui n'avait pas remarquée sa présence tout au long de la journée. Et son verdict était sans appel. Phasmaria n'avait absolument rien d'Amaounet. Cette dernière était, à l'instar de Bastet, une divinité protectrice et humble. La divine Neko savait de quoi elle parlait, car si elle avait les accouchements et les enfants dans ses attributions, la femme d'Amon elle, était celle des mères. Les deux déesses se complétaient donc bien et avaient entretenues de bons rapports par le passé, sur Terre. A l'inverse, cette soi disant réincarnation était arrogante et imbue de sa personne, comme si Amon était entré dans le corps de sa femme. Au final, Bastet jugea que ce n'était qu'une Neko qui abusait de ce nom et de la puissance qu'il représentait pour ses propres intérêts.
Néanmoins, Phasmaria restait une Neko, une protégée de Bastet. En cela, la déesse devait donc s'entretenir avec elle, afin de clarifier un peu les choses à son sujet, comprendre pourquoi elle agissait ainsi et remédier à ses dérives. Car pour une déesse "protectrice et humble", elle trouvait qu'elle avait un peu trop de statues à son effigie et beaucoup trop d'exécutions à son actif. Les terranides qui doutaient de son divin pouvoir avaient raison de s’opposer à elle, au fond, et ces exécutions à tour de bras risquaient bien de finir par retourner son peuple contre elle, à la longue.
Ainsi, lorsque Phasmaria rentra dans ses appartements privés, à la fin de sa journée, celle-ci pouvait observer
une espèce de petite poupée d'une dizaines de centimètres à l'effigie de Bastet, debout sur une des table basses de la pièce, l'air de mauvaise humeur en fixant la Neko. Il s'agissait d'une matérialisation d'un fragment de son essence, mais avec son apparence, elle avait tout l'air du "petit chaton mignon de mauvais poil". Lorsque la pseudo déesse s'approcha pour l'observer de plus près, mini Bastet remua les oreilles abaissa son bâton pour le pointer en direction de la femme, à quelques millimètres de son nez.
- C'est pas très très gentil ce que tu fais... Vilain chaton !