Oh, ça, Catalina allait bien. Elle souriait, une lueur approbatrice au fond des yeux, en détaillant l'homme face à elle. Outre le fait qu'il soit typé occidental, il rentrait tout à fait dans la catégorie qu'elle appréciait. Grand, indéniablement masculin, tout à fait séduisant. Elle se reprit cependant, balayant d'un geste de la main les excuses, estimant qu'il n'y avait rien de grave, et acquiesçant, écartant les bras pour montrer qu'elle n'avait rien de cassé.
Le léger accent, qui tenait surtout à son intonation, était agréable à ses oreilles. Mais, a vrai dire, toute parole prononcée en anglais était agréable. Ce n'est pas qu'elle n'aimait pas le japonais, loin de là. Mais... Eh bien, elle était américaine ! Il est bien connu que les américains sont égocentriques.
La mention de manger ramena sa faim au premier plan. Posant une main sur son ventre, comme pour en masquer les -pour l'instant- discrets grondements, elle commença à hocher la tête, réfléchissant à nouveau au restaurant à choisir. Son œil avisa un point lumineux plus loin, au moment où l'homme choisit de se présenter. Ses prunelles revinrent sur lui, brillant de curiosité, et elle saisit sa main avec la sienne.
« Ravie de faire votre connaissance, Aiden. Catalina Taylor, répondit-elle en serrant sa main d'une manière étonnamment ferme et décidée pour une femme de son gabarit. J'ai effectivement une idée. Si ça ne vous dérange pas de partager un repas, rit-elle en relâchant sa main. »
Mais, au lieu de cheminer à ses côtés pour fendre la foule grouillante de l'aéroport, elle enroula son bras autour de celui d'Aiden -celui qui ne portait pas son sac-, prenant sa valise de l'autre, et l'entraîna avec elle.
S'ils furent gênés un instant par les dizaines de personnes qui transitaient dans le lieu, la veuve les amena bien vite sur une voie dégagée. Quelques vigiles en bordaient le chemin, attentifs à refouler ceux qui n'avaient pas le droit d'y poser les pieds. L'un d'eux s'approcha d'ailleurs du couple qu'ils semblaient former.
« Vos papiers, madame ? Demanda-t-il dans un anglais approximatif.
— Mais tout à fait, rétorqua la brunette en relâchant la poignée de sa valise. »
Elle abandonna également le bras de l'allemand, venant s'accroupir pour ouvrir la petite poche sur le dessus. Sans faire attention à sa cambrure, pleinement soulignée par le tissu moulant de sa robe, elle en sortit un portefeuille noir, sobre, et en tira son passeport ainsi qu'une petite carte.
« Catalina Taylor, sourit-elle au vigile. Et mon compagnon. Nous venons de rentrer, expliqua-t-elle d'une voix douce.
— Mes excuses, madame Taylor. Heureux que vous soyez de retour. Monsieur, s'inclina l'homme. Voulez-vous que j'appelle un chauffeur ?
— Ce ne sera pas nécessaire, je vous remercie. »
Le vigile acquiesça brièvement, et leur fit signe de circuler. Remettant le portefeuille dans sa valise, l'ancienne tueuse à gage se redressa avec un sourire. Reprenant le bras d'Aiden, et sa valise, elle lui montra le chemin, attendant d'être suffisamment éloignée pour reprendre la parole.
« Vous avez de la chance, je suis une des rares américaines de la ville à pouvoir profiter de quelques traitements de faveur. »
Être une généreuse donatrice, et PDG de plusieurs entreprises, ça aidait. Elle lui adressa un sourire malicieux, sans relâcher sa prise, et le guida d'un pas assuré vers un restaurant qu'elle affectionnait, un steakhouse renommé.
« Vous aimez la viande ? Sinon je peux vous indiquez d'autres adresses. »