Natacha avait depuis longtemps perdu la notion du temps. Combien de mois s’étaient écoulés depuis son arrivée soudaine sur Terra ? La jeune femme n’en savait rien. Les jours se suivaient et se ressemblaient dans cette arène qui était devenu son univers au fil des combats successifs. Dormir, manger, se battre, dormir, manger, se battre, etc., sans jamais de changements véritables dans son quotidien si ce n’est les variations dans les spectateurs assis sur les gradins.
La lycanthrope a toujours cru au surnaturel, et même plus encore depuis sa transformation, mais elle n’aurait jamais cru échouer dans ce lieu. Des rumeurs sur des portails étranges lui étaient arrivées aux oreilles, parlant d’un univers parallèle et fantastique, probablement l’endroit d’où était venu la créature l’ayant mise dans cet état. Cela lui avait d’ailleurs paru une bonne idée d’en emprunter un.
Sauf que non, ça n’avait définitivement pas été une bonne chose. Natacha avait déboulé dans un univers rude et impitoyable, et ce même pour une créature comme elle, apte à se défendre contre bon nombre de menaces. Mais cela n’avait pas suffit. Des hommes s’étaient ligués, des esclavagistes payés et des armes dégainées, avant de la traquer impitoyablement face au ravage que sa lycanthropie avait causé.
Oh certes, il leur avait fallu des efforts pour la piéger, mais le marchand l’ayant acquise avait conclu une très mauvaise affaire à ce moment là. Trop violente, et trop incontrôlable, Natacha n’avait pas du tout fait une esclave convenable. La dernière personne ayant essayé de l’acquérir et de la violer, était entre la vie et la mort après avoir été charcuté par la bête que la jeune femme hébergeait en elle.
Son propriétaire l’avait trimballé de marché en marché, couverte d’une impressionnante quantité de chaines pour l’empêcher de briser ses attaches lors de sa transformation. Mais rien n’y faisait, personne ne voulait l’acheter après avoir entendu les ragots sur son compte. Finalement, un homme s’était porté acquéreur pour un prix cassé avec une idée bien précise dans la tête, afin de tirer parti de ses formidables capacités de combat.
Et ce fut une réussite pour son propriétaire qui l’introduisit dans l’arène de Raghos où elle y livrait quotidiennement deux à trois combats. Jamais Natacha ne subit la défaite, et fort heureusement pour elle, car il s’agissait toujours de combats à mort. Sa nature incontrôlable la rendant de toute manière, incapable de se retenir au premier sang versé. Au fil du temps, elle était parvenu à mieux contrôler sa métamorphose, n’utilisant qu’un ou deux bras transformés lorsque ce fut possible.
Aujourd’hui comme à l’accoutumé, son entrée dans l’arène déclencha une ovation tant sa réputation commençait à grandir. Son physique était trompeur pour ses adversaires qui n’imaginaient pas qu’une jeune femme blonde aux cheveux courts, peu musclée et vêtue de haillons déchirés, pouvait cacher une bête de férocité. Natacha sentait son sang bouillir comme d’habitude, le parfum de sang et de sable mélangé était un cocktail lui rappelant toute la violence qui se déroulait en ces lieux.
Son adversaire du jour était un colosse, un homme ayant parfait sa force dans les landes dévastés, venu relever le défi de cette arène. Equipé d’une armure de maille, surmonté d’un casque à tête de loup et d’un impressionnant marteau de guerre, celui-ci s’échauffait avec l’assurance du vainqueur. Quant à elle, Natacha se battait toujours à mains nues. La lycanthrope le regarda faire avec un air méprisant, des frissons d’impatience à l’approche du combat à venir. Cette attente était insupportable.
"Pas besoin de t’échauffer gros porc, je vais te charcuter en moins de deux !"
Le combat fut vite expédié. Trop lent et trop lourdement équipé, Natacha n’avait eu besoin que de son bras droit transformé pour l’affronter, esquivant souplement la trajectoire du marteau. Bien plus rapide qu’une humaine normale, son instinct animal repéra une ouverture dans la défense du géant, et son bras de lycanthrope avait aussitôt déchiré la fine protection de cuir entourant la gorge de l’homme. Celui-ci ne s’était pas effondré immédiatement, et la vue puis l’odeur du sang montant aux narines de la jeune fille, provoqua en elle une montée d’adrénaline. Elle se jeta alors sur le perdant, lui ouvrant la gorge d'où jailli un flot d'hémoglobine, faisant rugir la foule d'enthousiasme.
Natacha leva ses mains couvertes de sang pour répondre à l’acclamation de la foule. C’était ce qu’ils appréciaient le plus, la rage, le bain de sang et la violence soudaine, mais surtout la voir couverte de sang dans ses frusques déchirées qui révélaient une partie de ses formes. Elle fit le tour de l’arène circulaire pour saluer le public, jouant la carte du spectacle même si sourire était au-dessus de ces forces, tant elle détestait cette prison où on l'obligeait à déchainer sa violence.
"Acclamez-moi bande de connards !"
Son ratio de victoires s’allongeaient et pourtant, elle n’avait toujours pas perdu espoir de s’enfuir de cet endroit. Avec de la chance, elle finirait par trouver une ouverture pour s’évader, ou bien son propriétaire aurait assez d’argent pour lui offrir sa liberté. Mais au fond, la lycanthrope espérait simplement que ses geôliers relâchent leur vigilance, ne serait-ce que quelques instants.. Leur ouvrir le bide lui ferait tellement plaisir.