Peu osaient se baigner à l'approche des saison froides, ce qui signifiait également un cruel manque de choix pour me divertir. Comme tout prédateur qui se respecte, j'avais donc moi aussi ma période creuse pour la chasse, et devais souvent me jeter sans réfléchir sur la première proie à porté. Seulement là, ça commençait à être vraiment long. Trois jours, trois long et maudits jours que je tournais en rond dans de vaines tentative d'y trouver une courageuse, une folle qui viendrait affronter le froid en trempant le bout de son orteil. Lors que je ne guettais pas je dormais, tout simplement, rêvant des futures belles saisons qui s'annonceraient et qui me manquaient déjà tant.
Je devrais vérifier près des côtes rocheuses... sait-on jamais.
Les parois rocheuses et escarpées sur lesquels se jetaient les vagues étaient des zones plus dangereuses, rabaissant les chances d'y voir qui que ce soit. Quoi qu'encore, la visite d'un plongeur en quête d'oursin me fit mentir. Un homme, cheveux déjà grisonnant, c'était même à se demander comment il pouvait nager dans toute ses vagues avec sa carrure peu costaud. Je n'étais pas encore en manque de proie à ce point non plus et de toute façon il s'éclipsa bien vite, sans faire office de ma présence. A défaut d'y trouver mon salut, l'endroit était au moins aussi calme que les plages, je pouvais bien me cacher sur le fond encombré et y faire ma petite sieste. C'était sans compter sur la providence qui décida de se mettre sur mon chemin aujourd'hui, sous l'apparence d'un vrai mirage.
Non, elle était bien réelle. Derrière les rochers escarpés et la petite pente qui donnait accès à l'eau, une silhouette aux cheveux long empruntait le chemin du bord de mer, seule. Impossible qu'elle soit là pour se baigner vu les conditions, et me présenter à elle en lui demandant de se jeter à l'eau paraitrait bien trop étrange. Je devais attirer son attention autrement.
Bon, pas le choix.
Il ne me restait plus que ma dernière carte, l'irrésistible situation de la femme en détresse. Si elle marchait mieux avec les hommes, il y avait également peu de femmes enclins à laisser se noyer une autre. Je commençais donc à agiter les bras dans tous les sens en hurlant le plus fort possible, et en y mettant le plus de crédibilité. Je criais de toutes mes forces que j'étais tombé à l'eau, que je n'arrivais pas à nager , jusqu'à me laisser finalement couler, ne laissant qu'une main s'agitant frénétiquement à la surface. J'espérais qu'elle m'avait entendu et qu'elle se précipiterais à mon secours, peut-être que j'aurais même le droit à un petit bouche à bouche si je faisais semblant de rester inconsciente ? Une idée exquise à laquelle je succomba en fermant les yeux, cachant le sourire qui essayait de se dessiner sur mes lèvres en pensant à ce petit bonus.
J'espérais qu'elle soit aussi belle qu'elle en avait l'air de loin...