Le royaume de Normenïa était le plus vieux royaume elfique du monde, et le plus puissant royaume tout court. Un royaume légendaire, qui disposait d’immenses palais et villes, dispersées dans de très grandes forêts. Le royaume de Normenïa comprenait aussi bien de vastes forêts que des grandes plaines et des montagnes, où les elfes de Normenïa avaient jadis annexé les cités-libres naines, leur offrant protection en échange de leur fidélité, et de leur allégeance. Normenïa était un très grand royaume, entièrement elfique, qui reposait encore sur un très profond matriarcat. Ceci signifiait que les femmes avaient un très grand pouvoir, ce qu’on retrouvait sous bien des aspects. Ainsi, en matière de filiation ou d’établissement du lien familial, l’état civil ne tenait compte que de la mère. Le père était indifférent, tout simplement. Sous d’autres aspects, les hommes n’avaient pas le droit d’accéder à certains postes-clefs, comme la gouvernance. Normenïa n’avait jamais connu aucun Roi, et le mariage n’existait pas dans ce royaume. Il n’y avait pas de fidélité à respecter, ni de morale stricte à respecter. La sexualité se voulait libre, dès lors que les mères arrivaient à éduquer leurs enfants. Néanmoins, les elfes n’étaient pas connus pour avoir une très grande fécondité. Les familles se composaient généralement d’un seul enfant, ce qui s’expliquait par le fait que les elfes disposaient d’une très grande longévité.
Normenïa était actuellement gouvernée par une Reine depuis un millénaire,
Nariel. Nariel était une elfe sage et talentueuse, experte en magie, qu’on disait avoir eu plus de dix mille amants au cours de son existence. Elle avait plusieurs concubines officielles, des dames de cour, et se faisait fort d’avoir constitué la garde de son palais de soldats d’élite, qui étaient autant des gardes du corps que des amants redoutables, triés sur le volet, et entraînés pendant des années pour accomplir la glorieuse tâche de protéger et servir leur Reine.
Nariel était, du reste, une excellente Reine. Sous son règne, elle avait définitivement su mettre fin aux velléités des grandes familles naines rêvant encore d’indépendance, et, il y a quelques années, avait eu une fille, la redoutable
Tauriel. Sa fille avait rapidement manifesté un intérêt profond pour les armes plutôt que pour la culture, la politique, ou le droit. Nariel lui avait donc permis de faire ses classes, et, maintenant, Tauriel approchait de son premier siècle. De fait, son centenaire avait même lieu ce soir, et elle revenait d’une glorieuse campagne militaire aux confins du vaste royaume de Normenïa, où elle avait démantelé une secte de mages noirs s’étant réfugiée dans une nécropole pour invoquer des morts-vivants. Quand Nariel avait eu vent du succès de Tauriel, elle avait su que le temps était venu... Le temps pour sa fille de devenir une
adulte.
Généralement, un elfe devenait adulte en approchant du premier siècle d’existence. Pour Tauriel, ce serait ce soir. C’était la mère qui décidait du moment où sa fille devenait majeure dans la tradition elfique. Il n’y avait pas un âge fixe. Pour devenir majeure, l’elfe devait accomplir un grand exploit, et, depuis des années, Tauriel ne cessait d’en accomplir. De plus, elle avait peu à peu pris d’excellentes formes, et Nariel savait que son corps devait commencer à l’élancer.
*
Mais les traditions sont les traditions...*
Le sexe était quelque chose que les elfes faisaient très librement... À condition d’être majeurs. Qu’un elfe mineur soit surpris à forniquer était très grave, et pouvait donner lieu à de lourdes sanctions. Mais, pour Tauriel, l’heure était venue. Ce soir, elle avait fêté son retour lors d’un joli banquet au château, et, quand Nariel avait enfin revu sa fille, elle l’avait embrassé sur les lèvres, et lui avait glissé, au début du banquet, quelques mots dans le creux des oreilles :
«
Ce soir, ma chérie, tu deviendras une adulte. »
Autant dire que sa fille devait avoir très hâte... Car, pour qu’une elfe devienne majeure, il fallait, concrètement, qu’on lui retire son
innocence...
Son
hymen.