Lycée Mishima – Japon
Un vent glacial soufflait au travers la fenêtre de cette chambre. Les rideaux dansaient doucement au gré de ce courant d’air, qui s’il n’était pas puissant, étant pourtant froid ... Malgré la saison. Zara commençait à avoir l’habitude de voir le climat se perturber, mais pas à ce point néanmoins. La jeune fille dormait dans son lit, la conscience plongée dans un monde de songeries. Mais, le monde autour d’elle continuait de bouger et de vivre, y compris son propre être. Zara était une lycéenne au lycée Mishima. Italienne dans le sang et le cœur, elle vivait pourtant à Seikusu. Son père était cadre dans une grande firme internationale, et le jour où on lui proposa un post au Japon, il ne put le refuser. Sa petite famille l’a suivi dans son périple, désireuse de voir de nouveaux horizons. Ce fut ainsi que Zara finit ici, à Mishima. La vie ici lui plaisait beaucoup, et les gens étaient chaleureux. Pas la même chaleur que dans son pays, mais, c’était tout aussi bien à son goût.
Tout aurait pu être parfait. Si et seulement si, rien n’avait changé. Car quelque chose avait changé pour Zara, le jour où elle abandonna tous ses repères pour venir au Japon. D’abord ce fut des petites sensations désagréables, ci et là, sans grande importance. Puis, ce fut des étranges sons au fin fond de son sommeil, comme des acouphènes mais en plus ... Etranges. Des choses bizarres se produisaient depuis qu’elle était là. Depuis que Zara s’était inscrite à Mishima, ces choses avaient commencé à apparaitre. Etait-ce psychologique ? Sans doute, pensait-elle. Néanmoins elle n’osait pas en parler, de peur qu’on la prenne pour une timbrée. L’effet était d’autant plus accentué que ces phénomènes devinrent de plus en plus fréquents et palpables. Cette nuit, alors que le courant d’air faisait vibrer ses rideaux, elle faisait un cauchemar. Une vision terrible qui lui donnait des sueurs froides, et la faisait gémir dans son sommeil. Son rythme s’accélérait, et elle se crispait.
Mais autour d’elle ... Les étrangetés reprirent. Elle ne vit pas les fenêtres s’ouvrirent brusquement, en claquant. Elle ne vit pas les livres se mettre lentement, un à un, à s’envoler de son étagère pour voler ailleurs sur le plancher. Ce fut quand sa lampe de chevet s’envola et s’écrasa brutalement contre le mur qu’elle se réveilla, à cause du fracas que cela provoqua. En sursaut, terrifiée par sa vision et par le bruit, elle se réveilla subitement et se redressa. Apeurée, les yeux écarquillés par ce qu’elle voyait autour d’elle, Zara s’était mise, cette nuit, à pleurer ... Elle était devenue folle. C’était ce qu’elle pensait. C’était ce qu’elle parvenait à comprendre ... Jusqu’au jour où, la vie et toute ses contradictions lui fit rencontrer quelqu’un. Une personne qui n’était là que depuis deux semaines, mais qui pour on ne savait quelle raison, était attachante. Zara et cette fille sympathisèrent rapidement et devinrent bonnes camarades mais ... Il y avait quelque chose qui n’allait pas, avec cette fille. Le jour où elle se confia à elle sur tous ces phénomènes, allait être également le jour où elle apprendrait la vérité sur sa camarade ...
C’était aujourd’hui. Zara était nerveuse, voire très nerveuse. Seule et assise dans le parc juxtaposant le lycée, elle profitait de sa pause déjeuner pour manger isolée, comme elle en avait l’habitude depuis quelques temps. Depuis que tous ces phénomènes paranormaux s’étaient accentués. Mais ce n’était pas un jour comme un autre ; elle avait proposé à Eva, une bonne camarade, qui était venue à Mishima il y avait à peine deux semaines, de venir manger avec elle. Manger seulement ? Non. Zara avait pris la décision de, pour la première fois, se confier à quelqu’un. Et elle avait choisi cette personne car, même si elles ne se connaissaient encore que vaguement, avait confiance en elle. La jeune étudiante était donc nerveuse à l’idée de lui parler de phénomènes paranormaux, de trucs sortant tout droit de films et séries B. Mais elle en avait besoin ... Il le fallait.
Zara avait proposé à Eva qu’elles se retrouvent à midi dans le parc, juste entre elles, entre deux camarades, devant le petit étang. Il y avait un banc, et elle était assise dessus, attendant donc la venue d’Eva. Elle avait senti, dès le premier jour, quelque chose de très positif chez cette fille. Peut-être était-ce car elle avait un visage très réconfortant ? Ou car elle était souriante et aimable ? Peut-être était-ce un tout ... Ou un mauvais tour que lui jouait son esprit déjà bien rongé par la paranoïa, dû à tous ces phénomènes. Elle espérait de tout cœur qu’Eva la comprendrait, et ne la prendrait pas pour une folle. Car ... Zara avait plus que jamais besoin de quelqu’un à qui se confier ; à qui faire confiance ; à qui se reposer sur son épaule, au moins l’espace d’une minute. Eva était la meilleure candidate, et Zara avait curieusement que de la sympathie et de bons sentiments à son égard. Cela ne pouvait que se voir quand un sourire délicat et radieux sourire illumina malgré elle son faciès quand elle vit Eva arriver. Elle se leva puis, en toute politesse, lui fit la bise, non sans rougir doucement des joues. « Je suis vraiment contente que t’ai accepté de venir, ça me fait hyper plaisir ! » Lui dit-elle, de sa douce voix avenante.