Ne sachant guère ce qui lui arrivait actuellement, Yÿsma ne pensait plus à rien. Même rêver lui était devenu bien trop dur, ce qui lui avait fait comprendre qu'un corps si faible avait été un très mauvais choix. Pourtant, elle s'y était attachée et serait réticente à l'idée d'en changer. Mais pour le moment, était-elle sauve ? Peut-être que oui, peut-être non. Le Génie ouvrit un instant les yeux, apercevant quelques lueurs colorées un peu partout autour d'elle ainsi qu'une personne aux traits imperceptibles à son chevet. Où suis-je ? Elle ne put cependant pas s'éveiller davantage pour répondre à sa question puisqu'elle se rendormit aussi sec, et cette fois-ci pour un petit moment.
Qui sait après combien de temps elle rouvrit les yeux. Quelques heures ? Des jours ? Des semaines ? Ce qui importait, c'était que le Génie eût l'impression d'être en vie et non pas mort, hors de son corps d'emprunt et en train d'errer on ne sait où, porté par le vent. Yÿsma se redressa avec quelques difficultés, sans doute engourdie par sa longue inertie, et cligna des yeux à de multiples reprises, analysant minutieusement l'endroit où elle se trouvait avant que sa conscience ne s'éveille totalement. Cette sensation douce et rebondie sous son fessier fût rapidement déterminée comme étant l'agréable confort d'un lit. Les murs de la pièce semblaient faits de pierres sablées, quelques colonnes au style oriental supportaient le plafond çà et là. Et à ses côtés, Yÿsma put enfin distinguer clairement cette silhouette aperçue plus tôt. C'était une femme aux allures majestueuses, étrangement affublée d'oreilles de chat mais pourvue d'un corps parfaitement humain et dont les formes en rendraient certaines jalouses. Sa peau halée laissait penser qu'il n'était pas improbable que ce palace soit situé près du désert dans lequel Yÿsma s'était évanouie. Juste histoire de ne pas s'accorder le bénéfice du doute, le Génie posa tout de même sa première question à celle qui l'avait probablement sauvée, l'accompagnant de toutes les autres interrogations basiques possibles.
« Où sommes-nous ? Qui êtes-vous ? Suis-je morte ? » Elle s'arrêta et se concentra un instant. Elle parvînt aisément à tracer sa propre signature magique, ce qui lui laissa penser qu'elle était bien vivante. « En fin de compte, oubliez ma dernière question. Également, il serait impoli que j'apprenne votre identité alors que vous m'avez sauvée. Je suis Yÿsma, un Génie. Si vous souhaitez en savoir plus, vous n'avez qu'à demander ; je vous dois bien cela. »
Elle baissa alors les yeux, remarquant la présence de cristaux empreint d'une très faible quantité d'énergie magique et dont on ne pouvait probablement plus rien tirer. La mystique en déduit sans trop de mal que ces choses avaient été utilisées pour la régénérer plus rapidement que prévu. En conclusion, son sommeil n'avait pas pu dépasser un certain montant d'heures. Pourtant, Yÿsma se sentait encore faible mais n'osa l'avouer. Après tout, qui sait combien de ces cristaux il aurait fallu pour restaurer entièrement son âme ? Bien trop à son goût. Elle n'aimait pas se sentir redevable et avait déjà une dette envers cette femme-chat, qui qu'elle soit.
« Mais j'ai un doute. Peu d'humains sont suffisamment courageux pour sauver un inconnu en plein désert, et vos attributs animaux laissent penser que vous n'êtes pas de leur espèce. Néanmoins, j'aimerais savoir pourquoi vous m'avez sauvée. »