Cefa avait fait un bagage assez léger. Il n’y avait pas besoin d’une grande réserve d’eau ou de nourriture, quand on pouvait demander des indices aux esprits. Bien évidemment, il n’y en avait pas que des gentils, mais dans la grande majorité, ils étaient entre gentils et malicieux. Il se mit à observer le ciel, usant de sa main pour se protéger les yeux de l’agressivité des rayons solaires. Il avait appris à se diriger par les astres et le déplacement du soleil. Les astres étaient un élément important dans sa formation, surtout quand on souhaitait demander l’aide d’un ancêtre, devant attendre les bonnes combinaisons astrales pour contacter l’esprit désiré. Mais cette pratique était rare. D’autant qu’il devait faire son chemin initiatique en essayant de vivre à la fois en tant qu’apprenti chaman et simple terranide. Trop dépendre de ses talents chamaniques pourrait être vue comme une faiblesse des ancêtres, tout comme vivre trop à la manière de terranide lambda serait vue comme un manque de dévotion dans sa volonté à devenir un chaman reconnu. Il n’avait pas pris de carte, étant une technologie qui aveuglait la nature animale des terranide, les rendant plus humains et moins sensibles aux murmures des esprits. Aussi, il se laissait guider par son instinct et les indications d’un esprit, qui se disait avoir été dans la forêt. Recevoir l’aide d’un esprit n’était pas compté comme abuser de ses talents de chaman, cela était simplement le signe qu’il était reconnu par l’esprit comme étant un mortel méritant son aide, chose parfois difficile avec d’autres qui avaient des critères de sélection stricte, quand il n’y avait pas des épreuves en plus.
Il vint à s’aventurer sur un territoire qu’il ne connaissait pas. Ne s’étant cantonné dans son travail d’éclaireur qu’aux alentours du village, se rappelant que les ainés lui avaient dit de ne pas trop s’approcher des villes humaines. Chose qu’il avait compris, car une grande majorité des esclavagistes étaient des humains ou des créatures qui pouvaient y ressembler. Il vint à passer sa première nuit derrière un rocher, empêchant le vent froid de balayer son pelage et refroidir son corps. Grâce à certains terranides commerçant, il put marchander quelques ressources contre les informations ou une petite bénédiction. Une grande partie des terranides étaient encore très superstitieux et même un apprenti chaman pouvait se faire bien voir. L’antilope continua son trajet, jusqu’à tomber sur des esclavagiste, le poussant, pendant bien trois jours, à changer son chemin. Heureusement Cefa avait l’avantage du terrain et put aisément semer les chasseurs, reprenant la route vers cette fameuse forêt.
Il n’eut aucun mal à la trouver, venant cependant à être bien plus hésitant dans ses gestes. Le terranide était habitué à des terrains plats, adapté pour faire la course. Ici ce n’était pas un lieu pour faire le cabri, mais pour se faufiler, ce pourquoi la nature n’avait pas beaucoup doté l’apprenti chaman. Il ne pouvait cependant renier cette sensation d’être observé. Il ne se mit pas à entrer dans le domaine tout de suite, venant à s’agenouiller sur le sol froid et humide pour pratiquer un petit rituel. Il vidait sa tête de toute pensée inutile, laissant son corps s’imprégner des bruits de la nature. Il restait ainsi pendant près de cinq minutes et, n’ayant pas eu la sensation d’être refusé en ses lieux, se mit en marche, tâtant le sol de ses sabots pour éviter de déraper sur un sol glissant ou une racine dissimuler sous les feuillages. L’esprit qui avait mené Cefa, avait tout bonnement disparut, sans doute était-il entré en laissant le terranide derrière, ce que l’antilope pouvait comprendre, il n’était qu’un mortel et le guide jusque-là était déjà amplement suffisant.
Tout doucement, il se mit à s’enfoncer entre les arbres. Il pouvait voir de ci et de là quelques dryades ou encore des fées. Ce qui était assez nouveau pour Cefa, mais dont il connaissait l’existence par le savoir du chaman, qui lui avait été transmis oralement. Il savait que les dryades étaient des esprits de la terre, incarnation belle et féroce de Dame nature, aussi faisait-il attention à ne pas écorcher d’arbre avec ses deux cornes. Les fées étaient des esprits qui n’avaient pas un élément en particulier, étant des esprits doués de malice, mais ayant un comportement plus proche d’un enfant turbulent que réellement mauvais. Il ne savait pas quand il allait croiser ce fameux avatar, continuant sa traversée et faisant quelques haltes pour manger quelques baies, faisant attention à ne pas avaler des plantes empoisonnées ou hallucinogènes.