La conversation avait du mal à s’engager. C’était sans doute difficile à croire, mais, pour ce qui était de lancer des sujets de conversation, Pepper n’était pas vraiment fortiche. Elle, elle s’épanouissait beaucoup plus dans le sexe, ce qui expliquait pourquoi le soir, au club de strip-tease, elle était très douée, et pourquoi, en tant que surveillante, elle se montrait plutôt discrète, et relativement soumise. Une dichotomie surprenante, qui se rapprochait d’une forme de dédoublement de la personnalité, mais qui se justifiait pleinement. Tout ça pour dire que, face à cet inconnu barbu, Pepper ne savait pas trop quoi lui dire. Est-ce qu’il aimait Seikusu, peut-être ? Quels étaient ses plans de carrière ?
*Ou lui recommander le Madame Xanadu le soir pour qu’il se détende !*
Elle rirait presque de ses propres bêtises. Bien sûr, il lui était déjà arrivé de tomber sur des lycéens ou sur des professeurs qui se rendaient au Madame Xanadu, mais Pepper n’en avait jamais été paniquée. Au contraire, même, elle trouvait ça plutôt amusant. Ikami, face à elle, finit par lui poser ses questions, et Pepper cligna des yeux, un peu surprise.
*Je ne m’étais pas attendue à des questions aussi ciblées…*
En même temps, il n’était pas difficile d’en savoir facilement sur la réputation sulfureuse de Mishima. Il suffisait d’un ordinateur, d’Internet, et de quelques clics, pour découvrir que le lycée avait été engagé dans plusieurs procès, qu’il existait une pétition émanant de diverses associations puritaines locales pour qu’il ferme, et même trouver quelques reportages vidéos sur le lycée. Mais rien qui ne sortait du statut de rumeur. Mishima avait les moyes de défendre son image. Pepper n’en savait guère plus, si ce n’est qu’elle n’était pas inquiétée par les menaces de fermeture de l’établissement.
Pepper le regarda donc, et lui répondit rapidement :
« Des rumeurs, il y en a toujours, tu sais. Ainsi que des talents particuliers, oui… Et, pour le reste, Mishima s’efforce d’être le plus attractif possible. On ne fait pas que rejointe un établissement ici, mais une communauté. »
Il suffisait de regarder une carte de la région pour voir que Seikusu était une commune un peu isolée, qui amassait autour d’elle plusieurs villages éloignés. C’était pour ça que le lycée proposait des dortoirs, ce qui avait pour conséquence qu’un nombre croissant d’élèves n’étaient pas au contact de leur famille.
« Tu as entendu quoi comme rumeurs, exactement ? » lui demanda-t-elle, en fronçant les sourcils, parce que ça faisait plus mystérieux, et plus sexy.