- En... Enchanté Darthestar... euh, ne vous inquiétez pas à propos du ton employé, j'ai connu bien pire...
- Hé hé, ça n'excuse en rien si un ton est un peu trop dur.
L'homme n'avait pas pour habitude de forcer son amabilité, mais là, il n'avait pas vraiment d'autres possibilités pour chercher à rassurer un peu le jeune homme, qui semblait malgré tout présenter un cas maladif de timidité, n'arrivant même pas à enchaîner ses mots sans présenter un petit bégaiement qui pourrait sûrement le rendre mignon pour certaine femme, mais qui n'aide clairement pas pour échanger naturellement avec autrui. A moins qu'il était clairement sous le choc de ce qu'il venait de se dérouler bien malgré lui, et que le fait d'avoir manquer d'être dévoré vivant avait eut le don de le rendre particulièrement distant, sur la défensive face à toute forme possible d'agression ? Si c'était le cas, ça allait sûrement être d'autant plus dure de réussir à échanger avec lui, mais bon, il allait trouver le moyen de le mettre en confiance, il n'en doutait pas. Manipulant son lourd manteau, il vint l'accrocher à une poignée en bois qu'il avait installée il y a peu au niveau de l'entrée, et se mit à en observer rapidement les accrocs, juste pour se donner une idée de la quantité de fil qu'il allait devoir utiliser pour récupérer cela... Et cela risquait d'être une sacrée quantité d'ailleurs, bien malheureusement pour lui. Enfin, une fois cela vérifié, il n'eut qu'à se tourner à nouveau vers le jeune homme qui semblait hésiter dans son coin, et qui cherchait peut-être aussi ses mots pour se présenter, si bien que le vampire attendit patiemment, voyant bien qu'il voulait s'exprimer. Cose qui arriva du coup sans trop attendre, même si dans le fond il n'y eut pas plus d'affirmations dans sa voix qu'auparavant, au grand damne du vampire :
- Et... euh... je m’appelle Cléo. Merci beaucoup de m'avoir sauvé de cette bête ! Je n'ose pas imaginer ce qui serait arriver sans votre intervention ! Mais...
Maiiiiiiis... rien. Le voilà reparti dans son mutisme, parfaitement silencieux alors même que le vampiroïde voyait très bien que ce jeune homme avait une question sur le bout de la langue, et que celle-ci ne semblait pas vouloir sortir malgré le fait qu'ils étaient tout deux dans une situation conviviale et plutôt agréable, il fallait l'avouer. Tant pis, il allait se montrer patient, et vint accrocher, en sus de son manteau, son chapeau, qui n'était dans le fond pas d'une grande utilité pour masquer sa chevelure parfaitement blanche, anomalie visuelle avec son apparence qui était propre à son âge de trentenaire révolu. D'ailleurs, il se demandait comment cela se faisait que le jeune homme n'avait pas encore fait mention de son étrangeté, malgré le fait qu'il ait été ainsi choqué par ce qu'il venait de se dérouler. Non bien honnêtement, soit il était trop timide pour lui demander, soit il avait peur de l'offusquer, peut être, mais bon, vu le nombre de terrien qui lui avait posé la question quasiment immédiatement, il ne comprenait que bien peu comme cela se faisait que le jeune homme ne s'était pas permit un petit propos à ce sujet. Peut-être qu'il n'y voyait pas d'importance vu qu'il venait de le sauver ? Enfin, faisant fi de ses questionnement, l'homme s'approcha tranquillement de son invité avec un air avenant, et presque comme si cela avait suffit pour être le déclencheur de sa réaction, le damoiseau parvint enfin à délier ses lèvres, et à exprimer ce qu'il avait sur le cœur, non sans tout particulièrement surprendre le vampiroïde, qui ne put que répondre avec un sourire franc et délicat, comprenant que la vie de tout les jours n'avait pas dut être simple pour son camarade de ce soir.
- Mais qu'attendez vous de moi en échange ?
- Hein ? Mais rien voyons, absolument rien ! D'où te viens une telle idée ?
D'une main délicate, il vint un peu écraser le couvre-chef du jeune homme, dans un geste des plus doux, et fais mine de lui ébouriffer les cheveux, non sans ressentir au travers du tissu deux cicatrice qu'il devait posséder sur le haut de la tête. Il ne connaissait pas ce qui lui était arrivé, mais honnêtement, il méritait que quelqu'un prenne un peu soin de lui, c'est certain. Présumant d'ailleurs qu'il ne possédait pas de logement, pour être ainsi perdu hors de la ville, il n'en fallut pas plus pour que Darthestar se décide à l'accueillir un peu pour les jour qui vienne, si bien qu'il s'exprima avec une voix réconfortante au jeune homme, qui parvenait difficilement au dessus de son poitrail.
- Allez, plus sérieusement, installes toi et réchauffes toi. Il y a de quoi suspendre ton chapeau et ton manteau à l'entrée, prends une chaise et poses toi près du feu, je vais finir de préparer mon repas. Tu n'as rien contre le poireau sauvage j'espère ?
Et retirant sa main, l'homme se décala pour se diriger vers la pièce où il avait réhabilité la cuisine comme il le pouvait, avec ce qu'il connaissait de la technologie humaine. Sur son chemin d'ailleurs, il tira une des quatre chaises en bois qui se trouvaient autour de la table, et la plaça près de l'âtre flamboyant pour que son invité puisse s'installer sans hésiter, puis il passa le seuil du lieu où une grande cocotte-minute était en train de cracher des volutes épaisses d'une vapeur opaque, qui s'enfuyaient rapidement part une petite fenêtre en hauteur. Reprenant donc la préparation de son repas, il finit d'éplucher ses légumes, et de couper ses morceaux de viandes pour finalement tout mettre à l'intérieur de l'énorme bouillon, se moquant de chopper le couvercle brûlant à main nue grâce à sa naturelle régénération. Oui, il n'avait normalement pas prévu de mettre autant d'ingrédients, vu qu'il était normalement incapable de manger quoique ce soit sans le vomir, mais depuis qu'il était ici, il essayait chaque soir de manger un aliment pour voir si il arrivait à le consommer sans régurgiter. Sauf que là, il avait un petit bonhomme frigorifié et affaibli dans le salon, et il était donc de mise qu'il lui fasse un vrai repas... Même si là, en contemplant la mixture, il en vin presque à se demander si il n'en faisait pas un peu trop, mais bon, au pire il pourra le lui resservir demain. Une fois le tout mis à mijoter, il vint à refermer un maximum l'opercule pour diminuer les flammes, et revint tranquillement en direction du salon pour observer le timide damoiseau, s'appuyant sur le mur de son épaule meurtri sans pour autant y faire attention, peu habitué à faire cas de ses blessures.
- Du coup tu t'appelles Cléo c'est ça ? Je n'ai jamais rencontré quelqu'un portant ce prénom, mais je suis enchanté en tout cas. Tu te sens un peu mieux ?