L’embuscade était parfaite, et ils attendaient juste que le cavalier se pointe pour l’occire proprement.
« Merde, y fout quoi, ce fils de pute ? »
Pourquoi le cheval n’apparaissait-il pas au sommet de la colline ? Ils attendaient, nerveusement, quand ils virent le cheval arriver. Sur le coup, avec la distance, ils mirent un peu de temps à réaliser que le cheval avançait sans son cavalier. Et, quand ils le réalisèrent, il était déjà trop tard pour eux.
« Que... ?
- Où est le cavalier ? »
Elle ne dit rien, et s’annonça en frappant le premier des ennemis. Le piège était grotesque, et on ne piégeait pas une femme comme Knaël, aguerrie et endurcie, si facilement. La Centurionne d’Argent, en se rapprochant de la ferme, s’était attendue à un piège de ce type. La guerrière avait des pouvoirs magiques, et, en s’approchant de la colline, avait perçula présence de ces hommes. La précipitation ne signifiait pas qu’elle se ruerait sans réfléchir vers le combat, et elle se délaissa donc de son cheval au pied de la colline, pour contourner cette dernière, filant à travers les arbres, faisant ensuite diversion avec le cheval.
Le temps que ses ennemis le réalisent, Knaël était déjà sur eux. Elle en frappa violemment un avec une dague, l’égorgeant sur place, et bondit vers un autre, plantant son arme dans sa poitrine, puis, tout en ayant sa dague plantée dans le corps du criminel, qui la regardait avec ahurissement, sa main fila à sa ceinture, et lança une autre dague, qui se planta dans la gorge du troisième larron. Ce fut une action rapide, meurtrière, terriblement efficace, où elle avait misé sur la rapidité et sur l’effet de surprise.
Knaël n’eut guère le temps de se satisfaire, car elle entendait des bruits en provenance de la ferme.
*Vite !*
Grégoire tomba d’une fenêtre, se réceptionna sur le sol à l’aide d’un cadavre, et se servit de ce dernier comme bouclier provisoire, interceptant un arc, et répliqua dans la foulée, atteignant l’un des archers à la poitrine, l’envoyant s’effondrer sur le sol. Le sang de l’archer éclata sur la joue droite d’un de ses deux comparses, et ils tirèrent à nouveau, plus attentifs. Une deuxième flèche se ficha dans le cadavre de leur acolyte, mais la troisième passa juste au-dessus de son épaule, et atteignit celle de leur cible, lui faisant lâcher prise.
En entendant les bruits, les autres membres de la bande, ceux qui se trouvaient dans les champs, se rapprochaient rapidement, tandis que les deux archers s’écartaient prudemment, ciblant encore leurs ennemis.
« On le tient enfin, ce fils de pute...
- On ferait mieux de vite l’achever, il...
- Non ! Ce fils de pute de merde est à moi ! »
Janus venait d’arriver, tenant sa lourde hache. Malgré le piège à ours, il semblait s’être parfaitement rétabli, ayant en effet utilisé un élixir d’Hirondelle, permettant de rapidement soigner sa plaie. Des cicatrices étaient visibles à l’emplacement de la plaie, mais Janus ne songeait même plus à ça. Il n’aurait en réalité jamais cru qu’une cible puisse l’énerver autant, et dire que son regard fulminait de haine en ce moment n’aurait été que la vérité vraie. La facture était lourde pour ce type, mais il était fini.
Le chef de l’attaque se rapprocha rapidement de sa proie, et ordonna à ses deux hommes de le mettre en position. On écarta donc le cadavre que Grégoire avait utilisé, et on récupéra l’homme, en le couchant sur le dos, la tête posée sur un rondin de bois que la famille avait découpé peu de temps avant ces sordides évènements.
« Je ne suis pas si monstrueux que ça, plaisanta Janus. Je te laisse formuler tes dernières paroles... »
Il leva ensuite bien haut sa hache, s’apprêtant à l’abattre sur sa cible. Le coup aurait été rapide, mortel. Janus avait souvent entendu parler de ces histoires où les bourreaux devaient s’y reprendre à plusieurs fois pour décapiter leur cible. Mais lui, pour autant qu’il s’en rappelle, n’avait jamais raté sa cible. Janus allait donc frapper...
...Quand un arc électrique le frappa dans la poitrine. Un choc violent qui le fit décoller du sol, et l’envoya traverser une fenêtre de la ferme. Sa lourde hache retomba lourdement sur le rondin, tandis que l’homme s’écrasait contre un meuble. Médusés, les deux archers mirent une ou deux secondes à comprendre ce qui venait de se passer, l’électricité statique titillant leurs narines, et se retournèrent ensuite vers l’origine de l’éclair...
Ils eurent à peine le temps de voir une espèce d’étrange oiseau métallique bondir sur eux, plantant dans chacun de leurs torses une épée, les transperçant sur place. L’étrange oiseau s’avéra ensuite, avec un peu plus de recul, être une femme, dotée d’une épaisse et élégante armure, avec, à hauteur de la poitrine, des espèces d’écailles, une longue jupe métallique, et, dans le dos, une sorte de cape faisant penser aux plumes d’un oiseau. Sur la tête, l’apparition portait également un casque élégant, avec des ailes. La dernière expression qui s’afficha sur le visage des archers fut l’incompréhension la plus totale, puis la douleur.
Knaël récupéra ensuite ses deux épées, et regarda Grégoire. Il y eut un léger moment de flottement, car ce visage, ce visage dur et froid, avec cette cicatrice discrète qui filait depuis le front, et allait le long de l’œil droit, elle l’aurait reconnu entre mille.
*Arthas... Il a plus de cheveux qu’avant, mais... C’est lui, c’est impossible !*
Elle en était tellement estomaquée qu’elle ne savait même plus quoi dire, et réalisa tardivement que, aux yeux de Grégoire, elle devait sans doute sembler effrayante, avec ses deux lames remplies de sang. Knaël sortit néanmoins de son trouble quand elle entendit des bruits de pas, et s’avança.
« Dépêchez-vous, Arthas, il y en a encore d’autres qui rappliquent, il faut partir ! »
À l’époque, Knaël ne portait pas cette tenue-là, mais un uniforme beaucoup plus classique. Et, comme le casque recouvrait son visage, mis à part sa voix, il était peu probable qu’Arthas, du moins pour le moment, se rappelle d’elle... Observant les blessures de l’homme, elle eut la présence d’esprit de sortir de sa ceinture une fiole pour l’aider à se soigner, le temps jouant ensuite contre elle, d’autres tueurs venant d’apparaître.
Sans plus attendre, Knaël s’élança vers eux, aussi rapide que meurtrière. L’un de ces gredins, un massier, hurla rageusement, et tenta d’abattre sa masse sur elle, mais elle esquiva l’attaque, pivota sur place, et abattit ses deux lames dans son dos, l’entaillant profondément, puis se retourna dans la seconde qui suivit, levant sa première épée, parant une lame ennemie, et enfonça la seconde dans le flanc du tueur, l’ouvrant jusqu’à son estomac, lui faisant vomir ses intestins.