Abigaëlle avait vraiment changé. Je fus pris de nostalgie un moment, la voyant prendre ses positions devant les enfants. Je savais qu’elle en avait le droit, mais la voir parler sans me lancer des regards pour savoir si elle avait le droit de dire telle ou telle chose m’étonnait, mais d’un certain coté, ca me soulageait, car c’est ce que j’ai voulu, auparavant. Je m’écartai doucement, évitant de peur de heurter une des gamines qui s’était glissée derrière moi, soit Lily.
Je souriais aux enfants et Amélia me fit elle aussi un grand sourire, car elle pouvait rester, puisque sa mère voulait travailler pour moi, en échange d’un logement et d’un peu de nourriture quotidienne en suffisante quantité pour nourrir son enfant et elle-même. Cette femme n’en demandait pas beaucoup et aujourd’hui, j’aurais voulu lui donner plus en échange de sa parole de rester ici avec sa fille. En regardant le visage maternel de mon aimée, je me jurai de lui donner un enfant à elle qu’elle pourra aimer et cajoler à son content, peut-être plus si elle le veut.
Bien sûr, j’ai accepté, mais j’ai aussi réclamé qu’Amélia garde ses habitudes qu’elle avait lorsqu’elle vivait avec moi, soit qu’elle continue son fabuleux travail auprès des fleurs. J’ai placé beaucoup de confiance en cette enfant de 5 ans et elle est capable de prendre des initiatives sans que je me voie forcé de l’aider. Dotée d’une grande débrouillardise et d’une saine indépendance, elle sait s’arranger pour ne pas se mettre les pieds dans le plat et quand elle était malchanceuse, la première chose qu’elle faisait, c’est venir me voir, mais dans un calme que j’appréciais. Et comme quoi il m’est totalement impossible de refuser quoi que ce soit à ses beaux yeux noisettes, elle n’hésite pas à me déranger pour arranger les choses. Mais comme elle a cinq ans, elle est sensible aux tons de voix et comprend très bien leur signification. Si on monte trop haut quand on lui parle, elle pleure. Il y a deux choses que je ne supporte pas : Qu’Abigaëlle soit triste et les larmes. Si je vois l’un des deux, je fais tout pour y remédier et les deux en même temps, je fais des folies.
Je regardai Abigaëlle un moment puis j’entendis le majordome annoncer aux enfants l’heure d’aller au travail. Comme les gamines aiment leurs tâches, elles poussèrent de petits cris de joie et se précipitèrent à leurs chambres pour s’habiller, sous mon regard souriant malgré les exclamations. Il semble que le retour d’Abigaëlle m’ait rendu plus tolérant et j’en avais même oublié le livre ouvert dans ma chambre. Lorsque les enfants furent sorties, je me suis assis sur une chaise en laissant un grondement quitter mes lèvres. Mon corps était une vraie plaie, par la faute de cette maudite brûlure. Je regardai la princesse démoniaque et je souris, comme si cette blessure n’était rien à mes yeux, mais en fait, c’était un vrai supplice à vivre.
Mais bon, faut vivre avec, puisque je ne suis pas mage, je ne peux pas contrer ça. La magie peut être apprise, comme l’alchimie, mais la magie est le chemin de la facilité… malgré qu’en ce moment, je n’ai rien à foutre de mon éthique, c’est douloureux et je n’ai pas l’habitude des blessures qui perdurent. Je levai un regard sur la servante de celle que j’ai l’intention de demander en mariage.
Contrairement à ce qu’elle pensait, je n’ai jamais eu la chance de faire ma demande, car j’étais soit occupé soit en voyage, sinon, le courage me manquait au moment de le faire, je n’arrivais alors qu’à faire ce qui s’en rapprochait le plus, soit la câliner et l’embrasser. Je me demande si elle se serait enfuie si je l’avais fait auparavant… Enfin bref, je ferai ma demande une fois seul ensemble, elle sera ainsi libre de dire non, si elle le souhaite.
-Mistile, j’ai une tâche pour toi. Serais-tu capable de guérir ceci?
Je me levai, leur tournant le dos avant de retirer le haut de mon vêtement, dévoilant une horrible trace de brûlure encore aussi rouge qu’au moment où cela s’est produit. La magie en elle l’empêchait de calmer la douleur et j’en souffrais pas mal.
-Parce que j’aurais besoin de me débarrasser de cette souffrance. Ca s’est passé il y a huit mois, au moins et j’ai de plus en plus de mal à la supporter.