Après cette conversation sur le Multivers et sur l’infini des possibilités, le duo se retrouva dans le jardin. Shaka, en signe d’apaisement et d’amitié, avait retiré son armure. Cette dernière avait pris la forme d’une sorte de grosse boîte à l’effigie de la Vierge. Diana, qui n’avait encore jamais vu l’occasion de voir ça, resta silencieuse, admirative devant le talent de ces armures. Elle ignorait leur origine, mais était sûre qu’Athéna avait dû faire commande auprès d’Héphaïstos. Un tel ouvrage, un mélange si réussi de magie et de technologie, ne pouvait venir que des forges du célèbre Dieu-forgeron.
Traversant un couloir ouvert sur des jardins à gauche et à droite, les deux guerriers rejoignirent une petite place avec plusieurs arbres, et une fontaine. L’Olympe était un endroit très paisible, rappelant à Diana ce qu’elle avait perdu, son foyer, sa Themiscyra. Elle huma l’air frais qui se dégageait d’ici, tout en ne pouvant pas se départir de ce mauvais pressentiment qui la traversait, cette impression que quelque chose lui échappait… Puis Shaka l’invita à parler d’elle.
Le Chevalier s’était assis en prenant la forme du lotus. Elle, elle resta debout, croisant et décroisant les bras, tout en parlant :
«
Comme tu as dû le comprendre, je viens de la Terre. Je suis la fille de la Reine Hippolyte. Mon peuple, les Amazones, vivait en isolation depuis des décennies sur Themiscyra. »
L’île, située au sein de la Méditerranée, le long des côtes grecques, avait été dissimulée des humains par la volonté des Dieux, afin de protéger Themiscyra et ses Amazones de la malfaisance des hommes. Un lieu figé dans le temps, où les Amazones avaient reçu le don de longévité, et avaient pu grandir hors de l’évolution du monde, jusqu’à ne devenir plus, qu’aux yeux des hommes, une légende.
«
La légende disait que, pour me mettre au monde, Hippolyte avait passé la nuit à prier Zeus le long de la plage, en lui suppliant de me donner vie à partir d’une statue faite d’argile et de sable… Et, au petit matin, Zeus aurait entendu les prières de ma mère, et aurait été réveillée par les pleurs d’un bébé… Moi-même. Pendant longtemps, j’ai cru à ces légendes et à ces fadaises. »
Diana le disait avec amertume. Elle lui expliqua qu’elle avait quitté Themiscyra pour rejoindre la Terre, afin de faire face aux menaces la peuplant. De fait, Hippolyte était déjà partie avant elle sur Terre, devenant la première
Wonder Woman, mais n’était pas restée longtemps. Elle était revenue sur Themiscyra pour gérer l’île, et il avait fallu attendre l’invasion de Darkseid sur Terre pour que sa fille, Diana, ne quitte l’île, et ne vienne prêter main-forte à d’autres super-héros pour repousser les forces d’Apokolips, donnant naissance à la
Justice League.
Pour en revenir à Themiscyra, elle expliqua à Shaka que, en réalité, elle était née des suites d’une relation adultérine entre Zeus et Hippolyte.
«
Surtout, au-delà de ça, j’ai appris que, traditionnellement, les Amazones procréaient en attaquant les navires qui passaient près de Themiscyra, violant et tuant ensuite les marins, les jetant à la mer, et coulant leurs bateaux. »
Derrière la légende dorée d’une île paradisiaque pleine de vertus, Diana avait vu le vernis se craqueler, se fissurer, révélant la noirceur qui se trouvait sur l’île et dans son peuple.
«
Quand Héra a découvert que Zeus l’avait trompé, elle a transformé ma mère en pierre. Ensuite, je me suis retrouvée à différentes péripéties impliquant les Dieux, qui ont finalement amené à ce que je sois provisoirement Déesse de la Guerre, avant qu’Arès ne reprenne son titre, et, surtout, Reine des Amazones. »
Sa première décision avait été de mettre fin à l’isolement qui avait atteint Themiscyra.
«
Les marins tués par mes sœurs avaient été récupérés par Héphaïstos. Je voulais ouvrir ma nation au reste du monde, et mettre fin aux pratiques barbares. J’ai donc amené des réfugiés masculins sur Themiscyra, et… Il y a eu un courant réactionnaire. »
D’autres Amazones, réactionnaires, menées par une vieille harpie,
Derinoe, avaient attaqué les réfugiés, et les avaient massacrés. Diana avait dû intervenir, et avait rétabli l’ordre à Themiscyra.
«
Et, alors que l’île se reconstruisait, nous avons été attaquées… Le reste, tu le connais. »
Diana le regarda ensuite, après ce long monologue :
«
Maintenant, je vais retrouver mes sœurs, et reconstruire Themiscyra sur de nouvelles bases. Je ne veux plus qu’il y ait de légendes hypocrites, et que mon peuple prenne sa place légitime. Themiscyra était une utopie, et je veux qu’elle le redevienne, et qu’elle soit un phare de tolérance et d’amour qui éclairera le monde et les hommes sur ce qu’ils doivent faire. »
Et Diana ferait tout pour que les choses aillent en ce sens.