Novigrad, située le long de la côte, fait partie de ces quelques cités-États d’influence pour l’économie mondiale terrane. Bénéficiant d’un statut relativement similaire à celui de Nexus, Novigrad est une puissante cité, disposant d’une fortune considérable, grâce à sa position, mais aussi grâce aux riches gisements miniers qui se trouvent sur les terres proches, et dont elle a le contrôle :
Velen. Une grande région sauvage, très forestière, abritant de multiples villages, mais aussi des gisements miniers, des ruines elfiques, des marais, des carrières… Velen est une région qui produit quantité de matériaux : bois, alimentation, fer, pierre, brai… Elle constitue toute la fortune matérielle de Novigrad, qui a eu la sagesse d’exploiter au mieux toute cette fourniture, par le biais d’un commerce maritime intensif, avec Nexus, Tekhos, et d’autres nations, comme les Îles Mélisi, la cité-libre de Wallündrill… Novigrad est ainsi connu pour son université, qui se dresse sur un quartier à part, relié à la ville par un pont de pierre. L’académie magique de l’université y est très populaire, car la région de Velen, en ce qu’elle abrite des ruines elfiques et des grottes profondes, est un vivier de magie.
Hélas, Novigrad vivait actuellement des temps durs, ce que Nariko et Kaï réalisèrent rapidement en approchant. Les Ashnardiens étaient là. Ceux qui avaient attaqué la région ancestrale de Nariko, afin de s’emparer de l’épée divine protégée par son clan, Heavenly Sword, continuaient à envahir et à dominer le monde. Dans le cadre de la guerre contre Nexus, les Ashnardiens ciblaient désormais les soutiens économiques et les partenaires commerciaux de leur ennemi, ce qui impliquait Novigrad.
Pour prendre Novigrad, les Ashnardiens guerroyaient à Velen, et la région était devenue le théâtre du conflit entre les deux armées, des camps militaires ayant foisonné ici et là, tandis que les villages se vidaient progressivement. De nombreux réfugiés se trouvaient le long de la ville, cherchant en vain à y entrer. Ils erraient le long des berges et dans les faubourgs de Novigrad, mais la ville ne pouvait pas accueillir un tel afflux de gens. Compliquée et tendue, la situation était électrique. Nariko, elle, put néanmoins sans problème rentrer dans la ville, grâce à un sauf-conduit délivré par l’Ordre Immaculé, la religion majoritaire sur Terra.
Nariko, en effet, avait rejoint l’Ordre à Nexus, et, sans être une prêtresse, le fait qu’elle détienne Heavenly Sword avait vivement intéressé l’Ordre Immaculé. Et elle, elle avait bien entendu accepter de se rapprocher d’eux, désireuse de trouver des alliés supplémentaires contre l’Empire d’Ashnard. Au-delà de ça, elle espérait aussi pouvoir comprendre ce qu’était Heavenly Sword, et comment elle était revenue à la vie. C’était pour trouver une réponse à ces questions que l’Ordre lui avait demandé de se rendre à Novigrad.
«
La cité est un allié de longue date, et abrite des érudits qui viennent de Nexus. Le mage-alchimiste Flocbert est un spécialiste en matière d’objets magiques antiques, et est même LE spécialiste sur ce sujet. »
Flocbert était l’un des professeurs de l’académie magique de Novigrad, un membre éminent. Cependant, le temps que Nariko et Kaï rejoignent Novigrad, la situation avait continué à péricliter. L’afflux de réfugiés, la menace imminente de la guerre… Ashnard avait même réalisé un blocus terrestre, et essayait aussi de bloquer le port, mais, pour l’heure, sans succès. La région était désormais peu sûre, avec des monstres qui erraient sur les routes, des villages abandonnés ou massacrés. La guerre plantait ses racines sombres et funestes, et, de ces racines, des fleurs sinistres et pourries poussaient.
Et, à Novigrad, la branche locale de l’Ordre Immaculé, un chapitre s’appelant la «
Foi Pieuse », avait sombré dans un fanatisme qui, jour après jour, gagnait de l’influence. Des émeutes avaient failli éclater dans la ville, et c’était les militants de la Foi qui avaient permis d’éviter une insurrection civile. Partant de là, ils avaient gagné en influence, et le bourgmestre de Novigrad avait été obligé d’accepter leur présence, qui était grandissante. Or, la Foi Pieuse était un chapitre qui, de base, était déjà très rigoriste, en voyant la magie comme une idolâtrie, condamnable en tant que telle. En conséquence, les tensions grandissaient entre la population et les mages, qui étaient accusés d’être des traîtres, et responsables des maux s’abattant sur la ville.
«
Le mieux, Kaï, c’est d’éviter de parler de notre épée, les locaux pourraient se montrer agressifs. -
Oui, Nariko… »
Assise devant elle, Kaï se laissait porter par leur monture, qui remontait tranquillement les grandes rues pavées de Novigrad.
La cité était très grande, et était à l’embouchure d’un fleuve, ce qui faisait que, en son centre, il y avait un port, qui s’étalait tout le long de la ville. La cité était découpée en plusieurs quartiers, et elle avait été bâtie le long d’une falaise, ce qui signifiait qu’il fallait monter. Et, outre le fleuve, Novigrad était également découpée en deux par un bras de mer. Jadis, la ville se limitait juste à ce bras de mer, et le gros rocher s’étalant au loin était sauvage. Maintenant, un énorme pont avait été construit, et le rocher s’était recouvert d’habitations, avec, au sommet, la
Tour de Novigrad, une grande tour qui dominait la ville, et qui abritait le phare, ainsi que les édifices religieux Le fait que le bourgmestre ne siège pas dans la plus haute tour était, quelque part, significatif des jeux de pouvoir ici.
L’académie, elle, était située de l’autre côté de la ville, et de multiples gardes étaient sur le pont.
Plus que jamais, Nariko regrettait sa montagne, mais elle espérait bien trouver le fameux Flocbert à l’intérieur de l’université…